Clover sortit de la salle commune des Gryffondor sourire aux lèvres. Elle venait de recevoir confirmation que son hibou avait bien terminé sa course chez elle. Son petit frère avait donc bien reçu sa lettre. Elle espérait simplement que leur mère ne tombe pas dessus et la subtiliserait par la même occasion. Ça n'était encore jamais arrivé, ou tout du moins Clover l'espérait. Ce fut donc le sourire aux lèvres que la jeune Gryffondor sortit de sa salle commune pour rejoindre la salle des trophées. Une fois dehors, elle sourit et salua la Grosse Dame. Ce tableau était là depuis des siècles et Clover s'étonnait même de la présence perpétuelle de son protagoniste. Mais ce ne fut pas ce qui l'arrêta. Elle n'attendit pas même de réponse de la part de ce dit tableau. La jeune fille descendit alors les escaliers pour se rendre au troisième étage. Une fois l'étage atteint, Clover franchit le tableau menant à la salle désirée. Elle tenait sa baguette dans sa main droite. Clover ne se baladait jamais sans avoir sa baguette sur elle. Pas besoin nécessairement de la tenir mais au moins de la sentir tout contre elle. Elle était assez superstitieuse à ce sujet. Si jamais il lui arrivait de ne pas la sentir dans sa robe de sorcière, elle ne se gênerait pas pour faire le chemin inverse pour la retrouver. Mais ce vendredi-là, tout allait bien puisqu'elle la tenait fermement dans sa main droite. L'école était peut-être un lieu sûr mais Clover préférait de loin jouer la sécurité que l'insouciance.

Lorsqu'elle entra dans la salle des trophées, elle remarque que celle-ci n'avait pas été nettoyée depuis un bon bout de temps. La poussière s'accumulait et on avait du mal à distinguer les différentes inscriptions sur chacune des statues. Mais finalement, la jeune fille s'en fichait. Ce qu'elle cherchait en venant ici, c'était simplement de la tranquillité. Être serine pour lire. Car lire était une de ses passions. Elle ne passait pas un jour sans lire. Que ce soit une lecture d'ordre scolaire ou non, Clover s'abreuvait des milleirs de mots que recouvraient toutes ces pages noir et blanches.
Elle jeta un coup d’œil circulaire à la pièce dans laquelle elle se trouvait et arbora un petit recoin tranquille non loin d'où elle se trouvait. Elle lança un sort pour nettoyer ce recoin et y prit place en s'y asseyant en tailleur. Elle sortit ensuite un livre de sous sa robe de sorcière et reprit sa lecture là où elle l'avait laissée la veille. Ce livre parlait du monde magique. Des différentes créatures qui y vivaient et Clover a toujours adoré apprendre des millions de choses en rapport avec la magie. Elle n'a jamais eu la chance de connaître le monde magique avant de recevoir sa lettre pour Poudlard. Alors depuis ses onze ans, miss Dixon s'abreuve du mieux qu'elle peut de toutes ses lectures quotidiennes.

Elle n'avait pas terminé de lire la première page de son bouquin que le tableau de l'entrée de la salle des trophées pivota une nouvelle fois. Clover ne prit pas la peine de lever la tête pour voir de qui il s'agissait. Des tas d'élèves passaient par là, et dans son coin, la Gryffondor ne pouvait pas être dérangée, et c'est ce qu'elle souhaitait. Jusqu'à ce qu'elle reconnaisse une voix, ou plutôt une intonation de voix, la jeune fille était restée accrochée à son livre comme si rien n'aurait pu l'en décoller. Mais à l'écoute de cette voix, miss Avery fut forcée de lever la tête. Et elle ne fut pas longue à reconnaître Bone, un de ses amis. Ou tout du moins, un garçon qu'elle considérait comme l'un de ses amis mais qui s'amusait à la rejeter dès qu'il se trouvait en compagnie d'une tiers personne. Clover savait pertinemment que cette fois ne serait pas différente puisque la jeune homme se trouvait justement être en présence d'une tiers personne. Ça n'empêcha pas Clover de se lever pour aller le rejoindre et comme la politesse était une de ses plus belles qualités, elle ne se gêna pas de saluer la personne avec qui son ami se trouvait. « Salut, je suis Clover. » Puis elle se tourna vers son ami pour le saluer à son tour : « Hey Bony, alors on a décidé de rendre visite à nos vieux amis les trophées ? » Ce fut bien sur un ton enjoué et plaisantin que la jeune fille venait de prononcer ces quelques mots. Et même si elle s'attendait à la réaction du jeune homme, elle espérait sincèrement qu'il ait changé et qu'il prendrait sur lui pour lui révéler le meilleur de lui-même. Mais il fallait être lucide, Clover savait très bien que ces choses là n'arrivaient que dans les livres qu'elle lisait...

when you see my face, hope it gives you hell.

WHEN YOU WALK MY WAY, HOPE IT GIVES YOU HELL, HOPE IT GIVES HELL.

Parfois, Bone-Avery se demandait comme le château faisait pour se tenir debout, prétentieux au milieu des plaines, malgré tout ce qu’il se passait. La guerre, la rage de vaincre, le désir de souffrance aurait déjà dû mettre les esprits à feu et à sang. Il savait que la rébellion se préparait, quelque part entre les murs les plus sombres de l’école ; étrangement, il trouvait qu’elle tardait à venir. Le silence de Poudlard, autrefois reposant, devenait oppressant, si superficiel. Surnaturel. Il laissait un goût âpre et désagréable d’inattendu sur toutes les bouches. Tout le monde patientait, attendait l’explosion ; mais personne n’en parlait. Bony pourtant, savait. Il déchiffrait ces moues anxieuses figées sur chaque visage, étudiait les mimiques de chacun, violait leurs pensées les plus secrètes avec perversion pour ressentir leurs craintes. Leurs sourires et leurs faux-semblants n’arrivaient plus à masquer leurs esprits défaitistes aux yeux du Serpentard. Il les connaissait par cœur, contre leur volonté. Tous faisaient comme si tout allait bien pour mieux dissimuler les peurs, les esquives. Et Bony avait décidé de jouer le jeu, sans doute pour mieux les espionner, les pénétrer au plus profond de leur âme.

Cette peur collective paralysait le château entièrement. Les regards épiaient les arrières, dans l’angoisse qu’une ombre malveillante ne surgisse de nulle part. Les esprits ravageurs s’étaient calmés ; un ennui mortel et mutin prenait le dessus : il était grand temps d’agir et de montrer que les Serpentards ne s’étaient pas recroquevillés dans leur trou. Bony se leva d’un bond, secoua l’épaule de son camarade qui grogna, grincheux. Le jeune homme soupira et lui assena une claque à l’arrière de la tête. « Qu’est c’que tu veux Avery. » Le concerné sourit à la mention du nom et arqua un sourcil d’excitation que son camarade capta immédiatement. « Toi… tu as une idée derrière la tête, n’est-ce pas ? » Inutile de répondre. Le vert et argent se leva à son tour accompagna son acolyte hors du dortoir. Une fois dans les cachots, Bony murmura simplement. « Je crois que la salle des trophées a bien besoin d’une remise à neuf. » Un sourire mauvais vint s’accrocher à sa figure tandis qu’il arpentait les couloirs à grands pas, son ami peinant à tenir l’allure. Ils montèrent tous deux les escaliers quatre à quatre jusqu’au troisième étage, le souffle court, puis se postèrent devant le tableau de la salle qu’ils cherchaient. Dans un grincement, celui-ci pivota et ils s’engouffrèrent dans la pièce en silence.

