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♦ just last the year - LUDWIG&EMMA
ϟ celui qui lit ce titre est un elfe de maison. Ceci était la touche d'humour de Thor.
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Message Posté Mar 6 Nov - 19:08.



come on skinny love just last the year
pour a little salt we were never here

★ noms des participants: Ludwig Lancaster & Emma Gray
★ statut du sujet: Privé.
★ date: Mi-octobre.
★ heure: Minuit.
★ météo: Il fait plutôt froid. Et nuit.
★ saison: 2.
★ numéro et titre de l'intrigue globale en cours: 2.
★ numéro et titre de l'intrigue en cours: 2.
★ intervention de dominus: OWI ♦ just last the year - LUDWIG&EMMA 2739476978
★ récompenses: Non.





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Message Posté Mar 6 Nov - 19:08.
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What I tell you three times is true.


« Cap ou pas cap de me retrouver à minuit à l’ancienne salle d’astronomie ? »

Elle était en avance. Peut-être un peu trop. Ca faisait plus de dix minutes qu’elle attendait. Elle avait l’air d’une âme perdue, en haut de cette tour délabrée. Assise, les jambes dans le vide, elle regardait le ciel. Elle contemplait le vide. D’ici, on ne sentait plus l’odeur de la mort. Mais on voyait quand même le carnage. Elle, elle se souvenait de tout. De la bataille. Du sang. Du château, en ruines. D’un monde qui n’en finissait pas de se terminer, dans le sang et la poussière. Elle se souvenait des corps qui jonchaient le sol. Elle se souvenait de leurs yeux, vides. De leurs cris désespérés parce qu’ils savaient que c’était la fin. De là où elle était, elle se sentait protégée. Protégée des souvenirs qui rongeaient l’ensemble de l’école jour après jour. Protégé d’une guerre qu’elle avait été trop jeune pour connaître.

Elle aurait dû se sentir soulagée que tout soit fini. Elle aurait dû passer à autre chose. Tourner la page. Elle le savait bien. Mais au fond, elle n’y arrivait pas. Elle n’en avait pas la force. Alors elle se réfugiait dans ces défis débiles. Ca pouvait paraître ridicule, à son âge. Mais c’était tout ce qui lui permettait de tenir. Enfermée dans le temple de la mort, elle y faisait triompher la vie. Elle choisissait de fuir. Fuir ses pensées. Fuir ses souvenirs. Fuir un passé qu’elle aurait tant aimé pouvoir oublier. Parfois, elle se disait que tout serait tellement plus facile si elle n’avait plus d’histoire. Malheureusement, elle n’avait pas le choix. Aucun d’entre eux ne l’avait réellement.

« Allez, sale gryffondor, par les poils sacrés de Dumbledore, si tu ne viens pas… »

Elle ne finit pas sa phrase. Son murmure se perdit dans le noir de la nuit. Il vint hanter le ciel et ses étoiles terribles. Il vint hanter la lune glacée. Elle trépignait d’impatience. Ludwig et elle, elle n’avait jamais su dire ce qu’ils étaient exactement. Ils ne se connaissaient pas plus que ça, et pourtant, ils étaient parfois si complices qu’on aurait dit qu’ils se connaissaient depuis toujours. Ils passaient leur temps à se lancer des défis plus cons les uns que les autres. Parce que de toute façon, elle avait bien compris qu’il n’y avait que ça qui comptait. Le moment présent. Parce qu’elle ne pouvait changer ni le passé, ni le futur. Mais elle pouvait toujours agir pour le présent. Et c’était bien ce qu’elle comptait faire.

Elle croisa les bras en soupirant. Peut-être qu’il ne viendrait pas, cette fois-ci. Peut-être qu’elle lui en avait trop demandé. Mais elle continuait de s’accrocher au mince espoir qu’elle entendrait bientôt sa voix. Le craquement de ses pas sur le vieux plancher pourri. Le hurlement silencieux de deux âmes qui n’osaient rien s’avouer. Parce qu’au fond, c’était ça. Ils se disaient les choses en silence. Ils se regardaient sans se voir. Ils se croisaient sans se rencontrer. Comme s’ils avaient peur de ce qu’il pourraient arriver si ils arrêtaient quelques secondes de vivre dans l’illusion qu’ils avaient eux-même construit pour regarder la vérité en face.

Bien souvent, le mensonge est plus confortable que la réalité. On se raconte tant d’histoires qu’on finit même par y croire. Mais, la plupart du temps, la vérité reste et résiste. Elle hante un coin de nos pensées, et surgit de nouveau lorsqu’elle en a la force. Lorsqu’elle repensait à tout ce qu’il s’était passé à Poudlard. A la guerre qui avait scindé son monde en deux. Au sang fatal qui avait souillé une terre damnée. Lorsqu’elle repensait à tout ça, elle se demandait ce que les générations futures penseraient d’eux. Est-ce qu’ils les trouveraient lâches de se réfugier dans des jeux, des sourires, des instants cachés et choisis ? Ils ne pourraient pas comprendre. Elle-même ne comprenait pas.

Elle jeta un coup d’œil à sa montre. Minuit dix.

« Courage d’un lion, mon cul ouais… »





Dernière édition par Emma T. Gray le Ven 14 Déc - 22:18, édité 1 fois
Ludwig Lancaster
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ϟ maison : Il a appartenu, durant neuf ans, à la maison de Gryffondor.

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: Emma Gray. Aubépine de Séverac. Perpetua Plumpton. Fulmina Pletorn. Delhi Singh-Anderson. Vitali Zorotalev. Simba Farewell.
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Message Posté Dim 11 Nov - 1:45.
    « Cap ou pas cap de me retrouver à minuit à l’ancienne salle d’astronomie ? »

Il n’avait pas refusé. Evidemment. Ce n’était pas dans leurs règles. Pourtant, alors qu’il glissait dans les ombres sinistres du Château endormi, il n’était pas certain de l’opportunité de sa décision. Si c’en était une. Leur étrange jeu du chat et de la souris n’avait jamais intégré l’idée que l’un ou l’autre décline un défi, un enjeu, une provocation ; et ça ne relevait plus seulement de leur orgueil, de leur fierté, de leur amour-propre. Plus aujourd’hui. Plus maintenant.

    « Alors quoi ? », marmonna-t-il en lorgnant par une fenêtre le parc sombre et la ligne dentelée de la Forêt interdite, tirant de sa poche une cigarette qu’il alluma du bout de sa baguette.

Alors le professeur de Défense contre les Forces du Mal. Alors le sentiment de trahison, lorsqu’elle était venue le trouver, peu de temps après, pour lui lancer ce défi, seules paroles qu’ils avaient échangé – encore que, il s’était contenté de sourire en arquant un sourcil. Alors l’idée qu’il ne devrait pas se trouver là. Alors la sensation d’asphyxie qui l’étouffait, qu’il savait ne pas devoir aux rôdes continuelles des professeurs et préfets. Alors cette troisième cigarette en l’espace d’à peine cinq minutes, et ces détours inutiles qu’il prenait depuis qu’il avait quitté la Salle commune de Gryffondor en douce. Alors. Alors. Nerveux, il passa une main fébrile dans ses cheveux bruns ; il avait l’air de sortir du lit. Comme d’habitude.

Pas une étincelle ne filtrait de la porte de l’ancienne salle d’astronomie ; assise au-dessus du vide, trônant sur les ténèbres, diffuse, insaisissable, évanescente ; il ne l’avait jamais comprise. Il ne l’avait jamais cernée. Il l’avait juste… connue. Cette fille, malicieuse, qui surgissait soudainement, comme un diablotin, pour prendre les rênes de la double vie de Poudlard. Cette fille, inconstante, aux idées farfelues qui l’avait pris pour compagnon d’un jeu salvateur, dont il ne prenait qu’à retard conscience du double tranchant. C’était perdu d’avance, bien entendu. Il s’y était réfugié, bien trop, depuis la rentrée ; oublier, l’espace d’une heure, deux, un jour, les douleurs latentes gravées dans sa chair, sa vue déséquilibrée, le souvenir vivace que les fantômes récurrents de l’école lui rafraîchissaient chaque jour. Oublier qu’il n’avait pas été là pour sa sœur, pour ses amies. Oublier qu’il avait failli mourir, torturé puis abandonné pour quelque chose qu’il n’avait pas fait. Oublier les ruines qu’il avait découvertes à son réveil. Oublier les blessés qui l’entouraient. Oublier. Oublier.

Il avait éteint sa cigarette à peine entamée. Engloutis dans une chape de silence, il l’observait ; elle ne l’avait pas remarqué.

