Deux jours. Ça fait deux jours que le drame s’est produit. J’y crois pas… C’est vraiment horrible. Je ne veux pas faire mon défenseur d’animaux – quoiqu’en tant que future éleveuse de Dragon je pourrais – mais ce qui est arrivé, je ne le pardonnerai pas au coupable. Je ne sais pas encore ce que je lui ferai. Mais vu le carnage que c’était, il mériterait bien que je le prive de ses boyaux. Oui, ça me parait juste, quoiqu’un peu gentil, comparé à ce qu’il a fait à ces pauvres animaux. Ce ne sont pas de simples animaux, mais ce sont les emblèmes des maisons qui régissent le château. Le coupable est forcément étranger à Poudlard… Dans une situation normale, j’aurais sûrement accusé à tort un Serpentard , mais même eux sont touchés par cet événement. Qui peut être plus affecté par la mort d’un serpent qu’un Serpentard ?

J’étais assise, là, contre un mur du hall d’entrée de l’école. Je revoyais très bien la disposition des animaux lorsque j’ai découvert le massacre en compagnie de mes camarades. Il y a encore les traces de sang. Je comprends parfaitement que personne n’ait eu envie de nettoyer. C’est tellement horrible. Je me rappelle que le premier animal que j’ai entrevue, c’était le Serpent. Ses crocs avaient été délogés de sa mâchoire. Vous imaginez vous ? Si l’on vous édentait ? Il y avait du sang. Du sang partout. J’ai faillit en vomir. Et là, je suis assise à quelques mètres seulement du lieu où gisait ce pauvre animal. On peut voir, si l’on s’approche, quelque morceaux de la peau de la bête. Il était sûrement en train de muer lorsque le criminel a agi. J’en ai des frissons rien que de revoir les images dans ma tête. Pourquoi ? La question est réellement « Pourquoi ? » Je ne pense pas que je sois la mieux placée dans l’école pour trouver qui est le coupable, mais j’aimerais au moins comprendre. Il suffit de se mettre à la place de… Non en fait, c’est pas facile. Quel genre de personne peut agir de la sorte et dans quel but ?

Bon, il faut que je me lève. Si je peux trouver quoique ce soit à rapporter aux professeurs, ce serait déjà pas mal. Voyons. C’est là qu’était étendu le lion. Le lion, emblème de la maison des Gryffondors. Le courage. Il a dû en falloir beaucoup à ce lion pour supporter tout ces supplices. Je me rappelle avoir vu que ses pattes étaient vraiment étrange. Le coupable avait dû lui briser, lui broyer les os. Le lion ne pouvant pas marcher, ne pensait même plus avoir une chance, même en essayant de dévorer son adversaire. Et les lions, ça ne court pas les rues d’Angleterre. Il faut vraiment avoir de l’audace pour aller s’en procurer un et ensuite le tuer. Non, le massacrer. Cette personne avait vraiment agi comme Jack l’éventreur. Il ne s’était pas contenté d’euthanasier ses victimes, non, loin de là. Du sang. Encore du sang. Toujours du sang. Du sang partout sur le sol. J’en ai le tournis. C’est vraiment moche à voir. Il y a encore les marques au sol. Je… C’est horrible. Je me répète, mais je trouve ça insupportable. Malgré tout, toucher à la scène de crime serait mauvais pour les recherches sur le coupable. Je trouve ça normal.

Passons à la victime suivante. L’aigle. Emblème de la maison de ma sœur et de ma mère : Serdaigle. D’ailleurs si ma mère apprenait ce drame, elle ne s’en remettrait pas… Je sais très bien à quel point elle affectionnait cette maison, et d’autant plus son animal représentatif. J’étais là, devant la tâche de sang. J’imaginais bien le coupable arracher les ailes de la bête. Le démembrer jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un pauvre cul-de-jatte. La tâche est minime, c’est vrai. Mais ce n’est pas le genre d’animal qui se dévoile, qui laisse son sang. Non, cet animal est fier. Et même dans une telle situation, il sait rester fier et fort. Il a tenté de sauver l’honneur des Serdaigle jusqu’à la fin, et ça je l’ai bien compris. Je ne peux m’empêcher de ramasser la plume qui est restée ici. Elle est belle. Je devais aller à Serdaigle moi aussi. C’est pour ça que je ne suis pas insensible à ce massacre. Je ne suis pas insensibles aux cris de l’oiseau qui se reproduisent dans ma tête comme si j’étais là, comme si j’assistais au meurtre.

Enfin. Le Blaireau. L’emblème de ma maison. Je crois que c’est la mort qui m’a le plus touchée sur les quatre. Normal me direz-vous. Oui, ou non. Il n’y a pas de raisons que je sois plus touchée par la mort de l’un que par celle de l’autre. Pourtant, j’ai le cœur serré rien que de revoir la marque au sol. Je me sens obligée d’approcher pourtant. Oh… J’ai la nausée. C’est horrible. J’ai… J’ai l’impression de ressentir ce qu’il a ressentit. Il l’a… attrapé par la queue. Il lui a arrachée. Il a arrachée la queue de ce pauvre animal, et lui a mis dans sa gueule. Oh non. Je ne veux pas le voir suffoquer. Non. Pourquoi j’ai ces visions ? Pourquoi je vois comment il est mort ? Laissez-moi au moins voir qui est l’auteur du désastre ? Je l’entend tousser. Il s’étouffe. Pourquoi je ne peux rien faire ? Pitié. Laissez-le… Laissez-le vivre. Arrêtez ! Je vais vraiment vomir. Tiens ? Tout est redevenu normal ? Pourquoi j’ai vu ce qu’il s’est passé avec le Blaireau et pas avec les autres animaux ? Serait-ce en rapport avec ma maison ? Je ne vois pas d’autre explications… En attendant, je me sens vraiment très mal. Je pense que je vais aller me reposer. On verra bien ce que les autres ont trouvé comme indices. J’espère vivement que l’affaire soit rapidement résolue. Allez, pas de temps à perdre.