Let's Pretend

Toc, toc, toc.
Trois petits coups donnés sur la porte de bois avant d'entrer, histoire d’annoncer sa présence. Après tout, Lila n'avait pas été chez les cochons, et été bien élevée. Elle venait de passer les dernières heures dans le bureau de Jeremiah Van Tassel, professeur de Défense contre les forces du Mal. Et pour ceux qui auraient l'esprit, comment dire, quelque peu mal placé, elle y été pour apprendre à se défendre lors de ses fréquentes montées au sixième étage, ni plus ni moins, vous me voyez navrée de vous l'apprendre.
Toujours est-il qu'elle avait laissé son médaillon dans un cabinet de toilette, bien à l’abri des regards. Une fois ce dernier récupéré, elle devait se couvrir. Étant interdite de séjour dans cette salle de cour, elle y avait été avec un faux médaillon fourni par ses compères Maraudeurs. Et quelle excuse avait-elle trouvé pour un séjour si long dans les toilettes pour ceux qui auraient pu suivre son traceur ? Mais la colique bien entendu ! (Ne faites pas ces têtes dégoutées, ça doit vous arriver à vous aussi de temps en temps.)
Et qui dit trouble intestinal, dit, infirmerie en toute logique. Elle avait donc fait tout le chemin depuis les toilettes jusqu'à cette si familière porte en bois, en faisant semblant d'avoir des spasmes, ses mains crispées contre son abdomen, la respiration rapide.
Donner le change, ne pas laisser le moindre doute et avoir ainsi des témoins de son "mal".

Elle entra donc dans la pièce, et se détendit tout de suite un petit peu. Avançant lentement, elle chercha l'infirmière du regard.

- Mme Rediston ?

Ne la voyant pas arriver, Lila s'installa sur un lit vide, tous ceux autour d'elle l'était, et attendit, assise, balançant ses jambes dans le vide. Elle avait tout d'abord jouer la carte du mal de ventre jusqu'au bout, mais l'idée de boire une potion pour rien n'était pas pour la rassurer. Alors, alors que les minutes passaient, elle décida de jouer franc jeu avec cette femme qui la rafistolait si souvent. Clarke Rediston commençait à vraiment la connaître, vu le nombre d'heure que Lila avait pu passer, allongée sur ces lit, tremblante de douleur, de peur ou de fièvre. Alors oui, elle allait lui dire qu'elle venait ici pour se couvrir, et en faisant d'une pierre deux coups, peut être que l'infirmière de l'école pourrait s'occuper de ses bleus qui ne voulaient pas disparaitre de façon aussi prompt que la jeune fille voulait.

Ne rien laisser paraitre. Agir normalement, comme si rien ne s’était passé, comme si ça vie ne venait pas de prendre un tournent irréversible. Qu’allait-elle faire de sa vie à présent ? Elle n’en avait aucune idée… La seule chose dont elle était sure c’est qu’elle devait se protéger, du Ministère et de son cœur, de la peine qui l’envahissait petit à petit. La veille, en état de choque, elle n’avait pas versé une seule larme. Et maintenant l’histoire se répétait. Faire face à la mort. L’année dernière c’était sa propre mort qui avait été mise en scène et elle avait du faire le deuil de son ancienne vie, de son identité. Cette année c’était la mort, la vraie, la seule qui pouvait la briser en mille morceaux. Son mari, son amour. Dorian.
Elle n’arrivait pas à réaliser ce qui venait d’arriver, elle n’arrivait pas à mettre des mots sur ce qu’elle ressentait. Le vide une deuxième fois. Elle avait tout fait pour le protéger et qu’il ne connaisse pas une fin si tragique, elle s’était cachée, n’avait pas essayé de communiquer avec lui. Elle le regardait de loin, l’admirait, fantasmait sans jamais l’approcher, sans jamais le toucher. Et maintenant c’était fini.
La jeune femme était accroupie dans un coin de l’infirmerie, elle avait peur qu’un traqueur entre une nouvelle fois dans son infirmerie pour l’interroger… Arriverait-elle à contenir ses émotions ? Elle le devait… Sinon c’était elle qu’elle mettrait en danger.

