Il était à peine cinq heures du matin. Le château tout entier était encore endormi. Dans quelques heures, tous les élèves rejoindraient la grande salle pour déjeuner, puis gagneraient leur salle de classe comme n'importe quel autre jour. Tous les élèves, sauf les jumelles Bennet. Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Sasha. Traversant à pas feutrés le couloir menant à la salle d'études des Runes, elle se sentait orgueilleusement l'âme héroïque. Elle tâchait de maîtriser l'excitation qui montait en elle, du fait de ce qu'elle allait bientôt être amenée à faire. Savoir qu'elle agissait en secret, de sa propre initiative, maintenait ce sourire que rien n'aurait pu effacer. Ayant Lizbeth pour seule complice, sa sœur jumelle en qui elle plaçait son entière confiance, leur plan ne pouvait pas échouer. Plan qu'elle ressassait dans sa tête en boucle, traquant une quelconque erreur de raisonnement que les jeunes écossaises auraient pu commettre. C'était assez simple ; Sasha devait retrouver Lizbeth devant la salle d'étude des runes, puis elle irait sagement s'installer dans la salle de classe, ayant le respectueux rôle d'appât. Un appât, mais pour attirer quoi, me demanderez-vous. Depuis quelques semaines, l'organisation secrète avait pénétré Poudlard, amenant avec elle de la compagnie pour les élèves. Une armée d'inféri se baladait dans le château, attaquant les élèves ayant eu la malchance de passer dans le mauvais couloir au mauvais moment. Il y a peu, Sasha avait eu vent d'une attaque d'inféri au troisième étage, et elle avait appris qu'Enora avait fait partie de la bataille, une serdaigle qui, malgré les apparences, lui était plutôt sympathique, et surtout la championne de Poudlard au tournois des trois sorciers. Où était passé le sentiment de sécurité que ressentaient autrefois les élèves en passant les portes du château ? Ce temps semblait bien loin. Plus personne ne rejoignait son dortoir sans surveiller ses arrières et presser le pas dans les couloirs sombres. Et ces saletés d'inféri en étaient la cause, en grande partie. Sasha ne voulait pas rester sagement à attendre des temps meilleurs, elle refusait de se soumettre, de se laisser détruire. Elle se devait d'agir. Lizbeth et elle avaient donc décidé que, ce matin, elles enfermeraient les inféri dans la salle d'études des runes. Pourquoi cette salle, précisément ? Tout simplement parce que la première attaque avait eu lieu non loin de là, et que les inféri rodaient la plupart du temps dans les couloirs du troisième étage. C'était là qu'elles auraient le plus de chance de les trouver. Et puis, franchement, elles rendraient un grand service à tous les pauvres élèves anciennement condamnés à suivre ce cours soporifique. Une fois que Sasha serait donc en train d'attendre que les inféris viennent à elle -technique peu imaginative et peut-être pas concluante, mais la seule qu'elles aient trouvée- , sa sœur jumelle, elle, se posterait dans une salle voisine, celle-ci fermée à clé, et devrait attendre le signal de Sasha. Le signal convenu était simplement "Lizbeth", que Sasha devrait lui crier, si besoin est avec l'aide du sortilège Sonorus. Pour la suite... Elles aviseraient. Evidemment, elles s'étaient renseignées un minimum quant aux capacités des inféri, et avaient déjà quelques sortilèges de défense en tête ; elles ne se jetaient pas exactement dans la gueule du loup.


« Sasha ! »

L'appela-t-on. La jeune femme en question élargit le sourire déjà étalé sur ses lèvres en voyant sa sœur au point de rencontre convenu, c'est à dire devant la salle d'études des runes.


« C'est moi. »

Répondit l'intéressée - assez stupidement d'ailleurs. Sasha s'approcha de Lizbeth et l'étreint rapidement en guise de bonjour, d'un geste impatient, expédiant les salutations pour en venir à la raison pour laquelle elles se trouvaient dans l'une des parties les plus dangereuses du château de si bon matin. Il valait mieux qu'elles ne traînent pas trop.