Bony laissa ses pupilles se balader dans la salle, cherchant ce qui pourrait faire l’objet de leur délit. La poussière environnante semblait luire à la lumière qui filtrait doucement, tourbillonnant dans un ballet autour de leurs deux corps. Les trophées avaient perdu leur brillance d’antan, recouvert d’une fine pellicule grise que le temps avait déposée sur leurs dorures et passant sous silence les noms gravés à leur surface. Tout était terne, sale, dénué de couleurs. Déprimant. Soit. Bone-Avery frappa ses mains l’une contre l’autre et s’avance au centre de la pièce. Son ami l’imita ; un vulgaire clone. Ils sortirent leur baguette d’un même geste, le second sembla néanmoins réservé. « Alors ehm… » - « Tais-toi. Il y a quelqu’un ici. » Des pensées qui grouillaient, remuaient, excitées par une pulsion inconnue ; voilà ce qui avait trahi l’étranger. Bony serra ses doigts un peu plus autour de sa baguette, hochant la tête devant le regard inquiet de son ami. Un imperceptible bruissement leur parvint ; Bony fit volte-face. Une chevelure flamboyante, un blason rouge et or agrafé sur la poitrine, un sourire trop reconnaissable : déjà la jeune fille se plantait devant eux, livre sous le bras. Le vert et argent leva les yeux au ciel, sentant l’embrouille. « Salut, je suis Clover. » Hé merde. « Hey Bony, alors on a décidé de rendre visite à nos vieux amis les trophées ? » L’intéressé lui jeta un regard venimeux avant d’accrocher son regard sur son insigne. Clover pouvait être agaçante quand elle s’y mettait. « Sache Avery, pour ta gouverne, que je n’ai pas d’amis. » Cracha-t-il avec mépris. Il n’avait plus le choix désormais. Dans les yeux de la jeune fille brillait une dernière lueur d’espoir qui n’allait pas tarder à s’éteindre. Une fois de plus. « Qu’est-ce que tu fous ici, tu ne vois donc pas que tu nous déranges ? Retournes donc dans ton dortoir lire tes histoires de fées et de princesses, on a des choses à faire nous. » D’un mouvement de nuque, il désigna son camarade. Ses mots avaient été violents, acerbes. Blessants. Et d’un coup, la lueur d’espoir s’effaçait.

On ne peut pas dire que Clover soit le genre de personne à voir le bon en chacun. Loin de là... Sa mère a mis tant de hargne et de haine à lui prouver que le mal existe, que la jeune rouge et or n'espérait plus rien du genre humain. En revanche, se retrouver là, confrontée à celui qu'elle qualifiait encore « d'ami », lui faisait mal. Car comme on peut s'y attendre, lorsque quelqu'un vous envoie balader, vous ripostez. Ou alors vous décidez de fuir. Mais Clover n'a jamais été du genre à fuir devant l'adversité. Bien au contraire. Son caractère n'a d'égale que son intelligence. Alors elle a décidé de se battre. Son acolyte pouvait être si gentil quand il le voulait, mais en présence de quelqu'un d'autre, il devenait si hargneux, si vil. Les Serpentard et les Gryffondor n'ont jamais été amis, d'accord, c'est un fait et une évidence qui traverse les siècles. Mais les amis sont tellement rares de nos jours que la jeune miss Dixon ne pouvait s'empêcher de penser que son homonyme de prénom lui faisait ça par plaisir. S'il était si vil envers elle, c'était simplement parce que quelqu'un l'accompagnait. Et ça, Clover ne le laisserait pas faire. Elle n'a jamais été du genre à s'écraser devant qui que ce soit, à part sa mère... Et aujourd'hui ne fit pas exception à la règle. Et si elle en venait à blesser Bony, elle s'en voudrait mais ce ne serait que le juste retour des choses. Après tout, le garçon était toujours le premier à sortir les armes en matière de mots blessants. C'est pourquoi la jeune rousse ne se gêna pas pour lui rétorquer tout en le regardant dans les yeux : « Effectivement, les amis ne doivent pas affluer si tu t'épuises à réagir avec eux comme tu le fais avec moi ! » Elle ne cessa de le toiser, essayant de le bousculer du regard de sorte qu'il redevienne le garçon qu'elle appréciait tant. Mais aucune chance que cela n'arrive du fait de la présence de l'autre vert et argent. Alors Clover ajouta en prenant bien soin d'imiter le ton acerbe et présomptueux du Serpentard : « Et si il y a bien quelqu'un qui dérange ici, c'est vous deux ! J'étais là avant vous, j'ai donc la primeur de l'endroit ! Et c'est le plus gêné qui s'en va ! » Elle commença à se retourner pour reprendre sa place assise, là-bas au moins, elle pourra peut-être réussir à lire tranquillement. Même si cette bataille verbale l'épuisait avec le temps. Mais avant de faire un pas de plus, elle se retourna une nouvelle fois, de sorte de faire face à son ennemi du moment. Et elle répliqua : « Oh et ne t'avises plus jamais de m'appeler « Avery » si c'est pour faire la malin. » Elle lui lança un regard noir et après cela, elle put rejoindre sa place. Même si elle se doutait bien que les deux Serpentard n'en resteraient pas là. Tous les élèves de cette maison étaient pire que du chewing gum sous une chaussure pour un Gryffondor. Il suffit qu'un « lion » rencontre un « serpent » pour que la bataille s'engage. Clover n'a jamais été pour tous ces préjugés. Étant issue d'une famille moldue, elle n'a jamais réellement compris qu'on se fasse la guerre de la sorte. Mais elle était bien forcée de se plier aux règles devant l'important tas d'amertume dont faisaient preuve les vert et argent. La guerre ne suffisait pas, l'Organisation ne suffisait pas, il fallait bien sur que les élèves en fassent autant à leur niveau. Et même si la jeune Dixon faisait de son mieux pour rester en dehors de toutes ces chamailleries stupides, la réalité finissait toujours par la rattraper.

