Mercredi Matin, Beauxbâtons,
Assise sur le rebord de la balustrade, les jambes dans le vide, je regarde par de là les clôtures de l’école. Tout ceci est censé faire partie de moi, ces couloirs, ces escaliers, ces arbres, ces gens… Tous sans exception devraient me rappeler ne serait qu’un tout petit quelque chose, et pourtant depuis mon réveil, c’est le néant ! Je ne me souviens même pas de mon prénom, on me le dit, on me le répète, mais ce n’est pas naturel de s’appeler Léonora. Aujourd’hui je suis sensée, aider l’infirmière à soigner des élèves, qui ont subit les affres d’une guerre dont je ne me souviens plus le but, ni les allants. Je saute à pied joints du rebord, direction un autre endroit, qui peut être me frappera de réalité, me permettant peut être de retrouver une once de mémoire qui sait !

La vérité, c’est que je ne sais pas si je souhaite réellement me souvenir de ma vie d’avant, on m’en a dit des choses étranges, école de sorciers, buses, sport sur balais volants, grenouilles au chocolat sauteuses… J’ai pensé un instant que tous avaient perdu la raison ! Mais… non, toute une population ne peut pas avoir perdu l’esprit en même temps, par contre, il est clair que j’ai perdu la mienne. Ou du moins mon pauvre esprit… Je me penche un instant, pour remettre mes grandes chaussettes en place, je n’ai plus d’uniforme comme les autres, le mien était immaculé de mon propre sang, et il était irrécupérable, du coup je porte les anciens uniforme de l’académie, grandes chaussettes bleu ciel qui arrivent en dessous du genou, jupes plissées bleu glacier, chemisier à manches bouffantes et cravate bleu nuit, du coup je ne peux même pas me fondre dans la masse. Tous me regardent, chuchotant sur mon passage, « tu sais c’est celle qui a perdu la mémoire » « elle a poignardé un mec de l’OS » « elle n’est même pas capable de lancer un sort.. » Ricanements. C’est mesquin, mais je ne peux pas leur en vouloir, de mon vivant, enfin avant tout ça, je n’étais pas très appréciée puisque très brillante en sortilèges, aujourd’hui je dois avoir libéré nombre d’élèves en mal de reconnaissance, ils ont la voie libre.

Je passe ma main dans mes cheveux épais et ondulés. Je décide de me cacher, je n’aime pas leurs regards sur moi, j’en suis profondément lasse. J’entre dans une salle, qui bien sûr ne me dit rien, je vais m’asseoir sur une table sortant une cigarette, que je m’apprêtais à allumer, lorsqu’une bassine attira mon regard. Je me dirigeais vers elle, me penchant au dessus d’elle, je tendis la main vers elle… Je suis emportée contre mon gré, dans un tourbillon assourdissant, trop rapide, trop grand, j’entends un grand cri, le mien, celui que je suis obligée de sortir, la peur me prend aux tripes, qu’est ce que j’ai fait ? La chute dure quelques secondes, qui me paraissent être des minutes. Le choc à l’atterrissage est brutal, peu agréable et passablement douloureux. Je suis retombée sur le dos, de tout mon poids. J’attends quelques instants, que ma respiration retrouve sa régularité, elle fut coupée sur le coup. Les bras de chaque coté de mon corps meurtrit, je sens de l’humidité étrange caresser ma peau. J’ouvre un œil, puis deux…

Poudlard, le matin

Je vois un ciel gris, remplit de nuages informes, je sens la fraicheur humide transpercer mes vêtements, mais je ne bouge pour ainsi dire pas. J’ai besoin d’une pause, je viens d’atterrir quelque part, c’est sur, mais je ne suis pas pressée de savoir où suis-je. Ma main se pose sur mon front, c’est frais, je ferme les yeux, pour les rouvrir. « Bon… » Dis-je à voix haute, pour me donner le courage de regarder autour de moi. Je suis allongée sur une pelouse, où il a dû pleuvoir plus tôt. Je suis dans un grand parc, un jardin il semblerait, et j’ai atterrit à côté d’un genre de cabane. Je regarde tout autour de moi, je ne reconnais rien. On s’en serait douté. Je me remis sur pieds, posant ma main en casquette au dessus de mes yeux, pour tenter de percer la vérité de ce lieu. « Putain… » Lançais-je alors à l’immensité inconnue qui s’étendait autour de moi.