« On fait comme on a dit ? J'affronte le danger pendant que tu vas te cacher ? »

Lança-t-elle à sa sœur, un sourire moqueur aux lèvres. Ce n'était évidemment pas le fond de sa pensée, mais elle aimait mettre en avant cet aspect de sa propre personnalité, et rabaisser Lizbeth du même coup. Bien sûr, Sasha ne le faisait pas dans le but que sa jumelle se vexe réellement, ce qu'il y avait peu de chances qu'elle fasse ; toutes deux savaient parfaitement qu'elles tenaient, l'une comme l'autre, un rôle essentiel à la réalisation de leur plan. Sans attendre la réaction de cette pique, la jeune Gryffondor pénétra dans la salle d'études des runes, entre-ouverte, sûrement grâce à Lizbeth. Elle promena un doigt sur un bureau poussiéreux, pas anxieuse le moins du monde - du moins en apparence. Elle se hissa sur l'un des bureaux et observa distraitement la salle, songeant à ce qui l'attendait. C'était peut-être un peu risqué. Si Lizbeth n'arrivait pas à temps, et que Sasha n'arrivait pas à se débrouiller toute seule, ... A vrai dire, cette dernière ne savait pas exactement ce que les inféri lui feraient, mais une chose était certaine, ces créatures ne leur voulait pas du bien. Essayaient-ils de manger les humains, ou quelque chose dans le genre ? Ou alors simplement de les blesser, voire de les tuer ? Ils étaient censés obéir aux ordres de leur créateur. Quels étaient les ordres, exactement ? Un petit frisson parcourut alors le corps de la jeune femme. Frisson d'excitation, frisson de terreur, elle ne faisait plus la distinction. Elle aviserait, et ferait au mieux. Dans quelques heures, ces soucis seraient déjà bien loin derrière elle, les inféri enfermés dans cette même pièce où elle se trouvait à l'instant, et les jumelles saines et sauves. Enfin, selon leur plan.

Lizbeth avait pris la mauvaise habitude d'arriver un quart d'heure en avance. Elle n'arrivait toujours à enregistrer, que personne, à part elle, était ponctuel dans ce château. Surtout pas sa sœur, d'ailleurs Anna s'amusait à dire que même à leur naissance Sasha avait été en retard. Oui, Liz avait un humour qu'on pourrait qualifier de "particulier". Appuyée contre la porte de la salle des runes, Liz attendait avec une certaine exaspération l'apparition de sa sœur. Pour tout vous dire, Lizbeth n'était pas très "chaude" à l'idée de devoir affronter des inféri, surtout que les plans de sa sœur ne réussissait pas toujours, même jamais. Le plan avait été conçu le matin même à l'heure du petit déjeuner, tandis que Liz buvait tranquillement son jus de citrouille, Heather lui expliquait le plan maléfique (sois disant) qu'elle avait élaborer durant la nuit. Anna était restée septique face au plan sans queue ni tête que lui avait présenté sa double, mais n'avait pas ripostée, parce que dire non à Sasha c'était s'attirer les foudres de Zeus, en bien pire. Anna avait donc passée son temps libre à faire des recherches sur les inféri, et elle avait simplement retenu que les inféri avait pour ennemi le feu et la lumière. Deux sorts qu'elle maîtrisait plutôt bien bien heureusement. Enfin qu'elle maîtrisait plutôt bien en général. Parce que, pour tout vous dire, Liz devant le danger perdait tout ses moyens. La dernière fois, elle s'était mis à bégayer un sort, qui n'avait rien produit naturellement. Lizbeth toujours appuyée commençait sérieusement à s'ennuyer, et histoire de se rendre utile, elle décida d'ouvrir la porte des salles des runes. Elle sortit sa baguette, puis murmura le sort. La porte ne se fit pas prier, elle s'ouvra doucement sans un bruit à la plus grande satisfaction de Liz. Elle jeta un œil à l'intérieur, histoire de vérifier que rien de suspect était présent à l'intérieur. Les Runes était une des matières préféré de Liz, contrairement à sa sœur qui trouvait que c'était l'une des matières les plus stupides de tout le château. La salle était énorme, des nombreux parchemins écrits en runes était collés contre les murs, pour le plus grand bonnheur de Liz, qui aimait passer des heures à essayer de déchiffrer les écritures. Elle jeta un coup d'œil dehors, et voyant que sa sœur arrivait enfin, elle referma la porte - pas complétement naturellement. Sa soeur avait dix minutes de retard.