Alors elle se dirigea une nouvelle fois près du recoin qu'elle occupait initialement. Mais comme elle put s'y attendre, la personne qui accompagnait Bony ne la laissa pas faire. Il lança quelque chose au sujet de moldu et de magie, deux domaines qui n'avaient rien à faire ensemble. Clover avait l'habitude d'entendre toute sorte d'insulte à ce sujet. Mais malgré tout, elle ne pouvait jamais s'empêcher de répliquer. Et cette fois-ci ne fit pas exception à la règle. Mais contrairement à ce dont on pouvait s'attendre, la jeune fille s'adressa à son « ami », se servant de lui comme intermédiaire. Elle se retourna une nouvelle fois et ses mots furent vils avec ce qu'il faut de méchanceté : « Rosenbach, fais en sorte que ton toutou ne perde plus sa muselière, sinon je me ferai un plaisir de la lui coller de sorte qu'il ne la perde plus jamais. Et à ce moment là, il verra bien que la magie n'est pas réservée aux imbéciles dans son genre. » Clover maniait le verbe à merveille, ça a toujours été une de ses qualités. Ou dans ce cas précis, il s'agissait plutôt d'un défaut car ça allait forcément lui apporter des ennuis.

Au fond de lui-même, Bony n’était en aucun cas d’humeur à se lancer dans une joute verbale avec Clover ; aucun des deux n’en sortirait vainqueur, étant aussi bon dans le domaine de la remarque perfide et blessante l’un que l’autre. Il y aurait seulement beaucoup de dégâts, des cris et une amitié brisée. Bien malgré lui, Clover faisait partie de ces personnes à qui il s’était attaché, de ceux que l’on peut qualifier d’amis. Et diantre, Bony était un bien piètre ami. Il avait honte. Jouait sans arrêt sur les deux tableaux alors qu’il savait pertinemment qu’ils n’étaient pas compatibles. La relation entre les verts et les rouges avait toujours été houleuse, chaotique et deux adolescents n’iraient pas à l’encontre de ce principe, quels que soient les efforts déployés ; ils étaient destinés à se briser, à se détruire. Ils étaient incommensurablement différents, ils en avaient conscience et pourtant une force invisible les avait poussé l’un vers l’autre, assimilant leurs maigres et fragiles ressemblances pour les nouer et ne plus jamais les défaire. Du moins était-ce ce que Bony espérait muettement. Alors pourquoi diable mettait-il toute sa force, tout son mépris à éloigner Clover de lui-même, sous prétexte qu’il était accompagné ? Leur relation se vivrait-elle éternellement dans le noir, écarté du monde à cause d’évidences stéréotypées qui ont traversé les âges ? Leur amitié survivrait-elle aux mensonges et à leur idiotie ? Non, bien sûr que non. Ils jouaient à un jeu bien trop dangereux et l’un d’eux finirait heurté par leurs propres règles. Bony aurait voulu lancé une œillade à la jeune fille, lui signifier que l’heure du temps mort était venu ; qu’il était désolé. Mais Clover répliquait déjà, versant tout le poison de sa voix sur le vert et argent. « Effectivement, les amis ne doivent pas affluer si tu t'épuises à réagir avec eux comme tu le fais avec moi ! » La joute était lancée.