    « Allez, sale Gryffondor, par les poils sacrés de Dumbledore, si tu ne viens pas… »

Un sourire flotta sur ses lèvres. Pour ça, au moins, il ne regrettait pas d’avoir pris la décision de venir, les mots doux d’Emma étaient toujours un délice à entendre, surtout quand ils lui étaient adressé. C’était cependant la première fois qu’ils dégringolaient le long de son échine en un éphémère frisson glacé. Un frisson, parce que l’illusoire soupir de sa phrase inachevée laissait entendre qu’elle n’envisageait pas ce qu’elle ferait s’il ne venait pas. Glacé, parce qu’il ne le méritait pas. J’ai couché avec la prof de Défense…, songea-t-il en posant son front contre le chambranle de la porte. J’ai couché avec la prof de Défense. Tu veux encore de moi ?

… Question stupide. Question inutile. Pourquoi le lui demanderait-il ? Ils n’étaient pas… Ils n’étaient… Quoi, au juste ? Il n’avait aucun compte à lui rendre. Il n’avait rien à lui dire ; il n’était pas obligé de le lui dire. Personne n’avait à le savoir, après tout. C’était une erreur – bon, une monumentale connerie – et il ne comptait pas recommencer. Fini, oublié. Classé.

Alors pourquoi se sentait-il si coupable de l’avoir fait quand elle entrait dans l’équation ?

Ils n’étaient que deux inconnus qui se croisaient et s’amusaient à se lancer des défis stupides, souvent cons, parfois dangereux. C’était devenu un élément de sa vie, de sa stabilité, un point de repère. Il savait que si elle s’arrêtait du jour au lendemain, il perdrait pied dans une réalité qui n’était plus vraiment la sienne, plus depuis qu’il était seul avec la blessure béante de ce qui avait manqué de le tuer, lui préférant un coma glacé d’un mois et demi. Il pensait qu’il s’en relèverait. Alors qu’il la contemplait, dissimulé dans l’obscurité, il n’en était plus vraiment certain.

    « Courage d’un lion, mon cul ouais… »

Il n’aurait pas dû venir. Il n’aurait pas dû enfreindre les règles. Il aurait dû enfreindre leurs règles. Ne pas venir. Défier son défi. Renoncer. Elle avait raison. Question courage de Gryffondor, il ne faisait pas honneur à son blason. Mais je suis là, maintenant. Evidence évidente. Il fit un premier pas avant d’y avoir pensé ; le plancher au bois pourri grinça sous son poids. Son claironnant et traditionnel « tu vois, je suis venu » resta bloqué dans sa gorge.

    « J’ai dû me planquer pour éviter un prof », lança-t-il alors qu’il croisait ses prunelles, un sourire contrit aux lèvres.

Impressionnante, cette étrange faculté qu’il avait de donner le change avec autant d’aisance. La pénombre l’empêchait d’en distinguer la couleur, mais l’éclat argenté de la lune illuminait d’éclats dorés ses cheveux bruns. Il avait l’impression de ne l’avoir jamais vue.

La fraîcheur de la pièce au toit défoncé l’enveloppa alors qu’il s’avançait dans la pièce, évitant de mémoire les endroits stratégiques réputés instables ; évitant d’instinct le regard d’Emma qu’il sentait peser sur sa nuque. Il la rejoignit à la ligne des remparts de pierre où il s’accouda, se plongeant dans la contemplation du parc aux tons ternis, les scintillements évanescents du lac, bousculé d’une ondée à sa surface d’huile, les frémissements de la Forêt interdite sous la brise fraîche de la nuit d’Octobre. Il n’y a pas si longtemps, l’endroit était en feu. Il n’en restait que quelques traces roussies qu’il n’arrivait plus à percevoir, faute à son œil vert devenu trop faible. Elle ne disait rien. Lui non plus. Son bras frôlait sa cuisse. Il s’écarta légèrement au prétexte de se redresser, s’appuyant sur ses bras tendus.

    « Je me suis inscrit aux Jeux olympiques. Je vais entrer dans l’équipe. »

Elle ne savait pas qu’il avait porté son nom pour prendre la place de champion lors du Tournoi des Trois sorciers ; il ne lui en avait jamais parlé. Quant à savoir pourquoi il lui disait ça maintenant, à cet instant… c’était encore indéfinissable. Surtout avec le handicap de sa vue. C’était presque du suicide, de porter sa candidature pour participer à des Jeux olympiques dont il ne connaissait même pas la nature des épreuves. Il y avait plus intéressant, à dire. Plus… important.

    « Je ne connais même pas la France », sourit-il, évitant toujours de croiser son regard. « Je n’ai jamais voyagé. Mes parents… »

Il s’interrompit. Il en oublia même la suite de sa phrase, s’il l’avait un temps envisagée. Il en oublia le reste. Il ne pouvait pas continuer comme ça. Soit il parlait, soit il partait.

Stupide Gryffondor.

    « J’ai couché avec la prof de Défense contre les Forces du Mal. »
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Message Posté Mer 12 Déc - 14:45.
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What I tell you three times is true.


Tout le monde ment. C’est ça, la nature humaine. La constante. On cherche des droits, des génomes, des preuves scientifiques qu’on est tous pareils. Mais on ne regarde pas là où il faut. Parce que oui, tout le monde ment. La seule variable, c’est ce à propos de quoi on ment. Certains procèdent à des petits mensonges. Des excuses derrière lesquelles se cacher. Des petits secrets adéquats qu’on change et qu’on oublie. D’autres mentent jusqu’à en perdre leur identité. Ils se perdent dans une illusion macabre jusqu’à en devenir fou. Et puis il y a ceux qui se voilent la face. Ceux qui mentent sans même en avoir conscience. Ceux qui préfèrent nier la réalité plutôt que de lui appartenir. Ceux qui se cachent derrière un mirage éphémère qui semble si évident qu’ils finissent par y croire eux-mêmes.

« J’ai dû me planquer pour éviter un prof »

Un sourire qu’elle réprima aussitôt. Elle était censée être en colère. Il était en retard. Elle ne lui pardonnerait pas si facilement. Ca faisait partie du jeu. Mais au fond, qu’est-ce qu’il lui restait ? Que contrôlait-elle encore ? Rien. C’était bien ça qui lui faisait peur. Elle avait été l’instigatrice de ces manœuvres. Elle avait lancé le premier défi. Mais elle s’était vite rendu compte que le jeu n’existait réellement que s’ils étaient deux à le jouer. Et elle lui avait laissé l’avantage. Peu à peu, elle s’était effacée derrière lui. Derrière cette certitude presque vitale qu’il serait toujours là pour relever le défi. Alors, à chaque fois qu’il y avait un imprévu, elle paniquait. Elle doutait. Parce que c’était une fille qui ne vivait que parce qu’elle expliquait tout. C’était une fille qui ne vivait que parce qu’elle était sûre et certaine de comment ça allait se passer. Elle connaissait l’issue. Le chemin était déjà tracé dans son esprit. Elle se contentait de le suivre.

Le problème, c’était lui. Lui, il remettait tout en cause. Non seulement parce que l’issue n’était jamais certaine, mais aussi parce qu’elle se doutait de comment ça se finirait. Et qu’elle aurait tout donné pour changer ça. Seulement, elle avait peur. Elle avait tellement perdu qu’elle avait fini par abandonner.

« Je me suis inscrit aux Jeux olympiques. Je vais entrer dans l’équipe. »

Elle fronça d’abord les sourcils. Ludwig, c’était pas le genre de personne qui s’impliquait dans des trucs aussi gros. En partie à cause de son œil. Mais, en y réfléchissant, c’était logique, quelque part. Quand on est un Gryffondor, on ose tout. Elle n’avait jamais compris leur perpétuel besoin de se mettre en danger. De faire trembler le monde. On avait tous une date de péremption. Un compte à rebours qui planait au-dessus de nos têtes. Certains auraient une longue vie tranquille. D’autres reposeraient sous une stèle de marbre pour avoir défendu la patrie. Mais l’important, c’étaient les souvenirs. De quoi est-ce que qu’on se rappellerait lorsqu’ils seraient morts ? Les Gryffondors agissaient. Peut-être parce qu’ils avaient trop peur qu’on les oublie pour ne rien faire. C’est la peur qui motive le courage. Et le courage qui motive les grandes actions. Ca avait du sens. Peut-être un peu trop. Elle lui adressa un sourire. Elle allait le féliciter, mais il reprit la parole. Il parlait de la France. Elle non plus, elle n’y avait jamais été. Mais ça ne lui faisait pas envie. On disait que, là bas, ils mangeaient des grenouilles. Et des escargots. Ca l’avait toujours dégoutée. Et même si elle avait un correspondant à Beauxbâtons, elle avait toujours à l’esprit la vue de ces choses gluantes dont il devait s’empiffrer. Rien que d’y penser, elle frissonna.

