Bertie et Vitali Հ Losing my mind on a tiny error

Poudlard n’était plus le même depuis quelques temps. Gilroy Voghan-Grubler s’était chargé d’éradiquer toute trace de joie d’entre les murs du collège. Son trône, visible de n’importe quel coin de la grande salle, faisait trembler quiconque l’observait. Il exerçait sa terreur sur ordre du ministère, et aussi pour son bon plaisir. Qui pouvait apprécier de voir des jeunes enfants pleurer, trembler, paniquer  et rire de leurs angoisses ? Nous avions cru voir en lui, et en ses aurors, un sauveur puisque les inféris étaient repartis sous terre.  Mais il n’en était rien. Une pluie de cendre s’était abattue sur nous. J’avais compris que la magie semblait nous abandonner. Mes transformations instables s’étaient plus ou moins calmées, moins intenses mais elles se produisaient encore. Surtout sous le coup de l’émotion.  Et à ce niveau-là j’avais été servi.
J’avais perdu un autre membre de ma famille. La seule qui me donnait envie de croire en moi. Casey. A peine retrouvée, on me l’arrachait de nouveau. Je n’en avais parlé à personne. C’était comme ça dans notre famille. Nous n’extériorisons jamais. Tout reste à l’intérieur, chaque sentiment empilé l’un sur l’autre. Mon visage ne trahit rien mais mon cœur déborde de rancœur et de colère.

Comme de nombreux autres soirs, je n’étais pas dans mon lit. A vrai dire j’y étais rarement.  Je me promenais, cherchant la tranquillité. C’était devenu assez compliqué  avec tout les aurors qui patrouillaient. La Garde m’avait déjà attrapé deux ou trois fois. Mes remarques étaient perçus comme arrogantes et irrespectueuses,  et le fouet était apparu dans ma vie. S’ils savaient. Les blessures physiques ne sont rien comparés à ce que mes parents m’ont contraint à subir à chaque pleine lune. J’avais encaissé sans rien dire, les laissant à leurs plaisirs sadiques. Pour tenir bon, j’imaginais ces monstres coincé avec mon monstre intérieur. Les victimes ne seraient pas celles qu’ils croient.
J’avais enfilé un pantalon de survêtement, un polo et une paire de basket. Ma peau me démangeait et c’était le premier signe. J’accélérais le pas, essayant de ne laisser aucune trace derrière moi. Après avoir esquivé la ronde du soir, je pénétrais enfin dans la forêt interdite. Il me fallait un coin à l’abri des regards, mais pas trop enfoncé dans les bois. Je ne suis pas la créature la plus dangereuse des bois. J’eu subitement chaud. Encore un changements de température. Je sentais la sueur qui commençait à perler sur mon front et ma nuque. Ma gorge se serrait et ma vue se troublait. Ma vision devenait flou, les couleurs se mélangeaient devant moi. J’étais habitué à ces changements désormais. Je retirais mon polo, le déposant avec mes baskets dans le creux d’un arbre. Je respirais lentement, pour me calmer et retarder la mutation.
J’avais le pressentiment qu’elle serait un peu plus violente que les autres. Lorsqu’il ne s’agissait pas de pleine lune, mon corps était influencé par mes émotions. Choses floues et difficilement contrôlables, en particulier pour un impulsif tel que moi. A ce stade là, j’étais entre l’homme et la bête.

Un bruit. Ou plutôt un cri. Je relevais brusquement la tête, cherchant l’origine de ce qui pouvait troubler le silence de la forêt. J’avançais vers le bruit qui se répétait tout en sentant la mutation arriver. Chaleur. Fourmillement. Membres lourds. Vision trouble. Je me rapprochais de ce que je cherchais, je pouvais le percevoir. Tum-tum. Tum-tum. Un cœur humain.  Pourquoi à chaque fois que je voulais me retrouver seul, un inconscient décidait d’aller s’amuser dans les bois ? J’étais appuyé contre un arbre, le bras replié et la tête posé dessus. Le bruit se stoppa. Je me relevais, intrigué, et poussé par mon instinct à aller voir ce qu’il se passait. Une jeune fille aux cheveux longs semblait très concentré sur ce qu’elle tenait entre les mains. M’approchant encore et encore, jusqu’à être juste à côté d’elle, dans l’ombre, je marchais sur une brindille. Le bois craqué m’écorcha le pied, mais il tira la demoiselle de sa concentration. «  Qui est là ? » Je ne bougeais plus, soufflant fort. Elle se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment.