Pourdlard avait perdu de sa superbe. Depuis la nuit du nouvel an et  tous les événements qui s’y étaient déroulés, le collège était sous la surveillance intensive du Ministère, en la personne de  Gilroy Voghan-Grubler. Cet homme avait su, en quelques jours, étouffer l’âme de Poudlard. Les collégiens autrefois si vivace, étaient désormais rongés par la peur.  Je n’avais pas peur.  Cette ambiance pesante, sombre, je la connaissais pour l’avoir vécue toute ma vie. Ma malédiction me forçait à vivre dans l’inconnu en permanence. Je ressentais à présent la même chose lorsque je déambulais dans les couloirs. Les sanctions se multipliaient pour n’importe quelles raisons, que ce soit un retard, des notes trop faibles ou juste pour le plaisir. Un rien était source de souffrances pour nous, et de plaisir pour eux. Tout cela me faisait grincer des dents. Avec ce nouveau règlement, il devenait difficile pour moi de m’extirper de ma chambre pour aller muter. J’arrivais encore à me glisser dehors les soirs de pleine lune pour aller dans la forêt. C’était primordial, presque vital. Depuis que mes transformations étaient redevenues quasi normale, j’essayais d’apprendre à contrôler cette part de moi-même. N’étant pas déclaré et entouré d’aurors, je risquais gros si je me faisais attraper.

Je resserrais ma cravate et ajustais mon pull. Ma tenue, bien que je ne l’aimais pas, devait être impeccable sinon j’allais me faire réprimander. Je descendis rapidement de la tour des Gryffondor en direction de la grande salle. Les petits déjeuners, comme les autres repas, n’étaient plus un moment de joie. Gilroy nous observait de son œil froid et méprisant,  nous surplombant de son trône.  Mes camarades se sentaient mal à l’aise. Les plus jeunes en étaient carrément malades. Leurs émotions me frappaient de plein fouet à chaque fois que je m’y rendais. Cela me collait la nausée, et j’écourtais mon temps de repas.  J’étais presque arrivé  lorsqu’on m’appela. Ou m’agressa plutôt. « Zorotalaive ! » Un auror s’approcha de moi. Je connaissais seulement mon visage, mais le fait qu’il écorche mon nom ne me poussait pas à l’apprécier. Je réprimais mon envie de lui apprendre la prononciation, et me contentait de m’approcher de lui, aussi innocemment que possible. « On te cherche. Jenkins je crois bien.  Il veut te parler, alors t’as interet à y aller si tu ne veux pas recevoir une correction. » Sa voix, essayant d’être menaçante, ne m’impressionnait nullement. « Bien. Ou est-ce que je peux le rencontrer ? » « Ca, c’est pas mon problème. Démerde toi. Je ne suis pas un hibou ! » Il me tua du regard avant de s’éloigner, non sans m’avoir poussé l’épaule. Et ça c’est auror ? Poudlard était définitivement entre de bien mauvaises mains.

Je regardais autour de moi, essayant d’apercevoir Jenkins. Les couloirs autrefois bondés, étaient presque déserts. Les élèves n’osaient plus trainer avant de se rendre aux repas ou en cours. Même les serpentards faisaient profil bas. Apercevoir les verts et argents me fit penser à Simba. Je me demandais où elle était, si elle allait bien. S’en prendre à elle serait le meilleur moyen de me mettre en colère. « Ou est-ce qu’il peut être celui-là ? » J’avançais de quelques pas en direction de la salle des professeurs, seul endroit qui me venait en tête

Demandant à quelques élèves s’ils avaient vu Jenkins, je me trouvais dans le hall d’entrée, après avoir suivi leurs conseils. J’avais vu dans leurs yeux la peur et je commençais sérieusement à me poser des questions. Pourquoi voulait-il me voir ? Je m’étais tenu correctement ces derniers temps, j’avais fait très attention lors de ma dernière virée nocturne. M’avait-il quand même vu ?  Me dépêchant, pour ne pas être puni pour mon retard, je le découvrais rapidement. Il était debout, stoïque, son regard froid dans ma direction. Arrivé à sa hauteur je le saluais « Bonj… » « J’en ai rien à foutre de ton bonjour. Tu te tais et tu m’obéis. » Je le fixe, surpris. Je ne m’attendais pas à de la courtoisie de sa part, mais surement pas à être traité comme un elfe de maison non plus. « Bien. Maintenant que tu as fermé ta bouche, tu vas me trouver un fenouil. » « Hein ? » Ca m’a échappé sans le contrôler. « T’arrêtes avec tes questions et tu fais ce que je te dis. »
Je fis demi-tour, réfléchissant à l’endroit où est-ce que je pourrais trouver ce satané fenouil. N’importe quoi cette « mission ». Mais, bon, il devait avoir une bonne raison de me demander cela, et si je pouvais éviter une correction, je n’hésiterais pas.  Quelques minutes de réflexion m’orientèrent vers les serres. Je devrais surement en trouver là-bas.

