FULMINA & PHIL-STANLEY
« Let the music play. »

FULMINA « RIIIIIMBAAAAAAAAAAAAUD ! »

Un cri de désespoir plus que de colère déchira le silence du dortoir des filles. Satanée bestiole. Surtout qu’elle ne restait pas silencieuse, la satanée bestiole. Elle répliquait. Et elle répliquait beaucoup, ce soir. Il avait toujours sorti des insultes très pourries, mais il en sortait des tas. D’ailleurs, elle aurait bien démontré à tous les talents de son furet format géant pour insulter les passants, mais ce serait très déplacé, bien que plutôt tordant. Et il en inventait en plus. Malheureusement, il ne savait pas faire des phrases complètes, et il sortait ses insultes dans les moments les plus inappropriés et de façon tout à fait aléatoire. D’ailleurs, alors qu’une fille qui dormait deux lits plus loin que le sien entrait, il se mit tout de suite à lui hurler le nom le plus long et probablement le plus marrant qu’il ait jamais sorti.

RIMBAUD LE CHARTIER VOCIFÉRANT « Slut, bitch, whore, fucking bitch. »

C’est qu’il aimait bien lui foutre la honte, le Rimbaud. Retenant son fou rire, Fulmina s’excusa auprès de la jeune fille un peu traumatisée. Elle rattrapa son gros furet et alla le mettre gentiment dans la boîte qu’elle avait prévue pour lui. Lorsqu’il fut bien installé, il fit un bruit non identifié et s’endormit enfin, laissant la pauvre Poufsouffle gérer toute seule les regards désespérés et coléreux de ses camarades. Décidant que rester ici ne l’avancerait pas à grand-chose, elle prit prestement quelques livres et elle disparut dans leur salle commune. Elle s’installa confortablement sur le fauteuil près du feu, où elle trouva, roulée en boule, une jolie couverture qui semblait bien douce. S’emmitouflant dedans sans hésitation, elle soupira de contentement. Ses livres étaient restés par terre, à côté de son fauteuil. Malgré les nombreux devoirs qu’elle devait terminer, elle décida de rester ainsi pelotonnée pendant quelques instants. Ça ne lui ferait pas de mal, de se reposer un peu. Elle oublia ainsi Rimbaud qui insultait les passants. Elle oublia ses devoirs qu’elle devait rendre le lendemain et le surlendemain. Elle oublia la pluie qui tapait fort sur la toiture de l’école. Elle ne pensait qu’à la chaleur du feu, à son léger crépitement et à la douceur de la couverture autour d’elle. Elle respirait l’odeur du cuir du fauteuil, et elle se sentait bien. Ces petits moments de bonheur étaient à chérir, car ils étaient désormais rares et bien éphémères.

Il était étrange comme une situation pouvait nous faire réaliser à quel point on est heureux dans les petites choses. Fulmina n’aurait jamais apprécié ce feu et ce moment de calme autrement. Peut-être était-ce la dernière fois qu’elle asseyait dans ce fauteuil. Peut-être ne reverrait-elle jamais le doux feu de leur salle commune. Avec l’Organisation autour, elle n’était sûre de rien. Peut-être disparaîtrait-elle comme tous ces élèves de Poudlard qui ne sont jamais réapparus. Alors, elle profitait du feu. Même la pluie dehors et l’orage qui faisait rage ne pouvaient l’empêcher d’être bien près de ce feu. Elle bénissait la personne frileuse qui avait décidé d’en allumer un avant qu’elle arrive. C’était une excellente idée. Les feux n’étaient pas réconfortants seulement en hiver. Dès qu’on se sentait un peu triste, qu’on avait un peu froid, ils étaient toujours là pour nous envelopper de leur chaleur. Et dire qu’elle avait cru que cette chaleur lui serait donnée par Rimbaud. Évidemment, personne ne lui avait dit que c’était en réalité une affreuse bestiole qui vocifère. Mais bon, là n’était pas la question, elle l’aimait quand même, son Rimbaud. Souriant légèrement, elle dodelina légèrement la tête, tâchant néanmoins de ne pas s’endormir. Mais elle était si bien… Puis, la couverture était si douce, si chaude… Le feu crépitait dans l’âtre, tout était parfait.

