Robert & Matthew

Le froid hivernal de l'Écosse s'était installé dans toutes les pièces du château, qu'est-ce que je déteste cette période de l'année ! Certes il y a les fêtes de fins d'années, mais quand même, cela ne dure que quelques jours alors que l'hiver lui dure pendant plusieurs mois et l'Écosse ce n'est pas l'Espagne. Néanmoins, le paysage était agréable, la cour était recouverte d'une couche de neige blanche, le toit du château était lui aussi caché sous son manteau blanc, heureusement que cette période est belle à voir, car sinon ce serait une saison atroce et inutile. Mais depuis quelques temps, les choses s'étaient empirées à Poudlard ainsi que dans le monde Magique, à Londres le ministère c'était effondré, à Beaux-Bâtons le bal de fin d'année fut lui aussi une catastrophe et à Dumstrang, bah je ne sais pas trop, je ne m'intéresse pas beaucoup à cette école à cause de ses principes qui sont à l'extrême opposé des miens. Pour en revenir à Poudlard, des évènements étranges ont eu lieu, la salle sur commande fut sabotée, quelqu'un avait allumé un feu alors qu'il y avait des élèves à l'intérieur. Heureusement, il n'y a eu aucun blessé, plus de peur que de mal. Mais toutes ces situations nous montrent que nous ne sommes plus à l'abri où que nous soyons.

Les parents nous confient leurs chérubins pensant qu'ils seront en sécurités derrière les murs de Poudlard, mais cet aspect protecteur c'est effondré. En tant qu'adulte et professeur dans cette école, il fallait que nous trouvions avec mes collègues le ou les responsables de cet acte criminel et que nous le ou les punissions de façon à ce que plus jamais nous revivions cet incident qui aurait pu tourner au drame si certains n'avaient pas agi avec courage et rapidité.

Pour le moment je me trouvais dans ma salle de classe, j'étais seul, il n'y avait pas un bruit, mes pieds étaient posés sur mon bureau, non loin de moi se trouvait une bouteille de whisky toujours cacheté, je ne l'avais pas encore débouché. Mais je me retenais pour ne pas faire ce geste, j'étais sobre et je n'avais pas pris une goutte d'alcool depuis les fêtes de Noël. N'empêche, la tentation était grande, nous vivions dans des heures sombres et il est normal de vouloir s'échapper de ces dernières par n'importe quel subterfuge. Mais heureusement pour moi, une petite voix en moi, me disait de descendre et de faire ce que je venais d'énoncer il y a quelques instants : rencontrer mes collègues et retrouver les fautifs. Je me levais de ma chaise tant bien que mal, regardant une dernière fois la bouteille et je la rangeais dans l'armoire qui se trouvait juste derrière moi. Je prenais ma baguette magique, je me regardais dans la glace pour voir si mon costume n'avait pas de mauvais plis et je refaisais le nœud de ma cravate. Je passais mes mains dans mes cheveux, les ébouriffants légèrement pour leur donner plus de volume. Lorsque mon rite venait de prendre fin, je me dirigeais vers la porte de sortie et d'entrée, je claquais cette dernière et je la fermais à clef pour éviter les visiteurs indésirables.

Je marchais dans le long couloir du premier étage, croissant les élèves, tous mes saluèrent et j'en faisais de même. Je marchais d'un pas dynamique et fier, la tête légèrement en arrière, je descendais les escaliers en balançant mes jambes vers l'avant, de cette façon je les descendais plus rapidement. Je me trouvais maintenant au rez-de-chaussée, je me dirigeais vers la salle des professeurs qui étaient gardées par deux gargouilles, ces dernières me saluèrent et me laissèrent entrer, car j'en avais l'autorisation, heureusement quand même, se serait un comble si on m'interdisait l'entrée comme les élèves. Il n'y avait personne, je me dirigeais vers l'une des tables en attendant mes collègues, ces derniers devaient être en cours. Je me dirigeais vers la bibliothèque, j'y prenais un ouvrage, un classique dans la littérature anglaise, Oscar Wilde. J'ouvrais l'ouvrage et je m'installais sur ma chaise pour de bon, je lisais tranquillement ce chef-d'œuvre en attendant que les autres professeurs arrivent.

REQUIESCAT

Marche doucement, elle est là
Dessous la neige encore,
Et peut entendre – parle bas –
La marguerite éclore.

Ses cheveux brillants comme l’or
Sont rouille ternis,
Elle si jeune et belle alors
En poussière a fini.

Comme la neige ou le lys blanc,
A peine savait-elle
Qu’elle était une femme, tant
Sa vie fut douce et belle.

Cercueil de bois, dalle de pierre,
Sur la poitrine enclose ;
Mon cœur s’afflige, solitaire,
Tandis qu’elle repose.

Silence, elle ne peut entendre
Ni lyre ni sonnet,
Ma vie est ici, en sol tendre
Enterrée à jamais.

C'est sans doute le poème que j'apprécie le plus de cet auteur qui rend hommage au décès de sa sœur morte alors qu'elle n'avait que dix ans. C'est aussi le poème qui me parle le plus, car je comprends la douleur qu'à du subir cet homme, car j'ai moi-même vécu le même drame, la mort de ma sœur et de mes parents. Soudain la porte s'ouvrit, mes yeux étaient toujours plongés dans l'ouvrage, je m'imprégnais de la poésie et de la sensibilité d'Oscar Wilde.

"Bonjour, cher collègue ! Comment allez-vous aujourd'hui ? J'ai une chose importante à vous dire."

Je n'avais même pas levé les yeux pour voir qui était entré, de toute façon, je le ou la reconnaîtrai au son de sa voix.