Calixte a toujours aimé les cours de botanique, découvrir de nouvelles plantes toutes plus étrange, magique et magnifiques (ou pas) les unes que les autres. Alors, c'est d'un naturel joyeux que cet après-midi, juste après un repas des plus copieux, elle se rendit en sautillant le sourire aux lèvres vers la serre numéro six. Il y a peu de jours en général où Calixte est vraiment heureuse. Pas comme ces jours où elle fait semblant d'être épanouie et où elle se colle un sourire chaleureux au visage pour cacher sa culpabilité et sa tristesse intérieure. Arrivé au niveau des serres cette agréable odeur de fleurs fraiches et de terre humide emplie ses narines et lui brouilla pendant un instant tous ces autres sens habituellement si aiguisés. Elle prit son temps en passant devant les cinq premières serres. Les yeux fermés et les sens aux aguets elle s'amusait toujours à se remémorer toutes les plantes étudiées et à les repérer grâce à son odorat et son ouïe plus développés que la normale. Et c'est ainsi d'un pas léger qu'elle arriva dans la serre numéro six où elle avait cours. À l'odeur elle savait déjà qu'elle n'était pas la première mais également pas la dernière. Elle avait "repéré" un Serdaigle dans sa classe qui avait pour elle une odeur bien spécifique et très agréable, un mélange de vieux bouquins, d'après rasage, de shampoing pour homme au savon de Marseille et un soupçon de quelque chose qui lui titillait l'arrière de la narine et qui l'agaçait au plus haut point, car elle ne parvenait pas à deviner ce que cela pouvait bien être. Bien sûr à tout cela il faut rajouter l'odeur corporelle, propre à tout individu et qui, pour le jeune homme méritait un huit sur dix d'après la petite louve.
Elle entra dans la serre et constata qu'elle ne s'était pas trompée, il n'était pas encore là, ce qui ravit la jeune fille qui adorait anticiper son arrivée et observer, un sourire au coin des lèvres, les autres filles de la classe dont le comportement changeait du tout au tout lorsque "le tombeur" était présent. C'est comme une réaction en chaine, avant les fifilles à papa trop soucieuses de leur apparence se remaquillent et se contemplent les lèvres en O dans leur miroir, les ras de laboratoire plus timides ne peuvent s'empêcher de fixer la porte par-dessus leurs lunettes d'un air coupable et les garçons manqués essaye de se mettre un petit peu en valeur pour une fois en lâchant leurs cheveux et en mettant légèrement leur poitrine en avant. Et puis là PAF la porte s'ouvre c'est lui ! Les blondes écervelées se penchant sur leur table dans une position où on ne peut pas rater leur décolleté et avec la même tête pulpeuse et légèrement allumeuses qu'elles venaient de mettre au point devant leur glace, les intellos le fuient du regard et font mine de lire en lançant de rapides coups d'oeil, tout de même et les sportives en oublient comme toujours leur apparence et redeviennent naturelles pour lui sourire franchement et le saluer comme si c'était leur meilleur pote. Et puis entre tout ça y a les filles comme Calixte qui s'en moquent comme d'une vieille dragée de Bertie Crochue au goût poubelle et qui regardent tout ça d'un air amusé. Bien sûr elle n'était pas si insensible au charme du beau brun alors un rapide coup d'oeil sur ce corps presque parfait et sur cette petite fossette qui apparait sur sa joue gauche lorsqu'il sourit n'a jamais tué quelqu'un, après tout pourquoi ne pas en profiter discrètement elle aussi ?!
Et puis leur professeur de botanique entama le cours. Elle les plaça tous autour de la longue table contenant les plantes du jour à étudier et par le plus grand des hasards le tombeur qui répondait au doux nom de Zadig se retrouva juste à côté de Calixte. La jeune fille ne put s'empêcher de jeter un rapide coup d'oeil sur son voisin et coéquipier pour la manipulation, lorsqu'il se pencha sur la plante à rempoter, l'air grave et séreux d'élève assidu qu'ont un peu tous les Serdaigle. Il dut visiblement se sentir observer, car il leva la tête pour la prendre en flagrant délit de matage intensif. Leurs yeux ce croisèrent et Calixte en perdit légèrement ses moyens. Le rose lui monta aux joues tandis qu'elle détournait le regard pour tenter de se concentrer sur leur travail et oublier le gène qu'elle ressentait présentement. Du coin de l’œil elle le vit sourire avant de faire de même. Pour le reste du cours l'atmosphère se détendit quelque peu au fur et à mesure qu'ils parlaient, de ce qu'ils avaient à faire bien sûr, et qu'ils se rapprochaient. Certains peuvent douter qu'une affinité puisse se créer seulement durant un cours de travaux pratiques en botanique mais c'est exactement ce qui se produisit.
Mais Zadig se tourna pour ranger un pot remplis de terre fraiche sur une petite étagère derrière eux et là le drame se produit. Quand je parle de terre fraiche, c'est ici de la terre, du terreau magique et beaucoup d'eau, donc en faut de la bonne boue. Et de la boue qui atterrie tout à coup sur la tête de la jeune Gryffondor. Le pot venait d'échapper des mains du Serdaigle pour venir se loger, à l'envers, sur le crane de Calixte qui fut tellement surprise qu'elle en lâcha celui, vide, qu'elle avait dans les mains. Les yeux écarquillés elle se retourna lentement vers Zadig qui affichait la même surprise sur son visage.