Le regard de la Gryffondor toisa Bony avec une telle hargne qu’il lui sembla être chatouillé par une lame de couteau affutée. Les regards auraient-ils pu tuer que le garçon aurait été retrouvé foudroyé par tant de haine. Et les quelques mots qu’elle lui avait craché à la figure n’avait servi en rien d’autre qu’à attiser la colère montante du Serpentard. Il lui rendit son regard foudroyant avec un plaisir malsain. « Et si il y a bien quelqu'un qui dérange ici, c'est vous deux ! J'étais là avant vous, j'ai donc la primeur de l'endroit ! Et c'est le plus gêné qui s'en va ! » Ses opales cristallines firent des va-et-vient sur les deux serpents, les marquant au fer rouge de son mécontentement. La lionne sortait les griffes. Elle sembla néanmoins décidée à rompre la joute quand elle esquissa une vive volte-face. Et puis non, les remarques acerbes pendaient toujours à ses lèvres. « Oh et ne t'avises plus jamais de m'appeler « Avery » si c'est pour faire le malin. » Bony déglutit ; sa violence n’avait d’égale que sa frustration d’avoir été rejetée vilement par celui qu’elle croyait être son ami. Ne l’était-il pas ? Non, plus à cet instant. Aveuglé par la rage ; personne n’osait lui parler sur ce ton mauvais.

A ses côtés, le Serpentard proféra quelque injure de bonne qualité. Sang et pouvoir y étaient mêlés de façon peu avantageuse pour la Gryffondor qui était repartie d’où elle venait ; au sol, parmi la poussière. « Rosenbach, fais en sorte que ton toutou ne perde plus sa muselière, sinon je me ferai un plaisir de la lui coller de sorte qu'il ne la perde plus jamais. Et à ce moment là, il verra bien que la magie n'est pas réservée aux imbéciles dans son genre. » Bony arqua un sourcil, éclatant d’un grand rire ingrat. La Jeune fille pensait-elle réellement que les deux serpents allaient prendre ses menaces au sérieux. Elle était seule ; ils étaient deux. Rien ne serait plus facile que de l’attraper pour lui faire ravaler ses paroles venimeuses et bien trop orgueilleuses à son gout. Et puis soudain, un faible éclair de lucidité le figea sur place. Son sourire fondit sur son visage ; comment osait-il avoir de pareilles pensées… Il secoua la tête et plissant les paupières. Ses pensées se percutaient dans son esprit, l’embuant entièrement. Son ami vert et argent l’observait, un rictus étrange collé sur sa figure rondelette. De nouveau il secoua la tête, redonnant toute son attention à la jeune fille flamboyante. Lentement il s’approcha d’elle, traits figés en une moue hargneuse. D’un geste vif, il attrapa son poignet et la tira vers lui, tordant son bras dans une posture peu confortable. Puis il approcha son visage de son oreille et dans un murmure, il susurra simplement : « Je te conseille de t’adresser à moi sur un autre ton Avery, je n’apprécie absolument pas la manière dont tu me parles. » Sans la relâcher, il releva ses opales pour accrocher les siennes qui luisaient de colère tel un brasier ardent. Puis il risqua un coup d’œil vers son camarade au regard inquisiteur ; d’un mouvement de tête, il le congédia. « Mais Bony on devait… » - « Tires-toi j’ai dit. » Le garcon hocha la tête et quitta la salle tête basse, laissant les deux amis dans un tête à tête empoisonné. « Maintenant tu vas m’écouter attentivement. » continua-t-il dans un murmure en relâchant sa prise sur le poignet de la demoiselle. « Surveilles ton langage quand je suis entouré d’une bande de serpents. Tu sais à quel point nous sommes vicieux, je ne voudrais pas qu’il t’arrive le moindre mal n’est-ce pas ? » Sa voix doucereuse sonnait comme un avertissement de mauvaise augure ; elle allait avoir des problèmes maintenant qu’elle avait éveillé la colère de Bone-Avery Rosenbach.

Ce qui venait de se passer, Clover aurait pu le prédire. La divination n'a jamais été sa matière préférée mais il n'était pas non plus difficile de deviner que la colère des deux jeunes gens ne les mèneraient pas en terrain neutre. Clover s'en voulait déjà d'en être arrivée à un tel point de haine et de remarques si acerbes. Mais son tempérament faisait qu'elle ne pouvait s'empêcher de riposter lorsque la violence de son adversaire frappait. Jamais elle ne se serait laisser faire face aux remarque plus déplacées de son camarade de Serpentard. Mais elle savait pertinemment que tout cela ne les mènerait pas dans une direction qu'elle souhaitait prendre. Les amis, c'est précieux. Il faut en prendre soin car on a pour habitude de les compter sur les doigts d'une main. C'est ce que se répétait Clover à chaque fois qu'elle imaginait une scène aussi sanglante mettant en scène le Serpentard et elle-même. Mais au final, rien n'y faisait. Elle continuait de lui répondre, engageant inlassablement une bataille sans fin. Comment peut-on survivre à cela ? On ne peut pas. Et ça, la Gryffondor l'a compris au moment où le Serpentard l'a envoyée pour la première fois au tapis. Malgré tout, la hargne et le courage de la rouge et or ne pouvaient se taire face à tant d'amertume. C'est pourquoi elle se donnait toujours la peine de répliquer. Mais cette fois-ci les mots qu'elle venait de prononcer n'allaient rien arranger. La situation était critique, miss Avery le savait, elle le sentait au plus profond de son être.