Elle sursauta violemment quand d’autres Poufsouffles entrèrent dans la salle commune, excités. Ils discutaient avec animation et la jeune femme ne daigna même pas tenter de comprendre ce qui se passait. Tout ce qu’elle espérait, c’était que Rimbaud était resté dans sa boîte et qu’ils ne parlaient pas de la fuite d’un furet fou. Mais non, apparemment pas. Merveilleux, pensa-t-elle avant de reposer sa tête contre le fauteuil. Bon, les conditions étaient moins idylliques que tout à l’heure, mais que pouvait-elle y faire? Elle adorait les gens qui étaient à Poufsouffle avec elle. Maintenant plus que jamais, elle ne pouvait s’empêcher de remarquer à quel point ils étaient gentils, généreux, travaillants, sympathiques. Elle avait peur qu’un jour, tout ça s’écroule. Certes, ils avaient peur, mais qui n’avait pas peur? Fulmina ouvrit légèrement les yeux et tomba sur un visage connu et très apprécié. Phil-Stanley. Phil, lui, ne semblait pas avoir peur. Sa naïveté touchante ne cachait probablement pas une angoisse persistante. La jeune femme lui sourit joyeusement. Elle secoua sa tête pour se réveiller, et s’assit correctement, néanmoins toujours bien emmitouflée dans sa couverture.

FULMINA « Salut Phil ! Tu as vu comme il est joli, le feu dans la cheminée ? » demanda-t-elle en souriant.

Puis elle vit l’instrument qu’il tenait à côté de lui.

FULMINA « Tu as amené ta guitare ! »

Elle adorait décidément le jeune Poufsouffle.

Là au moins, personne ne l'embêterait. Phil-Stanley semblait tranquille, assis confortablement sur une chaise dans un coin à la bibliothèque. Ce lieu demeurait un des lieux de prédilections du Poufsouffle pour se couper du monde ; être totalement en retrait dans ce monde de brutus et ainsi rentrer dans un monde complètement différent ; celui des rêves et de l'imaginaire. .... Et celui du collage de gommettes dans un petit cahier. Cela avait été son cadeau d'anniversaire ; deux cahiers pour coller des gommettes offertes avec. Cahiers moldus bien entendu. C'était le souhait de Phil lorsque son père lui avait demandé ce qu'il voulait pour son anniversaire. Et finalement, le paternel avait réussi à obtenir l'objet des convoitises de son fils.

« Ooooh ! » Ses yeux étincelaient de bonheur ... C'est que le petit venait de coller un autocollant de licorne dans un décor de prairie. Il fallait qu'il termine vite son paysage. Coller des animaux un peu partout, accompagnés de végétation. Et ainsi, il enverrait la page à Knox par lettre. Un cadeau pour son frère de cœur. Peut-être qu'il sourirait et qu'il pourrait lui aussi lui envoyer un dessin. Venant d'apporter sa touche finale en collant un gros Billiwig au centre de la page, Phil-Stanley conclut que son dessin semblait fini pour le moment et le plia avant de rassembler et de ranger ses affaires.

...

Le repas bien englouti dans le bidou, Phil-Stanley quitta la table des Poufsouffle en solitaire et décida de rejoindre la salle commune, la guitare attaché à son dos. C'était samedi. Aucun cours et donc le Poufsouffle avait eu le loisir de faire ce que bon lui semblait. Et cette journée, il l'avait dédiée à Knox. Coller des gommettes pour lui et composer une chanson pour lui. Voulant que ses présents soient parfaits pour son frère, il espérait trouver Fulmina dans la salle commune des Poufsouffles. Elle verrait ce qu'il avait préparé et lui donnerait son avis sur sa composition. Marchant lentement derrière un groupe de Poufsouffle, le jeune Silverpyre parvint à regagner rapidement la salle afin de tomber par surprise sur Fulmina. Son amie. Celle qui l'accompagnait au chant. A eux deux, ils formaient une sorte de groupe. La musique guérit ; elle adoucit les mœurs. Et Phil adorait cet art.

« Coucou Mina ! Ça va ... J'ai pu faire beaucoup de choses aujourd'hui. J'ai pu jouer. Coller des gommettes. Préparer des cadeaux. Héhé. ... Et sinon, oui, le feu est joli. Et toi, ta journée s'est bien passée ? » A vrai dire, le feu de la cheminée ; il s'en fichait un peu. S'il avait été seul, il aurait remarqué la beauté des flammes. Mais dès que le jeune homme se trouvait en présence d'un ami, c'était ce même ami qui devenait le centre des préoccupations du Poufsouffle. Et plus rien d'autre ne comptait pour lui. A sa remarque, il sourit. « Oui, je l'ai amené. En fait, j'espérais même te trouver ! Pour qu'on fasse une petite session ... Et pour que je te fasse écouter quelque chose. »

Le garçonnet s'assit sur le canapé, déposant par la même occasion son étui à guitare qu'il ouvrit afin de s'emparer de l'instrument et de l'accorder. « Hum ... Ça te dit We Found Love ? ... Ou encore ABC ? » Chansons moldues remontant au début du siècle. Phil en écoutait des tas avec Knox. Et il n'y avait pas à dire, elles restaient ses préférées.