« J’ai couché avec la prof de Défense contre les Forces du Mal. »

Ca commence par le soupçon. Est-ce que c’était une blague ? Elle sonda son regard en fronçant les sourcils. Non, il avait l’air sincère. Alors ça continua par la colère. Elle leva sa main et l’approcha de son visage, mais elle s’arrêta net. Elle baissa les yeux, releva sa manche et, d’un coup d’un seul, arracha les poils de son bras qu’elle laissa s’envoler dans la nuit. Comme le mince espoir que… Non. Elle était plus forte que ça. Elle n’aurait jamais dû écouter Emrys. Elle n’aurait jamais dû baisser sa garde. Elle n’aurait jamais dû le laisser l’approcher, comme ça. De toute façon, ils n’étaient que des amis. De simples amis. Alors pourquoi est-ce qu’elle était si jalouse ? Pourquoi est-ce qu’elle lui en voulait ? Elle secoua la tête. Elle fixait la nuit. Elle fixait le vide, en silence. Elle sentit ses yeux s’embrumer. Les larmes chaudes envahir sa vision. Mais elle refusait de les laisser tomber. Pendant un instant, ses cheveux avaient viré au rouge. Alors elle reprit son souffle. Elle reprit ses esprits. Elle pensait avoir eu tous les indices. Elle pensait avoir eu sa confiance. Elle pensait qu’ils étaient… Elle pensait trop.

« Et moi j'ai mangé une soupe à la citrouille aujourd'hui. A ton tour ? »

Elle se mit à rire. Un rire nerveux. Un rire qui n’avait qu’un office : l’enfermer un peu plus dans son mensonge. L’éloigner de lui. De tout ce qu’elle avait construit toute seule et qui n’existait pas. Qui n’avait jamais existé. Elle avait pourtant appris la leçon. Ne jamais faire confiance aux autres. Mais elle était tombée dans son piège. Et elle était tombée de haut. Un soupir s’échappa de ses lèvres. Avec lui, une fumée blanchâtre qui s’évapora dans la nuit. La magie déraillait. Son corps déraillait. Elle ne maîtrisait plus ses transformations. Ses cheveux redevinrent bruns sans qu’elle ne le leur commande. Le monde s’écroulait en face d’eux. Ils vivaient avec la menace permanente que le ciel allait leur tomber sur la tête. Alors elle s’y était accrochée, à cette idée. Elle s’était persuadée qu’elle ne serait pas seule face à tout ça. Qu’il serait là. Et, au fond, il l’était. Mais pas comme elle le voudrait.

« Pourquoi tu me dis ça ? Ca me regarde pas. Contrairement aux apparences, j’ai pas nécessairement envie de savoir ce que tu fais de tes nuits. »

Elle ne le regardait toujours pas, mais elle affichait un sourire faux. Elle ne voulait rien montrer, parce qu’elle lui en avait déjà trop dit. Le moindre de ses gestes pouvait la trahir. Alors elle se contenta de rester silencieuse. Mais elle n’y arrivait pas. Il fallait qu’elle parle. Il fallait qu’elle lui dise. Et en même temps, elle ne voulait pas. Elle allait passer pour une conne. Pour une de ces filles qui ne vivaient qu’à travers le regard des garçons. Et elle ne voulait pas être cette fille là. Cette fille qui interprétait tout, qui s’imaginait des choses jusqu’à en rêver éveillée. Elle s’en voulait. Elle n’aurait jamais dû penser à lui comme ça. Mais c’était trop tard.

Tout le monde ment. C’est ça, la nature humaine. La constante. On cherche des droits, des génomes, des preuves scientifiques qu’on est tous pareils. Mais on ne regarde pas là où il faut. Parce que oui, tout le monde ment. La seule variable, c’est ce à propos de quoi on ment. Certains procèdent à des petits mensonges. Des excuses derrière lesquelles se cacher. Des petits secrets adéquats qu’on change et qu’on oublie. D’autres mentent jusqu’à en perdre leur identité. Ils se perdent dans une illusion macabre jusqu’à en devenir fou. Et puis il y a ceux qui se voilent la face. Ceux qui mentent sans même en avoir conscience. Ceux qui préfèrent nier la réalité plutôt que de lui appartenir. Ceux qui se cachent derrière un mirage éphémère qui semble si évident qu’ils finissent par y croire eux-mêmes. Pendant un temps, Emma avait dépassé ce stade. Elle avait dépassé le mensonge initial pour se cacher derrière un autre. Elle s’était prise au jeu de la réalité. Elle avait laissé ses sentiments parler pour elle. Vivre pour elle. Elle avait laissé ses rêveries prendre le dessus. A présent, elle affrontait les conséquences de ses actes ingrats et naïfs. Pour la première fois depuis qu’elle avait parlé, elle leva les yeux vers lui.

« Désolée, pour tes poils… Ca m’a pris d’un coup, je sais pas pourquoi. Je savais pas que t’avais un faible pour les blondes… »

Oui, tout le monde ment, et elle n’était pas l’exception qui confirmait la règle. Le mensonge, c’est la nature même de l’homme. Son essence et sa substance. Mais, parfois, on a tellement menti qu’on abandonne. Et son regard, à elle, brisait cette illusion.




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ϟ maison : Il a appartenu, durant neuf ans, à la maison de Gryffondor.

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Message Posté Mar 8 Jan - 2:56.
    « Tu mens. Tu mens autant que moi quand je t’ai dit que j’ai dû éviter un prof pour expliquer mon retard. »

T’as pas le droit d’me dire ça. Il retenait à grand-peine la colère qui lui avait sauté à la gorge. Il luttait avec une force désespérée contre son impulsivité, celle qui aurait dû l’obliger à répondre, si ce n’était violemment, au moins par quelques propos bien sentis. Ludwig n’était pas un enfant patient. Ludwig n’était pas un enfant calme. Ludwig n’était pas un enfant raisonnable. Ludwig était un enfant sanguin, un enfant qui se révoltait, un enfant qui ne comprenait pas pourquoi on le réprimandait une fois de plus, une fois encore. Ludwig était un enfant.

T’as pas le droit d’me dire ça. Il serrait les mâchoires à en faire saillir les os sous sa peau tendue, se tenait le bras où une large tâche rouge s’épanouissait, sentait sous ses doigts la chaleur cuisante qui s’en dégageait. Sa peau était chauffée à blanc, la douleur l’embrasait. Il aurait pu partir ; il aurait dû partir. Il avait eu sa réponse, après tout ; une réponse qu’il n’avait pas demandé. Il était venu parce qu’elle lui avait lancé un défi, et qu’il n’était pas dans les règles de refuser, ni même d’y échapper. Il était venu parce qu’elle lui avait lancé un défi, et maintenant ? Il n’aurait pas dû venir, et il aurait dû partir. Il aurait dû suivre son instinct et, pour une fois, refuser. Pour une fois, l’abandonner. Bien sûr qu’il l’avait compris. Bien sûr qu’il en était conscient. Bien sûr qu’il ne l’avait pas admis. Comment ? Ils étaient différents, et comme tous les autres, comme toutes les autres, elle ne devait pas lui rendre ce qu’il avait à lui donner. Et même si son geste portait à penser le contraire, même si sa réaction à sa révélation laissait planer un doute raisonnable, à quoi bon ? Elle souffrait déjà. C’était ainsi. Pourtant, il restait planté là, sa colère grondant dans son ventre, son cœur enchaîné dans sa poitrine se blessant contre l’acier trop serré. Il le sentait battre, plus qu’il ne lui était coutumier. Il le sentait battre, cogner contre sa poitrine, il le sentait au fond de sa gorge. Pourtant, il restait planté là, sans parvenir à détacher son regard des prunelles assombries d’Emma. Pourtant, il restait planté là. T’as pas le droit d’me dire ça.

C’était chose étrange et paradoxale. Vouloir l’amour et son contraire. Vouloir la paix et espérer la guerre. Lui rendre son audace et panser ses blessures. L’aimer et la détester. Son ange et son démon. Que répondre à ça ? Elle le sauvait, elle l’anéantissait. La colère sourdait, et son cœur se blessait sur ses chaînes. Chaque jour, chaque heure, elle lui faisait vivre à enfer, inconstante, insaisissable. Il ne la comprenait pas. ne la comprendrait jamais. Il ne savait pas à quoi elle jouait. Tout ce qu’il savait, c’était qu’elle jouait avec lui.

Il recula d’un pas, de deux, se retourna, enfonça brusquement son poing dans un pilier de la tour. Le bois trembla à peine tandis que le choc et la sourde douleur qui s’en dégagea paralysait son bras, anesthésiant les brûlures de son ressentiment. Sa technique, ses années de pratique de la boxe amoindrirent les dégâts provoqués par l’impact sur son poing, ne laissant pour toute trace qu’une rougeur significative, des os rouillés et une estafilade sanglante à la naissance de son auriculaire. Une écharde s’y était logée, dépassant légèrement de son épiderme. Pendant un instant, il contempla sa main dont il pliait et dépliait les doigts pour en diffuser la douleur, sans la moindre grimace sur son visage. De cet élancement, il était habitué ; les os des mâchoires et des nez étaient plus résistants que le bois pourri de cette tour désaffectée.

