ZAZY & ALEXEY
where we love, it's never dark

L'œil pétillant, le jeune homme fixa l'objet posé sur le lit. Enfin, il pourrait y retourner après de longs mois d'attente. L'excitation était grandissante, il se sentait nerveux, presque fiévreux. Dans quelques secondes, cette vieille botte se mettrait à briller et le garçon n'aurait plus qu'à tendre la main pour y poser le doigt. Un seul doigt et il serait transporté ailleurs ; bien loin du froid polaire persistant de Russie, bien loin du grand château aux murs bruts et glacés qu'était Durmstrang, bien loin des emmerdes de l'école, de la pression des cours et de la magie noire. Un vague sourire passa sur son visage sombre, l'éclairant un centième de seconde. Mais bientôt il disparût, en même temps que des scintillements bleutés apparaissaient sur cette godasse boueuse. Alexey tourna vivement la tête vers son sac rapiécé qu'il attrapa d'un geste et posa son index tendu sur le Portoloin. Bien vite il ressentit la désagréable sensation de chatouillements derrière son nombril et tout se brouilla autour de lui ; pas loin de dix seconde plus tard, une lumière éblouissante vint lui crever les yeux, une vive odeur d'herbe mouillée lui taquiner les narines tandis que ses pieds heurtaient le sol avec violence dans un bruit sourd. Tanguant dangereusement, le sorcier se rattrapa comme il pouvait, glissant et trébuchant dans la bouillasse marronnasse et malodorante dans laquelle il avait atterrit. Jurant entre ses dents, Alexey se dégageait de la flaque visqueuse et sortant sa baguette de sa poche, il marmonna la formule pour décaper les vilaines tâches qui parsemaient ses baskets. Enfin, il leva les yeux vers l'horizon, plissa les paupières pour ne pas être aveuglé par le pâle soleil de Novembre et aperçu au loin le petit village qu'il cherchait ; Pré-au-Lard s'étendait à cinq minutes à pied seulement de là où il se trouvait, laissant apparaître les toits de ses petits maisons et les cheminées fumantes recouverte d'une fine couche de givre. Cette fois, une moue satisfaite s'installa sur le visage du jeune homme, faisant saillir ses pommettes et plisser légèrement ses yeux ; une moue qui n'allait pas le quitter de tout son trajet. Soupirant d'aise, Alexey se mis en route pour le village de sorciers jouxtant la plus grande école de magie d'Angleterre, Poudlard.

En quelques minutes seulement, le garçon débarqua dans les rues étroites mais accueillantes de Pré-au-Lard. Il s'arrêta au beau-milieu et inspira profondément en fermant les paupières, laissant la fraîcheur de l'automne anglais lui picoter les narines. Que c'était bon de revenir chez les British, bordel ! Personne ne faisait attention à lui, il se faisait bousculé mais il n'en avait sérieusement rien à foutre ; il était à Poudlard – ou presque. Il rouvrit les yeux, lança un regard autour de lui et tomba sur ce bar qu'il avait adoré à sa première visite: « Les Trois Balais ». Ni une, ni deux il ouvrit la porte de l'établissement à la volée sans réfléchir, accosta le comptoir avec un sourire ravageur adressé à la serveuse et l'interpella elle et une chope de Bierraubeurre. Il lança quelques pièces à la jeune femme, lui tourna le dos et sortit comme il était entré, trempant ses lèvres dans la boisson mousseuse. Enfin, il s'avança vers le château imposant que l'on pouvait apercevoir d'ici. Très vite il se planta devant la lourde grille forgée entrouverte et resta là un moment à admirer cette école qu'il aimait tant. Elle était en tout différente de Durmstrang. Puis, il grimpa la douce pente qui menait au parc de l'établissement en regardant sans cesse autour de lui. Cette verdure l'époustouflait, cette fraîcheur et cette douceur malgré la saison ; il eut une pensée moqueuse pour ses compagnons russes qui se les gelaient entre les murs de Durmstrang. Alexey étouffa un rire et poursuivit son chemin jusqu'à arriver devant un grand chêne aux rares feuilles jaunies. Poussant un soupire, il se laissa glisser le long du tronc, sortit son paquet de cigarettes moldues et du bout de sa baguette magique, en alluma une qu'il porta à ses lèvres. Il en tira une longue et profonde bouffée qu'il recracha par la suite par le nez en souriant comme un idiot. « ça c'est l'pied mec... » se murmura-t-il en fermant les paupières avec force.