Il avait amené sa guitare! Ça la rendait bizarrement heureuse, bien plus heureuse que n’importe quoi d’autre. Elle adorait leurs « sessions » comme disait Phil, sessions pendant lesquelles ce dernier jouait de la guitare et où elle l’accompagnait au chant. Elle devait avouer qu’ils étaient très doués ensemble, et les autres Poufsouffle, en général, appréciaient la bonne ambiance que mettait leur musique dans la salle commune. Et il voulait lui faire écouter quelque chose. Elle était bien prête à l’aider, surtout qu’elle avait récemment appris le faible de son amie Aaron pour le Poufsouffle. Elle s’était mit dans l’idée de réussir à former ce joli couple, puisque les deux étaient ses amis, et qu’elle ne voulait que du bonheur pour ceux qu’elle aimait. Et puis, c’était maintenant ou jamais. Les temps qui couraient étaient incertains, et personne ne souhaitait vivre la fin du monde seul. Bon, il ne fallait pas exagérer, on était encore loin de la fin du monde, mais bref, vous voyez où je veux en venir. Simplement, Fulmina ignorait complètement les connaissances de Phil en matière d’amour, mais elle avait la curieuse impression qu’elle devrait probablement les mettre à jour. Et puis, la jeune femme voulait s’assurer qu’il ne ruinerait pas toutes ses chances d’un jour former un couple avec Aaron. Elle n’était pas inquiète du tout. Elle était sûre que ses deux amis trouveraient un terrain d’entente où ils seraient tous les deux heureux et à l’aise dans ce qu’ils faisaient. Mais bon, si elle pouvait s’en assurer au départ, ça ne serait pas plus mal. La dernière chose qu’elle voudrait, ce serait de voir leur belle amitié s’effondrer à cause d’une relation qui ne marcherait pas. Ce serait franchement moche.

Les choix de chanson de Phil la faisaient toujours bien rire. Il choisissait toujours des chansons moldues, qu’elle connaissait bien évidemment, et cette fois-ci, toutes les deux parlaient d’amour. C’était quand même bien, ça, vu le sujet sur lequel elle allait tenter de l’amener par la suite. Elle en riait d’avance. Il faudrait premièrement l’assurer que ce n’était pas elle qui était amoureuse de lui, mais sans vendre la mèche non plus. Ça risquait d’être délicat, mais elle voulait bien relever le défi. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour deux amis géniaux, hein? Elle décida néanmoins de choisir We Found Love. Parce que le « We found love in a hopeless place » semblait bien approprié pour la situation. Néanmoins, elle adorait ABC aussi, et elle avait bien du plaisir à la chanter. « A, B, C, easy as 1, 2, 3, oh simple as Do, Re, Mi, A, B, C, 1, 2, 3, baby you and me girl ! » Elle adorait la sensation qu’elle avait lorsqu’elle chantait. C’était si le temps s’arrêtait, comme s’il n’y avait plus qu’elle, sa voix, Phil et sa guitare lorsqu’il était là. C’était une sensation si enivrante que de pouvoir exprimer ce qu’on ressentait dans sa voix. Elle ressentait occasionnellement le besoin de chanter, le besoin de s’exprimer de cette manière-là. Il y avait toujours une chanson pour exprimer ses sentiments, toujours des paroles pour dire ce qu’elle n’arrivait pas elle-même à exprimer. C’était magique, quoi, et c’était encore plus magique de pouvoir le partager avec quelqu’un. C’était ce qui les rapprochait le plus, Phil et elle : leur amour pour la musique.

FULMINA « C’est bien, ça, de faire des cadeaux. Ça fait plaisir aux gens ! Grande vérité de la vie : les cadeaux, ça rend les gens heureux. Oui, oui, ma journée a été très bien. J’ai réussi à terminer tous mes devoirs ! Et elle en était bien fière en plus, sachant qu’elle était souvent en retard. C’est un cadeau aussi, ce que tu veux me faire écouter ? … We found love, c’est parfait ! Tu me dis quand tu es prêt. »

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