    « Tu te moques de moi. »

Il ne lui en voulait même pas. Il avait pris l’habitude de ne plus s’en affecter. C’était plus simple ainsi. Les autres enfants, les nourrices ; à eux non plus il ne leur en voulait pas. Il n’en voulait à personne. Cherchant le regard d’Emma, il n’eut aucun mal à le croiser ; à cette distance, la douleur de son cœur entravé était un peu plus supportable. Il n’y avait pas d’espoir, dans cet écart, et c’était sans doute mieux ainsi. Finalement, peut-être était-il venu ce soir-là pour mettre fin à cette mascarade. Pour admettre l’évidence. L’affronter de face. Bien sûr qu’il aimait son caractère démentiel et instable, bien sûr qu’il aimait ses sautes d’humeur, bien sûr qu’il aimait son cynisme, bien sûr qu’il aimait qu’elle l’exaspère, bien sûr qu’il aimait ses défis stupides. Bien sûr que rien n’était prémédité. Bien sûr qu’il aurait préféré que ça n’arrive pas. Bien sûr. Qu’y pouvait-il ? C’était ainsi. Bien sûr qu’il l’aimait.

    « Tu te moques de moi et de ce que je ressens pour toi. Tu ne sais rien de moi, comme je ne sais rien de qui tu es, de ce que tu as vécu. Et tu crois que par simple lubie, parce que je crois que ma vie t’intéresse, je viendrais t’avouer que j’ai couché avec la prof de DCFM comme si c’était une victoire qui méritait que tu le saches ? Tu te moques de moi. C’est moi le Gryffondor ici, pas le Serdaigle. »

Il n’aurait peut-être pas dû venir. Il aurait peut-être dû partir avant son aveu, et peut-être même après. Tout de suite après. Peut-être. Pourtant, ce qu’il avait de sa maison le poussait à ne pas abandonner. A croire à l’impossible. A croire que c’était possible. A croire. Parce qu’au fond de ce regard, il avait perçu une brèche dans laquelle il ne résistait pas à l’envie de s’engouffrer. Parce qu’à y mettre fin, autant que la larme écarlate glissant sur son cœur étincelle comme un rubis. Parce qu’il ne voulait pas perdre. Perdre ? Oui, perdre. Parce qu’il n’abandonnait pas, jamais, à moins d’y être contraint, parce que c’était dans sa nature, jusqu’à ne plus avoir le choix que de mettre un genou à terre. Parce que là, maintenant, elle lui lançait un nouveau défi. Encore un autre. Un dernier. Montre-moi qui tu es et je te dirais qui je suis.

    « A t’entendre, je ne vaux que comme le gamin qui a accepté de jouer avec toi au chat et de la souris. J’ai plus envie d’être la souris, Emma. » J’ai plus envie de jouer à ça avec toi. Soit tu marches, soit tu crèves, mais t’arrêtes. Maintenant. « Tu m’as fait venir ici. Et maintenant ? »

L’estafilade sur sa main avait cessé de saigner, laissant une traînée écarlate sur sa peau blanche ; la douleur de son poing était devenue diffuse. Il ne cessa pas de vriller son regard dans le sien. Il ne cessa pas de la défier, comme elle le défiait, encore une fois, une fois de plus, une fois de trop. Quitte ou double. Son indifférence, son imperméabilité, son désintérêt du reste du monde ; envolés. Emma seule comptait. Emma ; et ce à quoi son cœur tentait de se raccrocher, malgré ses chaînes aiguisées qui lui lacéraient la chair.

C’était chose étrange et paradoxale. Vouloir l’amour et son contraire. Vouloir la paix et espérer la guerre. Lui rendre son audace et panser ses blessures. L’aimer et la détester. Son ange et son démon. Partir mais combattre. Il avait toujours pensé qu’il ne valait pas la peine. Pour rien, pour personne. Et puis, il y avait eu Âliya. Et puis, il y avait eu Delhi. Et puis, il y avait eu Aubépine. Perpetua. Fulmina. Vitali. Emma. Pour une de ces rares fois, il avait envie d’en valoir la peine. Stupide Gryffondor. Stupide Gryffondor romantique. Stupide Gryffondor romantique et amoureux. Stupide Ludwig.

Revenant sur ses pas, il revint auprès d’Emma ; à sa hauteur, il replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Ils avaient repris leur couleur brune naturelle, après avoir soudainement viré au rouge.

    « Moi je sais », souffla-t-il. « Mais je ne sais pas si tu es prête à l’entendre. »

Prétention. Bluff. Audace. Culot. La pousser dans ses derniers retranchements pour discerner le mensonge de la vérité. La défier de lui faire croire, encore une fois, que ce n’était pas réciproque. Qu’effectivement, elle avait agi sur un coup de tête, pour punir l’enfant qui avait fait une bêtise, comme ses nourrices avant elle. L’orphelin avait grandi. Il n’avait plus peur des réprimandes. Bien au contraire. Glissant derrière Emma, il l’encadra de ses bras tendus, mains sur la balustrade ; son menton effleurait le creux de l’épaule de la Serdaigle, son souffle caressait sa nuque, son torse se posait contre son dos. Là où il s’était échappé à tout contact quelques instants auparavant, il revenait à ses mauvais démons. La toucher, pour en éprouver la réalité. Son regard glissa vers les ténèbres du pars qui s’étendait à plusieurs centaines de mètres sous eux. L’air nocturne, considérablement refroidi, les enveloppait.

    « Si tu tombes, tu penses que je te rattraperais ? »

Réponds-moi oui. Je t’en supplie. Réponds-moi oui.
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Message Posté Mar 29 Jan - 14:01.
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What I tell you three times is true.


Parfois, les choses sont tellement cassées qu'on ne peut pas les réparer. Parfois, la désillusion l'emporte tant sur les rêves qu'on a l'impression de suffoquer dans le désert d'un réel amer et immonde. On cherche toujours une issue, une échappatoire, la porte de la sortie, celle qui nous mènera sur le chemin de la rédemption. Mais à la place, on ne trouve que des remords et des regrets. Les souvenirs inventés d'une vie qu'on n'a pas vécue et qui tournent en boucle dès qu'on ferme les yeux. L'infinité des moments qu'on aurait pu vivre si on s'était autorisé à lâcher prise. Elle l'écoutait sans le regarder, parce que si elle croisait son regard, c'était fini. Elle ne se moquait pas de lui. Elle se moquait d'elle-même. Parce qu'il y avait ceux qui mentaient aux autres. Il y avait ceux qui racontaient des histoires pour impressionner. Il y avaient ceux qui le faisaient pour se protéger. Et il y avait Emma, qui se mentait tellement qu'elle avait fini par prendre ses illusions pour des réalités désincarnées. Et elles s'effondraient sous ses yeux, ces barrières insurmontables qu'elle avait elle même érigé entre eux. Elles se brisaient en mille éclats de verre que le vent enfonçait dans sa peau. Comme des cicatrices qui avaient tant imprégné son corps qu'elles menaçaient à présent de laisser couler le sang glacé d'Emma sur son âme. Il n'y avait plus rien autour. La nuit s'était tut. Elle attendait la réponse. Elle soupira. Elle voulait lui dire qu'il se trompait, qu'elle ne se moquait pas de lui, qu'il n'avait pas compris, mais elle n'en eut ni le temps, ni le courage.

Lorsqu'elle entendit son poing se fracasser contre le mur, elle se contenta de sursauter. Elle ne le regarda même pas pour s'assurer qu'il allait bien. Elle hésitait toujours à se laisser avoir. Elle ne voulait pas le laisser partir, mais elle ne voulait pas le laisser s'approcher. Elle avait peur de tout ce que ça allait engendrer. Elle avait peur que ça foire. Elle avait peur de tout, et de rien à la fois, parce qu'elle n'avait qu'un mot à dire, et c'était fini. Elle n'avait qu'un geste à faire, et ça commençait. Elle profitait du hiatus qui s'installait entre eux. Elle profitait du vide intersidéral dans lequel elle s'était plongée. Certains pensent qu'il n'y a rien de pire que l'incertitude. Autrefois, elle en faisait partie. Mais aujourd'hui, elle chérissait plus que tout ces moments où tout restait à définir. Le futur attendrait.

« A t’entendre, je ne vaux que comme le gamin qui a accepté de jouer avec toi au chat et de la souris. J’ai plus envie d’être la souris, Emma. Tu m’as fait venir ici. Et maintenant ? »

Et maintenant ? Qu'est-ce qu'elle en savait ? Elle avait commencé ce jeu stupide. Elle les avait embourbé dans leurs désirs incompréhensibles. Elle avait joué avec lui. Il avait joué avec elle. Elle avait eu la naïveté de croire que cet instant là, où ils partageaient un sourire innocent, durerait jusqu'à la fin des temps. Elle avait eu l'indécence de croire qu'il serait la seule source de simplicité dans sa vie. Elle avait eu l'inconscience d'espérer qu'elle oublierait ce que son cœur lui avait dit, lorsqu'elle l'avait vu pour la première fois. Elle s'était abandonnée à tout ce qu'elle méprisait. Elle s'était imaginée avec lui, et ne l'avait avoué à personne. Elle lui avait écrit des millions de lettres, dans sa tête. Elle s'était laissée avoir, et elle détestait ça. Elle détestait cette emprise qu'il avait, inconsciemment, ou pas, d'ailleurs, sur elle. Elle avait lutté, pourtant. Elle avait fait comme s'il n'était rien pour elle. Elle avait fait comme si elle n'entendait pas ce que lui disaient ses regards effrontés. Elle avait fait comme si elle n'entendait pas ses sourires complices. Elle avait fait comme si de rien n'était, mais rien ne suffisait plus. Et tout s'en allait, avec le vent qui tourmentait leur peau nue. Et tout s'en allait, les rêves, les secrets, les amours brisés, les espérances déchues, la simplicité d'une vie dont elle ne voulait plus. Elle le sentit se glisser derrière elle, et elle ne savait pas si ça lui plaisait. Elle frissonna lorsqu'il replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle tenta de faire abstraction de lui, mais son souffle chaud chassait le vent glacé qui s'était emparé d'elle. Elle baissa les yeux. Elle avait envie de se retourner, et de l'embrasser. Mais elle ne voulait pas abandonner. Elle ne voulait pas perdre. Elle voulait gagner. Parce qu'au fond, c'était rien d'autre que ça : un jeu de dupes. Non, c'était encore un mensonge. Elle commençait à s'en rendre compte. Elle commençait à arrêter d'y croire. Elle commençait à comprendre. Elle secoua la tête, doucement, comme pour éloigner la vérité qui faisait déjà trembler son corps. Elle ne voulait pas lui dire. Elle ne voulait rien entendre. Elle voulait disparaître. S'enfuir. Tout effacer, sans jamais recommencer.

« Moi je sais. Mais je ne sais pas si tu es prête à l’entendre. »

A ce moment là, elle le haïssait. Ou peut-être que c'était elle, qu'elle détestait. Elle n'avait pas été assez prudente. Elle l'avait laissé la comprendre. Elle l'avait laissé entrer dans son jeu, et à partir de ce moment là, elle avait perdu. Peut-être même qu'elle l'avait su. Peut-être même qu'elle l'avait fait exprès. Elle ne savait plus. Elle détestait cette facilité avec laquelle il pouvait la désarçonner. Tout le monde pensait qu'elle avait toujours une longueur d'avance. En réalité, c'était les autres qui étaient prévisibles. Sauf lui. Avec lui, elle ne savait jamais où elle allait. En d'autres circonstances, ça l'aurait inquiétée. Mais lorsqu'elle était avec lui, c'était comme si l'incertitude était inscrite dans la nature des choses. C'était comme si la définition de ce qu'ils avaient n'était pas importante comparée à ce qu'ils vivaient. C'était comme si elle comprenait tout, sans pouvoir se l'expliquer. Plus effrayant encore était le fait qu'elle ne pouvait rien prévoir. Emma était observatrice. Elle regardait comment agissaient les autres, et déterminait les schémas quasi certains de leur comportement. Une fois sur dix, ils la surprenaient. Une fois sur dix, il agissait comme elle aurait pu le prévoir si elle avait essayé. Le monde n'était pas surprenant. Il n'était qu'une suite logique de causes et d'effets. Il y avait une raison pour tout. Sauf peut-être pour eux.

« Si tu tombes, tu penses que je te rattraperais ? »

Elle baissa la tête pour regarder en bas. Elle n'avait pas peur du vide. Du moins, elle ne pensait pas. La nuit brouillait les frontières. On ne voyait pas le sol. Pour ainsi dire, on ne voyait rien d'autre que l'obscurité ravageuse. Elle laissa son souffle s'évaporer dans l'air glacé de l'hiver écossais. La tour d'Astronomie était la plus haute du château. Et, si elle ne le connaissait pas, elle aurait pu croire qu'il menaçait de la pousser. Pendant un instant, elle se rappela qu'elle ne savait rien de lui. Mais peut-être que c'était le moment d'apprendre. Comme tous les autres, et même si elle détestait ça, Emma était prévisible. En l'observant, on comprenait qu'elle détestait l'incertitude. Elle voulait tout savoir et tout comprendre. Et elle avait toujours cru qu'on pouvait tout expliquer. Mais ça, c'était jusqu'à ce qu'elle voit les horreurs dont les humains étaient capables. Ca, c'était jusqu'à ce qu'elle découvre qu'on pouvait s'entretuer sans éprouver de remords. Qu'on pouvait se trahir en souriant. Ses doigts fins entouraient la croix qui pendant à son cou, et en suivirent les contours. Ca, c'était avant qu'elle le rencontre.

« Si tu ne veux plus être la souris, veux-tu être le chat ? » Un sourire invisible s'afficha sur ses lèvres. Elle s'octroya une pause avant de continuer. « Tu sais, j'ai toujours cru que tu étais quelqu'un de loyal et de droit, qui portait fièrement les couleurs de sa maison. Que, malgré nos jeux, nos conneries, tu serais là pour moi, comme tu l'avais promis. En fait, pendant un moment, j'ai même cru que j'étais pas la seule à ressentir ce que je ressentais. Que, peut-être, cette fois-ci, juste cette fois-ci, c'était pas mon imagination qui me jouait des tours. Mais t'as raison, ici, c'est toi le gryffondor, et moi la serdaigle. J'aurais dû savoir que tout ça, c'était du vent. Vu tes dernières révélations, ça semblait plutôt évident, pas vrai ? Alors non, Ludwig, si je tombais, je sais que tu ne me rattraperais pas. »

Sa voix était gorgée d'assurance. Pourtant, intérieurement, elle tremblait. Parce qu'elle savait que tout était fini alors même qu'elle voulait que ça commence. Elle ne supportait pas l'idée de le savoir avec une autre, et, quelque part, elle le haïssait de l'avoir trahie. Mais elle n'arrivait pas à le chasser de son esprit. Elle pouvait continuer à mentir, elle le savait déjà : elle lui appartenait. Mais c'était trop dangereux. Peut-être. Sûrement. Pas. Elle se retourna, lentement, pour se retrouver face à lui. Ses doigts fins firent le contour de son visage, en caressant sa joue que le vent glacé avait déjà étreint. Son regard était dur. Mais sa voix tremblait déjà.

« Parce que je crois que tu serais assez con pour tomber avec moi. »

La rumeur dit que les Gryffondors sont les plus courageux des élèves de Poudlard. La vérité, c'était qu'ils étaient tous aussi fébriles que les autres devant la mort. Emma, elle, n'avait plus peur de la mort. Elle l'affrontait depuis si longtemps qu'elle avait fini par abandonner. Un sourire malicieux contamina le reste de son visage alors qu'elle fit glisser sa main contre son torse, comme pour sentir que son cœur battait toujours.

« Mais ça, j'imagine qu'il n'y a qu'une façon de le savoir. »

Concentrant toutes ses forces sur ses mains, posées sur le torse de Ludwig, elle le poussa en arrière afin de gagner du temps. Elle se retourna vers la balustrade, priant pour que la magie fonctionne. Un chuchotement et sa baguette fit exploser le fer rouillé dans une poussière morbide que le vent emportait déjà. Elle se retournait, maintenant, dos au vide, face à lui, prête à se laisser tomber. Elle savait que ce moment viendrait, mais elle n'avait jamais voulu l'imaginer jusqu'au bout. Le dernier défi. Elle recula d'un pas.



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ϟ maison : Il a appartenu, durant neuf ans, à la maison de Gryffondor.

♦ Nota Bene
:
: Emma Gray. Aubépine de Séverac. Perpetua Plumpton. Fulmina Pletorn. Delhi Singh-Anderson. Vitali Zorotalev. Simba Farewell.
: ♠. Baguette. Paquet de cigarettes. iPod.