Il n’y avait rien dans cette foutue serre. J’avais cherché pendant plus d’une heure sans succès. J’avais bien envie d’abandonner  mais alors il aurait gagné. Il voulait son fenouil pour une bonne raison, et j’allais le lui trouver. Lui servir sur un plateau d’argent et lui faire manger morceau par morceau.  Je quittais la serre, remonté comme un coucou. Ou est-ce que j’allais bien pouvoir trouver son truc ? Je fermais les yeux, et me pinçais l’arête du nez. Trouver un fenouil. Un ingrédient. Un ingrédient pour fabriquer une potion. Mais oui. Demander directement au professeur me ferait perdre trop de temps en explication vaseuse, j’allais devoir me servir tout seul dans sa réserve. Je me dirigeais vers celle-ci, en essayant  d’avoir l’attitude la plus décontractée possible.

Encore une fois je m’étais trompé. Alors que je m’étais rendu dans la réserve du professeur de potion, celui-ci m’avait remarqué. J’avais eu le droit à un spitch sur l’intrusion dans sa vie privée, sur mon mauvais comportement et tout un tas de chose que je n’avais pas réellement écouté. J’étais juste en train de réfléchir à l’endroit où je pourrais trouver ce que je cherchais. Quand il me libéra enfin, je redescendis  à mon point de départ. Cette mission commençait sérieusement à m’énerver, je ne savais pas où chercher. Je me concentrais, réfléchissant le plus possible. Ou trouver  un ingrédient, excepté dans une salle de potion ? Ou est-ce qu’un professeur pouvait se procurer ce dont il avait besoin ? Je pensais d’abord au Chemin de Traverse, mais c’était bien trop loin. Idem pour Prêt-au-Lard. Un fenouil, c’était un légume, donc quelque chose qu’on trouvait au sol, dans la terre. L’idée fit son chemin. Peut-être trouverais ce dont j’avais besoin dans la terre sauvage, dans les bois. Ça tombait bien la forêt interdite m’étais familière. Je pris la direction du parc, comptant sur mes facultés de métamorphe pour m’aider.

J’avais été assez intelligent pour ne pas me faire remarquer par les aurors en garde devant la forêt. En même temps j’étais plutôt habitué à y aller. Je m’enfonçais peu à peu dans les bois, à l’affut de n’importe quel indice m’indiquant la trace de ce satané fenouil. Je regardais. Je sentais. Et je ne trouvais rien. Perdu dans mes pensées, mes pas me menèrent à une intersection. Trois chemins s’offraient à moi.Un autre broussailleux. Un remplit de pas.  Et un normal. Mon instinct ne me poussait pas vers celui avec les pas, je ne savais pas sur qui je pourrais trouver en face. Le normal me semblait justement trop normal, et donc peut-être dangereux, ou inintéressant.  J’observais celui qui paraissait sauvage. M’aurait-il envoyé chercher ce fenouil s’il avait pu y aller lui-même ? Surement pas. Peut-être que ce chemin-là ne lui inspirait pas confiance, et qu’il valait mieux qu’un étudiant s’y perde à sa place. Je décidais de m’engager sur le chemin mince et sauvage.

Ou comment se tromper à chaque fois. Je n’étais décidément pas au meilleur de ma forme. Le chemin que j’avais emprunté ne m’avait mené à rien, excepté quelques égratignures.  Je reviens sur mes pas jusqu’à l’intersection, là où les trois chemins s’offraient à moi. Je décidais, contrairement à mon précédent avis, d’emprunter le chemin avec des pas, celui au centre. J’allais peut-être me retrouver face à un auror, et il faudrait que je trouve une excuse justifiant ma présence ici.

