Ezra avait finit les cours depuis plus d'une heure, et traînait à présent comme une âme en peine dans le parc. Comme vous vous en douterez, ce n'était pas le genre de gars à avoir des supers potes qui le suivent partout et à faire les 400 coups avec eux. Ses quelques rares amis n'étaient pas dans le coin, et surtout devaient avoir bien d'autres sujets de préoccupation. Ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls. Ses pas le dirigeaient inexorablement vers la stèle, où avait été retrouvé l’hippogriffe doré. Cet événement l'avait laissé pantois, et il avait été surpris de voir que tous étaient soulagés que le monstre n'ait pas été vivant pour les attaquer. Cela restait un très mauvais présage, et surtout une grande peine pour Ezra, qui admirait ces sublimes créatures depuis toujours.

Alors qu'il approchait de la stèle blanche, une faible odeur de pourriture attaqua ses sens. De nombreux sortilèges avaient été utilisé pour purifier l'endroit, mais le souvenir de la mort de la créature était persistant. Il grimaça mais continua d'avancer, se plantant devant le monument aux morts. Le soleil se reflétait sur les noms gravés à l'or. Quelques bouquets traînaient là, la plupart commençant à se faner. Peu de gens osaient encore venir s'y recueillir. C'était déplorable mais inévitable.

La colère d'Ezra contre les aberrations auxquelles il faisait face grandissait de jour en jour. Cela avait commencé bien des années plus tôt, et ça n'était visiblement pas près de s'arrêter. Son père l'avait pourtant mis en garde, le poussant à quitter l'université et à prendre en main son destin, c'est à dire à devenir mangemort. Mais comme toujours, il avait ignoré ses mises en garde. Hors de question qu'il vive selon les codes que son paternel voulait lui imposer. La société n'était certes pas l'endroit où il se sentait le plus à l'aise, mais avant que le chaos ne bouleverse le monde des sorciers, il parvenait à y vivre sans grande difficulté. À présent, les doutes l'assaillaient. Était-il certain de vouloir se battre pour sa survie, de vouloir se placer aux cotés de ses semblables face au danger imminent ? Il n'était même pas certain de connaître la véritable origine du mal.

Ses pas et ses pensées l'avaient entraîné un peu plus loin de la stèle. S'asseyant au pied d'un chêne, il appuya sa nuque contre son tronc et tenta de vider sa tête de toute noirceur. C'était une opération difficile, que lui avait apprit sa mère bien des années auparavant et qui devait lui permettre de prendre les bonnes décisions. Cette fois-ci, il n'y parvint pas. Trop de questions se bousculaient en lui et trop de visages s'imposaient à son esprit. Si les réponses se trouvaient quelque part, ce n'était pas ici.