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Message Posté Mar 29 Jan - 23:04.
Il l’écouta le descendre en flèche, encaissant ce qu’elle pensait de lui ; lâche, fourbe, mercantile, égoïste. Un garçon qui s’était contenté de jouer comme un chaton s’amuserait avec une pelote de laine, juste pour le plaisir de la voir s’essouffler derrière lui, à la recherche de ce qu’elle ne parvenait pas, ne parviendrait jamais, à saisir. Il aurait pu s’en offusquer. S’en offenser. S’en vexer. Il aurait pu, comme il en avait l’habitude, répondre avec virulence, de propos viscéraux qu’il regretterait finalement devant un sac de sable qu’il rouerait de coups ; ce n’était pas de la fierté, ce n’était pas les hurlements d’un ego mal placé, seulement l’écho de la colère du gamin orphelin qui avait grandi seul. Il aurait pu répondre à son impulsivité sanguine. Il aurait pu répondre au sentiment de trahison qu’elle lui inspirait, alors que son poison coulait de ses lèvres pour ne faire de lui que l’image du garçon cruel qui aurait impunément jouer avec elle. Pourtant, il resta planté là, encadrant de ses bras la jeune femme dont il respirait le parfum envoûtant, ses cheveux effleurant le creux de son cou, sentant sa chaleur irradier sa peau, brûlant le voile gelé de l’air nocturne. Pourtant, il restait planté là.

Lentement, elle pivota pour lui faire face ; il se redressa à peine, rencontra son regard sombre dissimulé dans la pénombre de la tour désaffectée, à peine illuminé de l’éclat argenté de la lune qui les dominait. Les ombres jouaient sur son visage, accentuant ses traits affinés et donnant à son profil la majesté d’un aigle. Il la trouvait magnifique. Magnifique, comme une créature resplendissante déployant ses ailes blanches. Magnifique, comme une prédatrice s’apprêtant à planter ses griffes dans sa gorge. Ses doigts effleurant son visage, légers et évanescents, lui laissèrent entendre la suite. Lui laissèrent penser ce qui allait se passer. Ce qu’elle allait dire. Ce qu’elle allait faire. Il ne frissonna pas. Il ne trembla pas.

Elle pouvait lui assener tous les meilleurs mensonges qu’elle pouvait concevoir, il demeurera convaincu de ce qu’elle n’avait jamais eu l’intention de terminer ce qu’ils étaient sur le point de commencer. Elle avait choisi d’y renoncer ; il avait choisi de l’y convaincre.

Il trébucha lorsqu’elle le repoussa, l’observa murmurer l’incantation et grimaça lorsque l’explosion éclata dans ses oreilles, y logeant un bourdonnement désagréable. Il l’observa encore, lorsqu’elle le défia du regard, il l’observa encore lorsqu’elle se tint au bord du des planches aux crocs acérés, fondant dans le vide, il l’observa encore lorsqu’elle esquissa le geste de reculer d’un pas. Il n’y avait guère plus d’une foulée entre eux. Une seconde d’éternité. L’observation, l’appréhension, la prévision ; il devait ses réflexes à des heures passées à estimer les coups des autres pour mieux les parer. Elle n’était pas prévisible. C’était eux qui l’étaient. Une seconde d’éternité. Il était un Gryffondor ; courage, témérité, pulsions vindicatives. Il avait oublié la magie ; qu’elle déconne ou pas, il l’avait oubliée. Quelque part, derrière lui, vivait un sorcier qui avait eu neuf ans pour se forger. Quelque part, derrière lui, vivait un sorcier qui avait sa baguette dans la poche de son jean. Quelque part, derrière lui. Ludwig ne vivait pas comme un sorcier. Il avait oublié la magie ; qu’elle déconne ou pas, il l’avait oublié. Il était un Gryffondor ; courage, témérité, pulsions vindicatives.

Une seconde d’éternité. Il franchit ce qui les séparait d’une enjambée, passa un bras autour de sa taille, s’appuyant de l’autre sur la poutre la plus proche. Une seconde d’éternité. Il concentra ses forces dans ses bras, poussa sur son appui, se projeta en arrière, emmenant Emma avec lui dans sa chute. Une seconde d’éternité. Il n’avait pas pris les bons appuis, il sentit le poids de la jeune fille appuyer le sien et le faire basculer en arrière. Une seconde d’éternité. Il s’effondra sur le sol, Emma dans ses bras. Emma étendue sur lui. Emma contre lui. Une seconde d’éternité.

Une chape de silence s’abattit sur le balcon de la Tour d’astronomie. Il sentait le cœur d’Emma battre contre sa poitrine, ses cheveux tombant sur son visage, ses mains glacés sur ses bras, son souffle sur ses lèvres. Instinctivement, il resserra sa prise autour de la jeune fille, glissant ses mains dans son dos ; il la tenait. Et il était absolument hors de question qu’il la lâche, à part de maintenant.

    « Ouais, c’est vrai que le Choixpeau a hésité avec Serpentard lors de ma répartition. »

Il sourit. Son cœur cognait contre sa poitrine ; il se rendit compte que l’adrénaline avait masqué les tremblements de la peur qui l’avait envahi quand il avait su quelle était la nature de ses intentions. Le mettre au pied du mur ; parce qu’ils ne savaient pas communiquer autrement, lorsqu’il s’agissait de sortir des sentiers battus. Ne pas se connaître, pour ne pas s’attacher ; se défier, pour ne pas avoir à assumer. Et pourtant. Et pourtant, il ne voulait pas la lâcher. Il ne pouvait pas la lâcher. Il ne savait pas exactement quand… quand ce qu’il éprouvait avait changé. Ce n’était qu’un jeu, au début ; ça avait démarré comme ça, parce qu’au fond, ni l’un ni l’autre ne savait exactement où était leur place. Lui, l’orphelin, lui, le gamin abandonné, et elle, qui se cachait, elle, qui se dissimulait derrière l’insolence. Ça avait commencé comme ça. Ca finirait par la promesse d’un autre lendemain.

Ludwig emmêla ses doigts dans les cheveux bruns d’Emma, son regard glissant sur son visage éclairé en demi-teinte par les rayons de la lune qui s’engouffraient par les morceaux effondrés du toit.

    « T’es une foutue tête de mule. Mais t’as raison, je suis assez con pour tomber avec toi. »

Il marqua une pause ; sa main glissa sur son visage, alors que son bras la maintenait davantage contre lui.

    « Tu sautes, je saute, tu saisis ? »

Il était un Gryffondor ; courage, témérité, pulsions vindicatives. Le Choixpeau n’avait jamais hésité, avec n’importe laquelle des maisons. Il était de ceux qui portaient le rouge et l’or à la fin de l’année, lors de la remise de la Coupe des Quatre maisons. Il était de ceux qui arboraient le lion en emblème. Il était de ceux qui se faisaient charrier pour leur comportement extravagant, jamais attentifs, toujours meilleurs en pratique, toujours derniers en théorie. Ceux qui préféraient les bains de soleil l’été à réviser leurs examens, avant de supplier leurs amis de les aider dans leurs révisions retardées. Il était de ceux-là. Pas pour sa paresse. Ni pour son courage légendaire. Peut-être pour son désintérêt ; sûrement pour son impulsivité, et son étrange capacité à ne pas pouvoir être un gamin capable de méchanceté. Honnêteté et honneur. Il était peut-être un peu de tout ça, après tout.

En tout cas, il l’était pour elle. L’attirant autant qu’il était encore possible qu’il le puisse, il l’embrassa.

    « Tu me crois, maintenant ? »

Elle allait lui répondre que non. Ou un quelconque artifice pour cacher ses véritables sentiments. Elle était ainsi ; et lui, il l’aimait. Il l’aimait, sans doute trop, mais il l’aimait ; et profitait impunément de l’avoir dans ses bras, gardant consciencieusement la prise qu’il avait sur elle. Il n’attendait pas vraiment de réponse. Et préférait ne pas entendre de mensonge. Mais il prendrait ce qu’elle lui donnerait. Pour la première fois ; ou pour la dernière fois.

Par réflexe, il esquissa un geste pour modifier un peu sa position et en trouver une plus confortable ; l’infime mouvement qu’il esquissa déclencha une vague de douleur lancinante qui balaya tout son corps, le convainquant que sa position actuelle était suffisamment confortable. Il grimaça ; il n’avait pas senti la douleur exploser dans son dos lorsqu’il s’était échoué sur le sol, Emma contre lui.

    « Seigneur, j’ai pas survécu à un coma d'un mois et demi pour crever d’un mal de dos. »

Un sourire ironique étira ses lèvres ; voilà un dur retour à la réalité.
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Message Posté Ven 1 Fév - 21:47.
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What I tell you three times is true.