L i l a – « Madame Rediston ? »

Une élève était rentrée. Il s’agit de Lila. Une jeune fille de Classe 3, habituée de l’infirmerie. De sous le rideau, Julia avait vu la petite brune s’installé sur un lit. Elle comptait patienter.
L’infirmière savait qu’elle ne pourrait pas rester cachée à vie et il ne fallait pas qu’elle éveille les soupçons. Le bruit de la mort du professeur Dorian Thorne, pendu dans la volière, devait commencer à se rependre dans les couloirs du Château. Château où elle l’avait rencontré plus de dix ans auparavant. La mort, sujet si triste et déconcertant mais maitre dans la catégorie des potins glauques. Clarke se remit debout, se tapa énergiquement les joues et ajusta sa tenue. Affichant un petit sourire forcée, l’infirmière sortie de sa cachette en direction de Lila.
La jeune fille n’avait pas vraiment l’air malade mais ce n’était pas la première fois qu’elle venait pour faire vérifier ses anciennes blessures ou simplement pour discuter.
Du moment qu’elle ne faisait pas allusion à Dorian, Julia réussirait à tenir… L’important c’était qu’elle soit Clarke, infirmière qui ne connaissait le bel homme que de visage, qui ne lui avait même jamais adressé la parole. L’important c’était que le temps de ce moment avec Lila, elle laisse Julia au placard. Ses désirs perdus, écrasés… ses états d’âmes, sombres et froids.

C l a r k e – « Alors, qu’est-ce qui me vaut l’honneur de ta visite aujourd’hui ? »

Finalement, ce n’était peut-être pas plus mal que Lila soit arrivée à l’infirmerie. Pendant une heure au moins aujourd’hui, Julia se changerait les idées… Du moins elle essaierait. Elle était clairement prête à tout pour appuyer sur le bouton pause de son cœur et se rendre utile. S’il y avait bien une chose qu’elle n’avait pas pu faire c’était sauvé son mari et il n’y aurait jamais assez de jours dans sa vie pour se rattraper… mais il fallait qu’elle fasse le maximum. Il fallait qu’elle fasse le maximum pour se racheter, donner un sens à sa vie.
Vie perdue, bientôt oubliée.

Heal those bruises

« Alors, qu’est-ce qui me vaut l’honneur de ta visite aujourd’hui ? »


En entendant la voix de l'infirmière, Lila quitta du regard ses chaussures, qui, on peut l'avouer étaient particulièrement efficace pour se distraire. Regarder comment elles se balançaient dans le vide, leur danse, avait suffit à la jeune fille à faire passer le temps, jusqu'au moment où elle entendit la voix de l'infirmière. Relevant son visage pour poser son regard acier sur l'infirmière, elle dût ôter de larges mèches brunes de son visage pour voir Clarke dans son entièreté.
La jolie femme blonde qui lui faisait face faisait mal à voir, traits tirés, yeux rougis d'avoir sans doute pleurer, Lila voyait bien que l'infirmière n'était pas au mieux de sa forme. Fronçant légèrement ses sourcils, la jeune fille voulut lui demander ce qui avait bien put la mettre dans un tel état. L'ancienne Gryffondor avait bien entendu parler du décès du professeur, et certes, perdre un collègue est chose éprouvante, mais cela pouvait out aussi bien être autre chose. Et ne voulant pas mettre ses grands pieds dans le plat, elle tînt alors sa langue. Si l'infirmière ressentait le besoin de se confier, alors elle le ferait. L'adolescente ne se sentait pas en position de poser des questions devant une preuve si flagrante de tristesse.

Alors la jeune fille choisit l'autre solution, si possible, changer les idées de son infirmière préférée. Et si en plus, elle pouvait finir par lui faire décocher un véritable sourire, ou mieux, un rire, sa journée n'aurait vraiment pas été vaine.
Prenant un air détaché, et une moue coquine, la jeune fille haussa les épaules l'air de rien.

- Oh... Vous savez, quelques bleus qui ne veulent pas partir, faire croire à tout le monde que je fus atteinte une partie de l'après midi de coliques fulgurantes... Journée banale en somme.


Elle finit sa phrase avec un grand sourire, avant de commencer à se dévêtir pour dévoiler les hématomes qui marquaient encore sa peau. Elle avait confiance en Clarke pour ne pas la trahir, c'était ainsi. Et le fait que la jeune fille ait vu l'infirmière dans leur fabuleuse troupe en route pour l'aile est n'avait fait que confirmer ce qu'elle ressentait auprès de cette femme. Alors, oui, elle se sentait à l'aise en sa présence, sereine, et en confiance, et elle n'avait pas peur de finir au sixième en sa présence.