« Sasha !
C'est moi. répondit stupidement Sasha, On fait comme on a dit ? J'affronte le danger pendant que tu vas te cacher ?»

Liz, en guise de réponse leva les yeux au ciel. Les sarcasmes de sa sœur était devenue une habitude pour la jeune fille, si bien qu'elle ne prenait même plus la peine d'y répondre. Elle voulu ré-expliquer les grandes lignes du plan, mais sa sœur ne lui en laissa pas le temps, à peine Liz avait-elle ouvert la bouche que Heather avait dèjà tourner les talons en direction de la salle des runes. Lizbeth a peine étonnée de la réaction de cette dernière, décida à son tour d'aller se positionner. Selon le plan elle devait se positionner dans une pièce pas trop loin, de façon que dés que les inféri seraient arrivées elle pourrait agir tout en étant caché. Mais de toute évidence, Sasha dans son plan maléfique n'avait préciser nulle part où Liz devait aller se cacher. Heureusement Liz sait très bien se débrouiller sans l'aide de Sasha. Peut-être que ce n'est pas très spectaculaire comme Sasha aurait désirée, mais Liz avait décidée de se cacher dans le ... placard à balai. C'est vrai c'est sympa un placard à balai, y'a tout plein de choses intéressantes comme des ... balais, mais bon faut bien avouer que c'est un peu beaucoup ridicule ! Vous vous imaginez entrant de raconter cette histoire ? "Pendant que Heather faisait l'abbat, moi j'étais caché dans mon placard à balai !" C'est tout à fait ridicule n'est-ce-pas. Bref revenons à nos moutons. Anna était caché dans un placard à balai, et la porte étant entrouverte elle pouvait apercevoir le bout du couloir, juste assez pour savoir quand les inféri arrivées. 5 min. 10 min. 15 min passérent, avant que enfin une petite meute d'inféri montre le bout de son nez au bout du couloir. Lizbeth frissonna de peur, et pendant un instant regretta fortement de s'être laisser importer dans cette histoire. "Courage Liz!" murmura t-elle à elle même.

Les inféris ... Créatures humaines d'apparence mais démoniaques en vérité. On ne peut pas s'attendre à mieux que des bouts de chair à demi vivants lorsqu'on ramène des morts à la vie. Ce sont ces zombies putrides qui hantaient les couloirs du troisième étage de Poudlard. Et ce matin-là, trois d'entre eux étaient passés devant la salle de runes. La jeune fille qui était à l'intérieur ne les intéressa pas en premier lieu. Ils ne l'avaient d'ailleurs pas remarquée sinon ils se seraient sans doute approchés quand même d'elle. Les inféris sentaient la peur émaner d'un autre endroit, un peu plus loin. Une porte presque fermée ... Ils s'en approchèrent, trainant leur carcasse avec une lenteur incroyable.