Les gens disparaissent. Ils finissent par quitter le champ de notre vie, par s’évader dans le désert d’une réalité incroyable. Les gens disparaissent, ils s’en vont, ils nous abandonnent. Parfois, c’est parce qu’on les chasse. Parfois, c’est parce qu’ils nous chassent. Alors elle mettait sa vie et ses espoirs entre ses mains. Elle lui donnait le choix ultime. L’alternative immonde. Parce qu’elle avait peur de l’avenir incertain qui les attendait, elle préférait fuir dès à présent. Elle préférait se laisser tomber dans le vide et vivre cette seconde de doute jusqu’à la fin des temps. Pourtant, elle ne regrettait pas. Peut-être parce qu’elle savait qu’il la rattraperait. Peut-être parce qu’elle savait qu’un gryffondor n’aurait jamais laissé quelqu’un crever sous ses yeux. Sûrement parce qu’elle n’était pas la première, et qu’elle ne serait pas la dernière. L’éternité s’écroula sous ses yeux. Le temps ralentit et finit par s’arrêter. Elle pouvait voir le vent. Elle pouvait sentir le néant. Elle pouvait s’en aller. Mais ce n’était pas son heure. Et, lorsque l’éternité se termina, tout s’accéléra. Trop vite.

Elle sentit son bras contre son dos. Elle sentit la chute s’inverser. Elle sentit son corps contre celui de Ludwig. Elle sentit le vent glacé souffler. Elle sentit la lumière lunaire sur sa peau pâle. Elle regarda dans ses yeux, elle y vit l’honnêteté la plus brutale. Elle aurait aimé que tout ça ne soit qu’un mensonge. Elle aurait aimé ne pas y croire autant qu’elle y croyait. Mais elle était sienne et, à présent, il pouvait lui faire autant de mal qu’il voulait, elle ne se débattrait plus. Elle sentit sa main dans ses cheveux, elle avait beau lutter de toutes ses forces, elle ne put réprimer son sourire. Elle détestait ça, cet effet qu’il avait sur elle. Elle détestait ça, cette sensation qu’elle allait se faire avoir à nouveau. Pourtant elle se laissait faire. Elle se laissait emporter dans les tourments qu’elle avait trop longtemps fuit et anticipé à la fois. Elle laissa ses espoirs étreindre la réalité, le temps d’un soir.

« T’es une foutue tête de mule. Mais t’as raison, je suis assez con pour tomber avec toi. »

Des deux, c’est moi la plus conne, pensa-t-elle. Mais elle était déjà dedans. Elle était déjà à lui. Elle ne pouvait plus reculer. Elle ne voulait plus reculer. Alors, lorsqu’il la serra contre lui, elle ne se débattit pas. Pire, elle arrêta de fuir son regard pour s’y plonger complètement. Peu à peu, elle sentit tous ses mécanismes de défenses se défiler. Son regard n’était plus froid, il était doux. Son visage n’était plus crispé, il laissait un mince sourire apparaître. Son cerveau s’accorda quelques secondes de répit, de rien, avant d’essayer de comprendre ce qui lui arrivait. Sa main glacée caressa machinalement son visage, comme pour lui montrer qu’elle approuvait. Peu à peu, elle abandonnait totalement ses gardes. Elle laissait ses peurs s’écrouler sous le poids de ce qu’elle ressentait. Elle laissa Ludwig l’emporter. Il avait gagné.

« Tu sautes, je saute, tu saisis ? »

Elle laissa un éclat de rire transpercer ses lèvres, mais le ravala dans un sourire gêné : elle aurait fait pareil. Et elle ne comprenait pas pourquoi. Elle ne connaissait pas Ludwig. Du moins, pas autant qu’elle l’aurait voulu. Pourtant, elle aurait pu donner sa vie pour lui. C’était un fait, elle ne tenait pas vraiment à la sienne, mais elle ne l’aurait pas confié à n’importe qui pour autant. C’était étrange, ce sentiment qu’il ne pouvait plus rien lui arriver, pas tant qu’il serait là, contre elle. Ce sentiment qu’ils étaient invincibles alors même qu’ils avaient déjà abandonné la bataille. Mais des deux, c’était elle qui avait perdu, et elle le comprit lorsqu’elle le laissa l’embrasser. Lorsqu’elle laissa ses lèvres fondre dans les siennes. Lorsqu’elle laissa ses yeux se fermer. Et, exactement comme ça avait commencé, ça se termina. Elle baissa les yeux un instant et se lova contre son torse. Elle écouta son cœur battre, pour s’assurer que tout ça, c’était bien réel. Elle s’était tellement perdue dans des illusions sans nom qu’elle avait fini par douter de la réalité des choses. Elle refusait de vivre dans un dernier mensonge.

« Tu me crois maintenant ? »

Elle laissa un sourire s’échapper. Est-ce qu’elle le croyait ? Comment aurait-elle pu faire autrement ? Le problème, c’était qu’elle ne voulait pas l’avouer. Bien sûr, elle l’avait déjà un peu fait en répondant à son baiser, en se blottissant contre lui, en cédant à tout, à rien, à eux. Mais, le dire, c’était une autre histoire. Emma accordait beaucoup d’importance aux mots. Chaque chose avait une raison. Chaque raison pouvait s’expliquer. Et elle détestait ce qui ne s’expliquait pas. Elle détestait les faux mots. Ceux qui n’étaient ni pensés, ni signifiants. Mais elle détestait encore plus ceux qui voulaient tout dire, et qu’elle réservait précieusement pour les moments opportuns. Alors, dans un murmure qui s’évapora dans la nuit.

« Ce que je crois n’est pas très important, à présent, n’est-ce pas ? »

Croire, savoir, faire. Il y avait une telle différence entre les mots et les actes que parfois, elle ne savait plus lequel devait primer. Elle ne lui aurait jamais dit ce qu’elle ressentait. Alors elle se contentait de lui montrer. En se jetant du haut de la tour d’astronomie. En l’embrassant. En restant là, avec lui, malgré le froid qui gagnait leur corps. Croire, savoir, faire. Tout ce qui comptait, c’était le présent. Les mots s’envolaient déjà dans le passé. Les actes restaient. Elle sentit Ludwig bouger sur elle avant d’entendre son soupir. Elle releva la tête, fronçant les sourcils.

« Seigneur, j’ai pas survécu à un coma d'un mois et demi pour crever d’un mal de dos. »

Comme tout le monde, elle savait que Ludwig avait passé des semaines dans le coma. Mais comme tout le monde, elle ignorait pourquoi. Les rumeurs les plus improbables courraient à ce sujet. Elle ne les avait jamais crues. Elle ne posa pas non plus de question : s’il avait voulu lui en dire plus, il l’aurait fait. Elle ne voulait pas être de celles qui, rongées par la curiosité, faisaient semblant de s’intéresser à tout. Elle ne voulait entendre que ce qu’il voulait lui dire. Peu importait, alors, s’il ne lui dirait jamais. Elle se releva, doucement, pour lui permettre de bouger en toute liberté, un sourire moqueur au bout des lèvres.

« Oh pardon, j’avais oublié à quel point tu étais vieux. Mais, rassure-toi, tu ne mourras pas ce soir. Je l’ai vu en cours de divination. Tu veux que je te dise comment tu mourras ? Non, c’est mieux de te laisser la surprise. Si jamais tu savais, alors ça serait de la triche, pas vrai ? »

Il n’y avait pas grand-chose qu’Emma détestait plus que la divination. Pourtant elle vouait un intérêt étrange à la mort. Elle aurait tout donné pour savoir comment ça allait se passer. Certains trouvaient ça malsain. Elle, elle trouvait ça rassurant. Là bas, sous le sol de Poudlard, se trouvaient ses camarades. Elle ne voulait pas finir comme eux. Elle ne voulait pas crever pour une cause perdue. Elle voulait une belle mort. De celles qu’on n’oublie pas. Elle posa son regard sur ce pauvre Ludwig qui avait l’air de souffrir atrocement. Elle ne put s’empêcher de se sentir coupable. Mais elle ne le lui montrerait pas. Elle avait beau être une serdaigle, elle était aussi fière qu’un gryffondor. Elle lui tendit la main pour l’aider à se relever.

« J’imagine que l’infirmière ne s’étonnera pas de te voir arriver à une heure si tardive… Après tout, ça ne serait pas la première fois. Reste à savoir quelle excuse on trouvera, cette fois. »

Ca avait commencé par des défis débiles. Par des sourires complices. Par l’impression d’exister. Par l’impression de vivre, de brûler jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. Ca se terminerait comme ça, elle en était sûre, mais pour l’instant, elle prendrait les choses comme elles viendraient. Elle se souvenait de ce soir où elle l’avait défié d’aller voler les restants de crème anglaise et où il s’était renversé la soupière sur le pied. Elle se souvenait d’halloween et de leurs déguisements stupides. Elle se souviendrait toujours de ce soir où il l’avait rattrapé. Parce que dans quelques années, de leur courage, de leur histoire, de leurs disputes, il ne resterait que ça : des défis.