Qu’est-ce qu’elle faisait encore à Poudlard ? Avant elle s’y cachait tout en restant près de son mari mais maintenant ? Elle n’avait plus de raison de se cacher et elle n’avait plus de mari… La Confrérie de l’Oracle avait était exterminée et son mariage, il fallait bien se l’avouer avait sauté depuis longtemps… Finalement elle aurait peut-être du braver les interdits et risquer sa vie et celle de Dorian pour qu’ils soient réunis à nouveau, qu’ils meurent en martyres mais pas comme ça. Il s’était pendu. Pendu par amour, pendu par manque d’amour. C’était sa faute. Clairement. Elle ne pouvait pas porter le poids de la misère du monde sur ses épaules mais il s’était suicidé, il s’était tué pour elle, par culpabilité.
Elle le voyait tous le jours, s’accrochait à cette image de lui, alliance autour du cou mais elle devait l’admettre, elle n’était plus là pour lui, depuis bien longtemps et bien qu’elle pensait être la plus à plaindre, ce n’était peut-être pas le cas : il était le plus seul… Parce qu’il était dans l’ignorance. Elle vivait à travers ses espoirs, les films qu’elle se faisait avant de se coucher : retrouver Dorian, retrouver son enfant, leur enfant. Il était seul, entouré par des dizaines de personnes lui demandant à longueur de journée comment il se sentait, s’il allait mieux, comment il faisait face aux imprévus, à la vie. Il était entouré de femmes, plus ou moins attirés par ses charmes. Ca faisait plus d’un an. Il devait tourner la page.
Ses sentiments l’ont trahis, il ne l’a pas supporté.
En face de Clarke, la jeune fille affichait un petit sourire : elle aussi elle avait des soucis mais son regard était toujours pétillant et son sourire en disait long. C’était une des élèves les plus adorables, surement parce qu’elle faisait partie des habitués…

L i l a – « […] Journée banale en somme. »

Julia souriait de bon cœur, Lila était clairement un exemple. Pour elle et elle l’espérait pour les autres. En ces temps difficiles il fallait savoir vers qui se tourner et la petite brune, une vraie pile électrique, était pleines d’atouts. Alors qu’elle commença à se dévêtir pour montrer ses hématomes, Julia s’attela à préparer une pommade à appliquer sur ses membres, devenus bleus à la suite des coups et autres traitements que l’étudiante avait reçu au sixième étage. Elle avait beau finir par toujours se faire prendre et punir, elle ne baissait pas les bras, ne renonçait pas au combat et l’infirmière voulait vraiment en prendre de la graine.
Elle avait longtemps hésité, la République, la Résistance. Elle avait commencé à se tourner vers l’une, puis vers l’autre, avait espérer quelque chose, puis avait relativisé. Maintenant il n’y avait plus trop de questions à se poser. Il fallait œuvré pour la remise en ordre, le vrai ordre, la justice, pas cette République qui n’en avait que le nom.

C l a r k e – « Je vois que la dernière pommade n’a pas servi à grand-chose, j’espère que celle va apaiser un peu tes douleurs… »

Julia avait toujours apprécié les potions, la réflexion, plus que la pratique même de la magie. Elle était partisante de n’utiliser la magie qu’en dernier recourt, surtout en ce moment. Meme si elle faisait partie de la Caste des Cents Familles, Julia ne prenait pas à la légère le rationnement de la magie et maintenant encore plus qu’avant elle préférait garder sa baguette dans la poche.

C l a r k e – « Et alors… « faire croire à tout le monde », tu étais encore en train de te mettre dans le pétrin toi ! Je me fais du soucis pour toi après !! »

L’infirmière souriait. Elle savait bien qu’elle n’avait pas son mot à dire. Lila était autonome et avait la tête bien faite. Et pourtant Julia ne pouvait s’empêcher de s’imaginer le pire. Elle en avait vu des choses lorsqu’elle travaillait à Sainte-Mangouste, sur les champs de bataille et encore la veille dans la Volière… C’était une chose de voir des adultes, c’en était une autre de voir des enfants…

Just for a smile

Un sourire, un vrai. en quelque sorte, elle avait réussit à sortir son infirmière de ses idées noires. Elle l'observait en train de concocté le baume qui, peut être, allait atténuer la douleur lancinante de ses hématomes, car on à beau dire que ça fait parti du processus de guérison, avoir mal à chaque mouvement, même peu, n'est pas franchement une grande partie de plaisir. Alors elle fut on ne peut plus reconnaissante lorsque Clarke étala sur sa peau meurtrie cette pommade.