Son regard planté au plus profond de celui du serpent, Clover pouvait sentir à quel point il la détestait à ce moment là. Elle ne lâcha pas pour autant l'affaire. Si quelqu'un devait abandonner, ça ne serait certainement pas elle. Jamais elle ne laisserait tomber aussi facilement même si la violence des Serpentard était bien plus que redoutée par certains. Devant l'incroyable force des paroles de la jeune fille, Bony n'eut de réplique que de l'attraper par le bras. Clover garda pour elle un cri de douleur car la position était bien plus qu'inconfortable. Elle n'eut pas le temps de dire ou de faire quoi que ce soit que le Serpentard dégaina quelques mots aussi acerbes que les précédents. Le bras de la jeune rousse commençait à réellement lui faire mal, mais elle ne dit rien. Jamais elle n'aurait donné satisfaction à Rosenbach. « Je te conseille de t’adresser à moi sur un autre ton Avery, je n’apprécie absolument pas la manière dont tu me parles. » Les yeux de Clover étaient toujours accrochés à ceux du jeune homme. Si elle avait été capable de tuer par un simple regard, Bony serait probablement mort sous l'effet brûlant des yeux de cette dernière. Elle ne prit même pas la peine de jeter un regard au serpent qui s'en allait sur les ordres de Bony. Elle n'avait de cesse de ce concentrer sur ce qu'elle allait faire subir à celui qu'elle considérait jusque là comme son ami. « Maintenant tu vas m’écouter attentivement. » A ces mots, la lionne eut envie de cracher à la figure du jeune homme, elle dut faire un immense effort pour ne pas céder à la tentation. Un sort serait beaucoup plus classe qu'un crachas dédaigneux. Et puis un sort ferait beaucoup plus de dégât, ce qu'elle préférait allègrement à ce moment là. Et pourtant elle n'était pas du genre à prendre plaisir à rabaisser autrui. Ni à aimer voir souffrir ses congénères mais là, Bony était allé trop loin, beaucoup trop loin... « Surveilles ton langage quand je suis entouré d’une bande de serpents. Tu sais à quel point nous sommes vicieux, je ne voudrais pas qu’il t’arrive le moindre mal n’est-ce pas ? » Bony venait de relâcher le bras de sa camarade mais Clover ne prit pas ses distances pour autant. Elle tenait absolument à ce que le Serpentard ne se croit pas vainqueur. Elle ne voulait pas non plus qu'il croit qu'elle avait peur car même si elle détestait avoir recours à tant de manigances incongrues, elle détestait encore plus qu'on lui marche sur les pieds. Alors pour toute réponse, elle ne lâcha pas le regard du garçon et répliqua sur le même ton vil que lui : « Le mal est fait, cher serpent. » La jeune fille a exagérément appuyé sur le dernier mot de sa phrase avant de reprendre : « A toi de m'écouter maintenant. Ne t'avises plus jamais de me toucher comme tu viens de le faire ! Et arrête de jouer à plus fort que tu n'es. Tu te crois peut-être malin mais en réalité, les Serpentard sont tous les mêmes. Tous aussi vils et perfides, vous espérez tous avoir cette emprise sur tout le monde, mais au final, vous ne faites que brasser de la poussière ! Alors arrête de te prendre pour un caïd et accepte d'être un mec potable et gentil ! Le mec que tu es quand personne ne joue ton chihuahua ! » Là, elle y était allée extrêmement fort. Pas sûr que Bony accepte une telle violence verbale. Une telle violence tout court d'ailleurs. Malgré tout, Clover attendit que son « ami » réagisse à tout cela. Quelque soit sa réaction, la jeune Gryffondor voulait la connaître. En guise de précaution, elle porta tout de même la main à l'emplacement exacte où se trouvait ranger sa baguette. Elle est courageuse mais loin d'être folle. Si Bony décide d'attaquer autrement que par des mots, Clover serait prête à riposter...