Dit, il s'est bien passé ce que je crois qu'il s'est passé ?

La botanique est l’une des matières préférées de Zadig. Enfin peut-être pas préférée, mais il affectionnait faire des recherches sur les plantes, sur leur utilisation. Bien entendu ce n’était pas une matière où il fallait faire attention à ses petites mains ou encore à sa robe de sorcier. C’était plutôt un lieu…où toute chance d’avoir l’air particulièrement magnifique était limitée. Le jeune Serdaigle, cependant, n’était pas connu pour faire particulièrement attention à lui. Certes il était doté d’un corps avantageux et d’un visage, qu’il ne pensait pas trop vilain, mais ce n’était pas le genre de garçon à s’entretenir particulièrement. Il aimait le sport avec modération-et d’ailleurs, la présence de muscles lui restait toujours particulièrement étrange, car il n’était pas particulièrement en adoration face aux abdos, altères et tout le reste- et préférait un livre à une journée de course ou de balai.

Il avançait d’un pas décidé vers la serre. Etait-il en retard ? Il ne pensait pas, mais sa notion du temps se trouvait parfois être fausse. Effectivement, il n’était pas très doué avec tout ce qui concernait les horaires. Pourtant c’était quelqu’un d’assez ponctuel. Cela réussissait grâce à la chance, sans aucun doute. Zadig, chanceux ? Non, mais en ce qui concernait les études, il se débrouillait assez bien. Il avait sans doute une bonne étoile qui le guidait vers la réussite. A défaut de l’avoir guidé vers Serpentard, sans doute. A cette pensée, un léger sourire apparut sur ses lèvres. Aux dernières vacances ses parents avaient été abjects. Pourtant il avait senti un certain malaise quand il parlait à son frère. Effectivement, celui-ci semblait avoir trempé dans quelques mauvaises organisations. Zadig aurait parié qu’il était responsable des derniers meurtres lors du Tournoi des Trois Sorciers, mais il n’avait aucune envie de l’affirmer. Il n’avait pas envie de se mouiller dans ces histoires. Oui, ce n’était pas un garçon qui « s’indignez » ! Après l’histoire qu’il avait, il avait plutôt appris à ne rien dire et à se taire. Sans doute était-ce une mauvaise chose. Mais de toute façon, c’était ainsi. Et personne ne le ferait changer d’avis. Enfin si peut-être. Bref.