« Tu sais, je suis sûre que le choixpeau n’a pas vraiment hésité. Tout le monde sait qu’il n’y a pas plus gryffondor que toi. Bordel de troll, Emrys me tuerait si elle entendait ça. Elle prétend avoir reçu l’épée de gryffondor, une fois, dans la forêt interdite. Je suis sûre qu’elle ment. Elle n’a jamais foutu un pied dans la forêt. »

Elle regarda le trou dans la rambarde qu’elle avait fait exploser quelques minutes plus tôt en se demandant si quelqu’un le remarquerait. Puis elle se dit qu’il n’y avait qu’eux pour être aussi fous pour grimper jusqu’ici. Quelque part, cette pensée la rassura.




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ϟ maison : Il a appartenu, durant neuf ans, à la maison de Gryffondor.

♦ Nota Bene
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: Emma Gray. Aubépine de Séverac. Perpetua Plumpton. Fulmina Pletorn. Delhi Singh-Anderson. Vitali Zorotalev. Simba Farewell.
: ♠. Baguette. Paquet de cigarettes. iPod.



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Message Posté Sam 2 Fév - 0:15.
Il se sentait vivant.

C’était con. C’était stupide. C’était naïf. Pourtant, il avait déjà ressenti cette sensation. Des années plus tôt, lorsqu’Âliya était venue le trouver ; lorsqu’elle venait se blottir contre lui dans son lit quand ils étaient enfants ; quand elle l’embêtait sous couvert du soleil d’après-midi ; quand elle lui reprochait son manque d’intérêt ; quand elle lui souriait ; quand elle riait ; quand elle vivait. Il s’était senti vivant ; étincelant, rayonnant, heureux. Il s’était senti vivant. Et puis, elle était morte ; et lui avec elle. Sa promesse n’avait d’engagement que le nom ; il avait tout abandonné. Delhi, Hermès ; il avait tiré un trait sur tout ce qui avait un rapport avec elle. C’était trop douloureux. C’était trop intense. Il s’était contenté de faire un peu plus d’efforts, et s’était tourné un peu plus vers ses amies. Il avait multiplié ses séances d’entraînements et avait ressorti ses puzzles les plus compliqués. Il avait doublé, triplé sa consommation de cigarettes. Et puis, il s’était engagé dans un jeu du chat et de la souris avec une jeune fille qu’il ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam, qui, un jour, pour s’amuser, l’avait défié, simplement parce qu’il avait la réputation de ne pas reculer devant la compétition, devant les paris, devant le ridicule. Quitte à respirer, autant perdre son souffle quelque part.

Il l’avait suivie. Elle l’avait embobinée. Il l’avait provoquée. Elle l’avait relancé. Il l’avait poussée. Elle l’avait piégé. Ils s’étaient trouvés.

Il se sentait vivant, et c’était con, c’était stupide, c’était naïf. C’était son sentiment.

Tant que tu restes avec moi, ce qu’elle croyait n’avait effectivement pas d’importance. Tant que tu restes avec moi, même ses mensonges feront figure de réalité. Sans doute parce qu’il était persuadé qu’elle cesserait peut-être d’en inventer. Sans doute parce qu’il avait confiance en elle – qu’il voulait avoir confiance en elle. Sans doute parce que là, maintenant, affalé sur le plancher grinçant de la Tour d’astronomie, le vent glacial s’engouffrant par rafale dans les brisures écartelées de la structure, Emma contre lui, Emma dans ses bras, les battements de son cœur faisant écho aux siens, sa douce chaleur irradiant contre sa peau nue, il avait confiance en tout. Même en l’avenir ; ce en quoi il n’avait jamais pensé croire de nouveau. L’avenir. Il avait prévu un avenir du vivant d’Âliya, puis il l’avait abandonné, comme tout le reste. Emma était un nouveau souffle. Un nouvel élan. Elle ne le lui dira probablement pas maintenant, ni demain, ni dans la semaine, et peut-être même ne le fera-t-elle jamais. Il savait néanmoins que pour elle, les actes comptaient plus que les mots ; et pour le gamin qui avait grandi dans une ferme, avec pour toute compagnie une peluche rapiécée qui avait appartenu à d’autres avant lui, c’était suffisant. C’était tout ce qui comptait. Son regard. Son baiser. Sa confiance alors qu’elle se blottissait contre lui. Et sa moquerie au bout de sa langue de vipère. Alors oui, à cet instant, il avait confiance. Confiance en elle. Confiance au lendemain. Confiance, simplement. Tant que tu restes avec moi, je croirais que le soleil se lèvera demain, et on le verra ensemble.

Il se sentait vivant, et c’était con, c’était stupide, c’était naïf.

Il l’observa se redresser ; la morsure du froid lui sauta à la gorge lorsqu’elle s’écarta. Il ne s’était pas rendu compte à quel point elle avait pu le réchauffer en restant contre lui ; ou n’était-ce qu’un fruit de son imagination dopé aux effets hallucinogènes de ses sentiments. Il la bénit de ne pas lui poser de questions quant à son coma ; il l’avait mentionné sans réfléchir, et l’avait regretté la seconde suivante. Ca ne concernait que lui, et personne d’autre. Il lui renvoyant un regard blasé que démentait son sourire lorsqu’elle mentionna la différence d’âge, avant d’attraper la main qu’elle lui tendait. Il grimaça, une nouvelle fois, en sentant la douleur exploser dans son dos alors qu’il se redressait en position assise ; son coccyx n’avait pas vraiment apprécié sa chute et le lui faisait remarquer avec toute la subtilité dont le corps humain était capable. Elle mentionna l’Infirmerie, il fronça le nez, secoua légèrement la tête, se releva sans lâcher sa main. Il voulut lui dire que ce n’était pas nécessaire, qu’il se retrouverait avec une belle ecchymose mais qu’il avait connu pire, mais non seulement elle ne lui en laissa pas le temps, mais elle n’avait, une fois encore, pas à le savoir. Alors, il l’écouta discuter lui assurer qu’il était un Gryffondor de pure souche – « Merci », lâcha-t-il, mais elle sembla ne l’entendre qu’à peine –, et déblatérer sur sa possible mort qu’elle aurait lue dans du marc de café.

Emma accordait beaucoup d’importance aux mots, et il aimait bien l’écouter parler. Pas ce soir.

Il l’attira soudainement à lui, étouffant à la naissance ses prochains mots, si elle en avait, et lui embrassa les lèvres, furtivement.

    « C’est vrai, le Choixpeau n’a pas hésité sur ma maison, et c’est pour ça que je n’ai pas besoin de faire un tour à l’Infirmerie. »

C’était faux ; il savait qu’un choc pouvait réveiller ses anciennes blessures, mais il n’avait ni l’envie, ni la motivation pour aller à l’Infirmerie, réveiller l’infirmière qui allait attendre le lendemain, quand il reviendrait, seul, pour lui faire une leçon de morale qu’il approuverait en hochant la tête, l’air un peu penaud pour la forme. Elle savait parfaitement qu’il contournait le règlement régulièrement, et avait la délicatesse de ne jamais rien en dire en acceptant ses fausses excuses. Elle avait juste la promesse qu’il ne tenterait rien d’inconsidéré.

Ludwig jeta un œil à la balustrade déchiquetée. Si elle savait qu’il avait failli provoquer le suicide d’une élève et qu’il avait failli tomber avec elle, elle le tuerait sur place.

    « J’aurais un bleu », reprit-il en haussant les épaules. « Une chute au Quidditch et on apprend vite à se relever. Et puis, tu le sais bien, ce n’est pas comme ça que je dois mourir, non ? »

Il posa son front contre le sien, une dernière fois avant de la quitter. L’explosion ne devait pas être passée inaperçue, et le Château ne serait jamais assez grand pour les dissimuler plus longtemps ; une raison de plus de ne pas se faire remarquer par un tour à l’Infirmerie. Il était temps de quitter cette tour et de rentrer chacun dans leurs dortoirs ; même s’il ne le voulait pas. Il aurait aimé simplement la serrer dans ses bras plus longtemps, à jamais sûrement ; ses certitudes se brisaient entre chien et loup. La réalité le rattraperait peut-être demain. Peut-être que ce sera comme avant, comme si rien ne s’était passé, ou que ce ne sera jamais plus comme avant, peut-être pire. S’il la lâchait, que se passerait-il ? Quelles étaient ses assurances ? Il n’avait que le regard qu’elle plongeait dans le sien pour le convaincre qu’au lendemain, il la retrouverait. Comme ce soir. Mieux que ce soir. Il n’avait que ça.

    « Emrys n’a pas besoin de t’entendre, elle te tuera en sachant que tu m’as laissé t’embrasser. » Il marqua une pause. « Et c’est pas pour me déplaire. » Il esquiva de justesse l’ersatz de frappe qu’elle esquissa sans conviction. Il sourit.

Au final, c’était suffisant.
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