Décidément ce n’était vraiment pas ma journée. Je rebroussais une fois de plus le chemin, ne voulant pas me confronter à des centaures. Je finis par emprunter le dernier chemin, le plus simple, et donc le plus pertinent. Et comme si ce n’était pas aussi simple que prévu, je me retrouvais face à un loup. Enorme. Des yeux jaunes brillants. Une belle bête. Qui venait juste de sauter, avec moi pour cible. Je n’allais pas fuir devant un animal, étant donné que j’en étais un par moment. Je n’hésitais pas, et l’attaquais.

Quel s*loperie cet animal ! Il évitait tous mes sorts, toutes mes attaques. Comme s’il les devinait. Je ne pouvais pas faire grand-chose, mais je ne voulais pas fuir. Ma seule option serait de pouvoir me mettre hors de sa portée, tout en pouvant l’observer. Je regardais rapidement autour de moi, et remarquais un arbre où je pourrais me hisser, et l’observer sans problème. J’esquivais une attaque et me précipitais jusqu’à cet arbre pour y grimper.

J’ai visiblement sous-estimé mon poids. A peine ais-je atteinte la branche que celle-ci se casse, m’entrainant dans sa chute.  Je m’écroule lourdement. Le loup redressant les babines, je n’attends pas et m’enfuis. Quelle attitude courageuse ! Par chance je m’engouffre dans un chemin de ronces, empêchant mon poursuivant de m’attaquer.  Je récolte quelques égratignures, mais je  suis toujours entier. Ma mission n’est pas terminée pour autant. Je décide de chercher un autre chemin à emprunter.

Enfin une bonne nouvelle. Le sentier, que je n’avais pas vu auparavant, semblait désert. Je ne risquais pas de tomber sur quelqu’un. Je pris donc le temps de regarder autour de moi, observant les alentours. Je sentais que je me rapprochais du but. Un fenouil. Il aurait été plus aisé pour moi de trouver un sombral. Non mais quelle idée il avait eu.  Je décidais pour commencer de chercher près des arbres. Peut-être que je trouverais quelques chose, ou pas.

Malheureusement fouiller les arbres ne m’avait amené qu’à trouver des crottes de loup. Charmant. J’aurais peut-être dû me renseigner un peu plus sur les endroits où je pouvais trouver du fenouil. Déjà que je voyais à peine à quoi ça ressemblait. Pour qu’il m’envoi chercher ce truc, c’est que ça ne devait pas être facile à trouver. J’observais le sentier, je préférais utiliser toutes mes options avant de poursuivre. Je me dirigeais vers les ronces pour les fouiller, qu’importe si je récoltais des égratignures en plus.

Les ronces n’avaient rien donnés, excepté  des égratignures. Voir même un peu plus. J’aurais dû arrêter de jouer au Géant Vert. Je me débarrassais des épines, et reprenais ma marche. Le sentier n’était pas long, alors je longeais encore pendant quelques instants qui me parurent interminables. J’espérais vraiment trouver ce fenouil, et en finir avec cette histoire. Et là. Miracle. J’apercevais enfin ce que je cherchais depuis plus d’une heure. Cette satanée plante se trouvait devant moi.  Je soupirais et m’en approchais pour m’en emparer. La main dessus, mes yeux furent attirés par autre chose. Une forme. Je m’approchais, curieux, et me figeais. Deux corps. Deux corps que je connaissais. Dorian le garde-chasse, et Casey. Ma cousine. La nausée monta, et je ne pus m’empêcher de renvoyer le contenu de mon estomac dans un bosquet. Je pensais qu’elle était repartie dans sa famille, qu’elle était plus heureuse. Vivante.  J’essuyais ma bouche et m’approchais d’elle.
Je ne pouvais laisser son corps ici. Il fallait que je l’emmène, que je l’enterre. Des pas résonnèrent, et me trouver en présence de cadavres ne m’aideraient pas.  Je déposais un baiser sur son front, sur sa peau glacée. Quand je mettrais la main sur les coupables, je n’hésiterais pas à lui arracher la gorge avec les dents. Je pris la maudite plante et m’éloignais du lieu maudit.  Rapidement j’atteignais le hall, et bien sûr Jenkins n’était plus là. Ce n’est pas vrai. Ce n’était pas le moment de me mettre en colère. Je décidais d’aller au bureau de la garde, espérant lui coller son fenouil où je pense.