FLASH BACK ON;


« hey salut beauté. j'viens de débarquer, tu m'fais faire un tour ? » lança-t-il avec assurance à la jeune fille en face de lui. Elle le regarda avec dédain, le détaillant de la tête aux pieds puis un sourire narquois vint étiré sa bouche charnue et sensuelle. Alexey la fixait dans les yeux sans aucune gêne, détaillant les beaux iris de son interlocutrice aux traits si gracieux, si fins. Elle était belle oui, très belle ; bien mieux que ces Françaises dont on parlait tant à Durmstrang. Oui, à choisir, le sorcier aurait largement préféré cette Anglaise pour compagnie. L'Anglaise en question leva un sourcil, ouvrit la bouche pour la refermer directement et lui tourna le dos pour s'éloigner à pas vifs et déterminés. ''Godness'' comme ils disaient ici ; avait-il rêvé ou elle venait de l'envoyer promener sans dire un mot ? Ni une, ni deux il lui courut après et lorsqu'il arriva à la hauteur de la belle brune, elle lui cracha un « fous-moi la paix » sec avec un magnifique accent avant de s'arrêter et de le défier du regard. Alexey ne se retint pas de rire avant de passer un bras autour des épaules de la sorcière. Décidément, c'est qu'elle avait du mordant la petite ; étonnant quand on voyait son allure de poupée, ses traits de déesses et son look de princesse. Mais ce n'était pas une phrase balancée de cette manière qui allait refroidir le Durmstrangien, ça non. « eeh, du calme princesse. j'voulais juste faire connaissance ! moi c'est Alexey, j'suis de Durmstrang ». Ces mots semblèrent quelque peu apaiser l'humeur de la jeune fille et elle le regarda avec insistance tandis que le garçon lui tendait une main amicale à serrer. Elle soupira avant de l'attraper et de murmurer d'une voix suave « ok, moi c'est Zazy. » Zazy, c'est tout.


FLASH BACK OFF;


Il rit à nouveau en sortant de ses pensées. Le jeune homme se rappellerait toujours de sa rencontre avec la belle Zazy Darthmen. Il avait été surpris par son fort caractère en dépit de son allure si parfaite, mais ça ne lui en avait que plus plu. Cette fille hantait ses pensées et depuis sa première visite en Angleterre, ils avaient largement sympathisé, s'étaient écrit des lettres à la pelle. Le garçon avait même fait du rentre-dedans avec elle, mais elle était toujours restée de marbre devant ses déclarations. Alexey trouvait cela excitant ; il aimait la résistance, il adorait qu'elle se laisse désirer. C'était presque devenu un jeu entre eux ; le chat et la souris. Sauf que là c'était lui la souris et elle le chat. Zazy n'était pas au courant de la visite de son ami à Poudlard, normalement elle ne se doutait d'absolument rien. Il voulait lui faire une surprise. D'ailleurs il était temps de la lui faire, cette fameuse surprise. Le garçon se leva d'un bon, écrasa son mégot de cigarette qu'il abandonna à la cime de l'arbre et s'avança rapidement vers le château qui lui ouvrait ses portes. Il pénétra à l'intérieur et fut à nouveau interpellé par la beauté du hall. Mais il n'avait guerre le temps de s'attarder ; il ouvrit la porte des cachots et s'enfonça dans le sous-sol de l'école. Il se rappelait du chemin comme si hier encore il le prenait pour se rendre dans la salle commune des verts et argents que la belle brune lui avait montré. Regardant ses pieds pour ne pas se vautrer, il ne fit pas attention à la personne qui arrivait en face de lui et ils se percutèrent dans un grand fracas de livres qui heurtent le sol, de pages et de cheveux qui volent et d'encrier qui se brisent sur la pierre froide. La personne en question se retrouva par terre tandis qu'Alexey reculait sous la choc du coup. Il baissa alors les yeux et un immense sourire s'afficha sur son visage tandis que la jeune fille qu'il venait de bousculer jurait sans lui accorder un regard en essayant de rattraper ses papiers. Alors il se baissa, attrapa le premier livre qui lui tombait sous la main et tout en le lui tendant, il lui murmura: « tiens c'est justement toi que je cherchais Zazy.. »