Sasha se prit à balancer doucement ses jambes qui ne touchaient pas le sol, la (trop) petite Gryffondor étant assise sur un bureau, dans une pitoyable tentative de paraître calme et même distraite dans une situation aussi importante. Cependant, le grincement inquiétant qui en résulta l'immobilisa, rendant ses efforts vains. Elle observa les ongles de sa main droite, vernis d'un noir écaillé qu'elle n'avait pas le courage de refaire. Elle reposa sa main sur la table, et en tapota nerveusement la surface du bout des doigts. Une fois de plus, elle balaya la salle du regard en se mordillant nerveusement les lèvres. Ce n'était pas le moment de se laisser envahir par le stress. Sasha plaça ses mains déjà moites sur ses cuisses et ferma les yeux. Lentement, elle inspira et souffla de grandes bouffées d'air. Elle devait rester entièrement maître d'elle-même, et ne pas se laisser gagner par la peur. Après tout, c'était elle et elle seule qui avait voulu venir ici jouer gentiment l'appât dans un plan qui pouvait rapidement virer au suicide. Ses paupières se relevèrent. Non, elle ne devait pas penser de cette façon, elle et sa sœur s'en sortirait saines et sauves, et surtout incroyablement fières d'elles. Ce ne pouvait pas être possible autrement. Elles avaient un devoir envers leur école, envers leurs camarades -bien que ceux-ci ne leur aient jamais rien demandé-, et elles avaient aussi le devoir d'en sortir indemne. Sasha était perdue dans ce genre de pensées destinées à la rassurer lorsqu'un lointain bruit de pas vint perturber sa réflexion. Les inféri approchaient déjà ? Ou bien n'était-ce que des élèves venus avec les mêmes intentions de mission-sauvetage du troisième étage qu'elles ? Ou encore des professeurs ? Sasha n'osait bouger. Si c'était vraiment des professeurs qui traversaient le château à cette heure là et qu'ils trouvaient une élève dans une salle de cours aussi tôt le matin, leur plan risquait de tomber à l'eau. Les pas se rapprochaient. La jeune fille sentit son ventre se serrer. D'après l'expérience qu'elle avait à ce sujet, les bruits qui résonnaient dans le couloir ne correspondaient pas à la démarche rapide et déterminée qu'adoptaient généralement un professeur. Les pas étaient plus trainants et désaccordés. Devant la porte grande ouverte passèrent alors tour à tour trois inféri. Sasha était parfaitement immobile, ses doigts se cramponnant au bord de la table, comme si elle ne voulait pas qu'ils la remarquent. C'était pourtant ce qu'ils étaient censés faire. Elles les observaient, intriguée, dégoûtée aussi de leur apparence cadavérique (ce qu'ils étaient). Un à un, ils disparurent de son champ de vision, continuant leur marche macabre dans le couloir. Qu'est-ce qu'elle attendait, exactement, pour les attirer dans la salle, comme prévu ?


« Secoue-toi ma fille ! »

Chuchota-elle pour elle-même, et, toujours sans essayer de se faire remarquer, elle traversa la salle sur la pointe des pieds. Elle s'arrêta à quelques pas de la porte, prit son courage à deux mains, reprit sa marche (quoi qu'un peu plus lentement) et se pencha hors de la salle, laissant simplement apparaître sa tête dans le couloir pour voir que les inféri s'approchaient d'une autre salle, qui d'ailleurs n'était peut-être qu'un local. Elle ne savait pas du tout ce qu'elle était censée faire. A vrai dire, elle n'avait pas vraiment envisagé cette possibilité, dans son merveilleux plan sans faille aucune. Peut-être ferait-elle mieux de prévenir Lizbeth ? Oui, mais... Comment ? Sasha ne savait même pas où elle était allée se cacher. De toute logique, elle devait être dans le coin, mais la petite blonde était entourée de nombreuses portes par lesquelles sa jumelle avait été susceptible de passer. Sans réfléchir à ce qu'elle faisait, elle pointa sa baguette sur sa gorge, prononça le sortilège de Sonorus, et annonça ;


« Liz, changement de plan, sors dans le couloir. »

Le volume de sa voix était étonnement élevé grâce au sortilège employé de sorte que Lizbeth l'entende, où qu'elle se trouve. Réaction spontanée et peut-être stupide, mais puisque le plan avait changé, il était inutile d'essayer de suivre l'ancien. Sur le coup, elle se dit que la meilleure des solutions était déjà que sa sœur la rejoigne, pour ensuite se débrouiller comme elles le pourraient.