Aubépine, fatiguée de tourner en rond et quelque peu énervée d’être montée jusqu’à la tour de Serdaigle difficilement, avait choisi de questionner les élèves sur les fantômes. Après tout, eux aussi devaient avoir remarqué les agissements bizarres de ces derniers, non ? Malheureusement pour elle, ils lui indiquèrent trois directions différentes.
Laquelle prendre ? La bibliothèque lui semblait une bien mauvaise idée pour trouver la Dame Grise : après tout, cette dernière avait acquis une éloquence toute nouvelle, et si elle allait discuter là-bas, elle serait bien mal accueillie. C’est ainsi qu’elle se dirigea vers le lac noir. Après tout, les fantômes avaient un comportement anormal, peut-être se trouvaient-ils donc dans un lieu inhabituel pour eux ?

Cependant, elle fit encore chou blanc, et se rappela les propos de l’autre élève… les cuisines. Pourquoi pas, après tout. Et puis, qui ne tente rien n’a rien, et elle ne savait pas où aller de toute façon. Elle se précipita donc là-bas, heurtant un élève et manquant de glisser au passage. Déception pour elle, quand elle vit que la Dame Grise ne s’y trouvait pas. Elle ne tarda toutefois pas à remarquer que le Moine Gras, lui, était là. Quelle joie ! pensa t’elle. Peut-être qu’il pourra me renseigner.

Ce fut effarée, et les jambes à son cou, qu’elle courut bien loin des cuisines. Elle frémit en pensant à l’idée qu’il lui avait proposé de se mettre nu devant elle. Quelles horreurs devaient-ils subir, pour que l’un des fantômes boivent à ce point et se mette dans cet état ! Elle n’en aurait de toute façon rien tiré, vu les propos incohérents qu’il tenait.

Elle s’assit au détour d’un couloir, et réfléchit à un lieu où pourrait bien se trouver un fantôme. Peut-être cherchaient-ils un lieu calme, à l’écart des gens, pour se ressourcer et faire face à ces mutations anormales ? LA SALLE DE BAIN DES PREFETS ! Aubépine avait obtenu le lieu d’un des préfets, il y a de cela quelques temps, et Elias lui en avait donné le mot de passe. Elle s’empressa donc d’y aller, espérant y trouver un fantôme.

Aubépine n'avait mis que peu de temps à débusquer la Dame Grise. Ça n'avait, cependant, pas été sans risque. Elle avait fait perdre dix points à Serdaigle... Tout ça pour que ce préfet de Serpentard se la joue gros dur et supérieur à elle, elle en était sure. Maudit soit-il ! Quelque peu énervée, elle se rendit donc au théâtre d'un pas énergique - après tout, la Dame Grise avait une éloquence toute nouvelle, elle voudrait peut-être se produire en spectacle ?

L’intuition n’avait pas trompé la jeune fille : la fantôme qu’elle recherchait était bel et bien là-bas, qui plus est sur scène, et avec un auditoire impressionnant. Tout Poudlard s’était-il donné rendez-vous ici pour l’écouter ? Incroyable. Dément. Peut-être que les fantômes n’étaient pas les seuls à être atteints d’étranges mutations en fin de compte…
La bienséance aurait voulu qu’Aubépine attende la fin du spectacle de la Dame Grise pour la questionner, mais elle n’était pas coutumière de la bienséance, et elle commençait à en avoir marre de déambuler dans tout Poudlard. Aussi, elle se précipita sur scène, et questionna la Dame Grise… Qui le prit visiblement assez mal. Petite blonde boudinée ? A-t-elle seulement vu mon physique ?, se demanda Aubépine. Cette dernière, pas complexée pour un sou, descendit dignement de la scène et se mêla à la foule présente, envisageant sérieusement de lui lancer le coussin qui se trouvait au sol quand elle était entrée et avec lequel elle avait pensé attirer son attention. Elle n’en fit toutefois rien et tourna le dos à la Dame Grise, s’apprêtant à quitter le lieu.

Aubépine avait donc quitté le théâtre, encore énervée contre la Dame Grise. Elle tentait cependant de se raisonner : ça n’était surement pas sa faute, après tout… Comment aurait-elle pu souhaiter devenir une harpie hystérique qui insultait – à tort – les gens ? Elle qui était si calme, souvent silencieuse et quelque peu asociale, habituellement. Décidemment, quelque chose ne tournait pas rond. Se pouvait-il que les dérèglements dans la magie, les malheurs qui touchaient les créatures, viennent de la même chose ? Quelqu’un était-il malfaisant à ce point pour vouloir blesser les créatures magiques, la communauté sorcière ? Quelqu’un d’autre que l’Organisation Secrète ?

Aubépine frémit à cette idée, et son intention d’en parler avec Nick Quasi-sans-tête n’en fut que renforcée, et elle hâta le pas vers les serres. Elle vit ne pas être la seule, une autre élève s’y rendant aussi. Y pénétrant en même temps, elles virent Nick – au plus grand soulagement d’Aubépine. Cependant, il se mit à tenir des propos incohérents. Des hippogriffes parisiens, amenés en Russie ? Elle espérait de tout son cœur que c’était un délire du fantôme du aux horribles choses qui leur arrivaient. Comment les hippogriffes survivraient-ils, s’ils étaient délocalisés ainsi dans des terres au climat si différent du leur ? Ils périraient lentement. Quelle horreur.

Perdue dans ses pensées sur les hippogriffes, elle fut surprise et saisie par l’appel au secours soudain de Nick et par le fait qu’il la traverse. Elle en frissonna, jusqu’à remarquer un bout de papier au sol. Elle le saisit, et le lut à haute voix pour Kathaleen et elle.

« Ils ont détruit la magie à tout jamais. Du chaos de l’apocalypse qui se prépare, l’ombre et la lumière se libèreront. La voix de l’ordre est parfois tentante, mais, sinueuse, elle mènera les sorciers à leur perte. Alors, le temps sera venu pour celui qui détient la vérité de se révéler et de les guider sur le droit chemin. »

Ce message lui faisait froid dans le dos. Surtout après les évènements de l’année passée. Aussi courageuse qu’elle était, elle ne souhaitait pas que la communauté sorcière soit frappée de plus de malheur. Mais si cela devait arriver, elle n’hésiterait pas une seule seconde à défendre ses condisciples, jusqu’au bout. Elle hocha férocement la tête, comme si elle se préparait à un nouveau combat.