Le Serdaigle arriva enfin. Il avançait doucement, adressant un sourire aux gens qu’ils connaissaient vaguement. Il ne notait pas les jeunes demoiselles qui se retournaient sur son passage. Il ne comprenait pas facilement le charme qu’il avait. Et à vrai dire, en ce moment, c’était le cadet de ses soucis. Il avait envie surtout de réussir ses études, de retrouver ses amis, qu’il avait un peu perdu suite à sa micro-grande !!!- dépression dû à son mal-être intérieur. Oui, oui ce n’est pas toujours facile d’être le vilain petit canard, mais on finit par s’y habituer. Le jeune homme commençait à aller particulièrement mieux ! Il prenait plus de recul. Il arrêtait de…séduire à tout va, de « nouk-nouker » (aaa)…à tout va aussi ! Et surtout, il se sentait mieux. Plus en paix.

« Monsieur Wheelser, allez rejoindre Calixte, qui se trouve là-bas. Vous travaillerez ensemble. Bon aujourd’hui, les élèves, je vous demande d’enfiler vos gants en peau de dragon. Parfois les feuilles de Plante à Pipaillon sont particulièrement irritantes pour la peau. De plus cette plante frémit beaucoup et s’agite aussi ! Vous devrez la transférer en prenant soin de ne pas la blesser, casser, dans un peau, plein de terre fraiche. D’ailleurs la terre fraiche est assez boueuse. Vous y rajouterez de l’engrais de dragon. Les plantes à Pipaillon, en plus d’être jolies dans certains jardins dus aux frémissements délicats qu’elles ont, ont des vertus réparatrices pour les Niffleurs. Oui, oui, j’ai appris que quelques un d’entre eux, lors du dernier cours de soins aux créatures magiques, avaient subis des blessures à fouiller n’importe où…bref ! AU TRAVAIL ! La semaine prochaine, nous taillerons ces jolies plantes ! »
Zadig commença le travail avec Calixte. Ils discutaient joyeusement. Mais le jeune homme se sentait quelque peu épié. Et effectivement, la demoiselle le regardait fixement. Quand il le remarqua, elle détourna les yeux, le teint légèrement rose. Un petit sourire amusé apparut sur ses lèvres. Cet élément lui fit détailler un peu plus la jeune Gryffondor. Elle était très belle. Naturelle, envoutante et il y avait quelque chose de différent des autres filles chez elle. Une espèce de côté bestiale, sauvage. Une part de mystère qui était très intrigante.

Alors qu’ils continuaient leur ouvrage, Zadig s’avança pour déposer la plante enterré dans son tout nouveau terreau, sur l’étagère. Mais le pot lui glissa des mains et…la boue se retrouva sur Calixte. Bon, il y avait un problème, visiblement. Le Serdaigle resta stoïque, choqué par son geste. La Gryffondor semblait dans le même état. Mais, elle au moins, réussit à parler. Oui, oui. Il venait bien de se passer ce qu’elle voyait. Soudain la cloche sonna. Les élèves rangèrent leurs affaires. La professeur donna un devoir sur le travail qu’ils venaient d’effectuer et bientôt la salle se retrouva vide. Sauf pour Calixte et Zadig.

« Que faites….MAIS ?!!! Vous avez…détruit le pot ?!! Et la plante ?!!!
-Bah…j’ai laissé…glisser…
-Vous me nettoyez tout ça et vous avez intérêt à me ré-effectuer ce travail…MAINTENANT ! Je vous laisse, je vais profiter de mon temps libre ! Vous n’avez pas intérêt à faire de bêtises sinon…vous êtes en retenue. »

Zadig contempla d’un air déprimé son professeur. Il venait de briser toutes possibilités de rejoindre ses amis. Et en plus, Calixte devait le détester. Il fallait lui enlever tout ça, de sur elle. La professeur de botanique prenait ses affaires et partait. Ils allaient devoir refaire le travail et nettoyer toute la boue.

« Je suis désolé…Si tu veux, je peux faire le travail seul. Ce n’est plus trop compliqué. On a juste à essayer de remettre la plante dans un pot de terreau frais et je vais tout nettoyer. Je suis terriblement désolée ! Merde…je sais pas quoi faire…merde merde merde » Zadig semblait complètement paumé. Il s’agitait sur le sol pour récupérer la plante, tout en essayant de nettoyer. La situation était catastrophique.