« Je vois que la dernière pommade n’a pas servi à grand-chose, j’espère que celle va apaiser un peu tes douleurs… »

Pommade dont la fraicheur apaisa presque instantanément les douleurs. Poussant un grand soupir de soulagement, elle adressa un sourire radieux à la soignante qui se tenait près d'elle.

- C'est on ne peut mieux, merci.


Frictionnant ses membres pour faire pénétrer le baume plus vite pour ensuite se rhabiller, elle apprécia l'odeur fraiche et propre de la mixture préparée par Clarke, en plus elle sentait bon, que demandait le peuple...Mais ne souhaitant pas en plus attraper un mal en restant découverte, elle remit ses vêtements, puis remit en place son médaillon. Comme elle pouvait haïr cette chose. Elle la trouvait répugnante, lui rappelant en permanence tout ce qu'elle avait perdu ces derniers mois, et cela avait le don de la mettre dans une de ces rages.  Mais il n'était pas bon de ce mettre dans des états pareils, il n'y avait rien qu'elle puisse faire pour l'instant, si ce n'est se préparer. Et c'est pour cela qu'elle avait mit en place tout ce stratagème aujourd'hui. Puis la voix de Clarke se fit entendre, douce à ses oreilles, la faisant sortir de sa rêverie.


« Et alors… « faire croire à tout le monde », tu étais encore en train de te mettre dans le pétrin toi ! Je me fais du soucis pour toi après !! »

Lila ne put s’empêcher de rire un peu. Cela faisait si longtemps qu'on n'avait clairement signifier son inquiétude pour elle. Cela était agréable, même si Clarke n'avait aucune raison d'être inquiète, d'ou son rire.

Lila prit la main de l'infirmière dans la sienne et la regarda, l'air si sûre d'elle et déterminée.

- Ne vous inquiétez pas, si je suis là, c'est justement pour m'en sortir de ce pétrin.

Elle avait dit cela avec le sourire, rendue heureuse par le simple fait de ce savoir un peu moins vulnérable, un peu plus proche de la sortie de ce cauchemar.

L i l a – « Ne vous inquiétez pas, si je suis là, c'est justement pour m'en sortir de ce pétrin. »

Lila avait prit la main de l'infirmière dans la sienne. Julia ne bougeait pas. Elle n'osait rien faire. La jeune fille en face d'elle était si forte et déterminée... Plus que de l'admiration pour la jeune fille, Clarke se sentait honteuse. Honteuse de son attitude. Depuis qu'elle était devenue infirmière à Poudlard à cause de la Confrérie elle n'avait fait que se replier sur elle-même, se plaindre en secret. Ce n'était pas la première fois qu'elle y réfléchissait mais ça paressait tellement évident à ce moment précis. Ce n'était plus elle qui s'occupait des autres, mais les autres qui devaient sentir une quelconque obligation à son égard.
Lila était venue se faire soigner et c'était finalement elle qui soignait Julia. Du moins son sourire lui avait mis un peu de baume au cœur après deux journées qui semblaient irréelles. L'infirmière répondit à la jeune fille par un sourire avant d'aller chercher dans une petite commode quelques fioles. Lorsqu'elle revint près de la jeune fille celle-ci s'était complètement rhabillée.

C l a r k e – « Prends en soin et prends soin de toi. »

L'infirmière déposa les deux fioles dans le sac de la jeune fille. Le premier flacon semblait être du baume, probablement le même que celui qu'elle avait à peine utilisé sur les hématomes de Lila, tandis que sur le deuxième on pouvait lisiblement voir écrit : « Antidote ».
Julia n'avait pas toujours été du bon côté et elle savait que certaines personnes doutaient d'elle... mais elle espérait que ce n'était pas le cas de Lila. Le fait qu'elle soit là ce jour-là devait sûrement prouver qu'elle avait confiance.
C'était une classe 3 et elle devait clairement rester sur ses gardes... Clarke avait fait un tour au sixième étage et elle n'avait pas aimé ce qu'elle y avait vu. Mais que pouvait-elle y faire ? Elle, une simple infirmière sous couverture ?
C'était les questions qu'elle s'était posée depuis qu'elle était arrivée mais en voyant Lila, une simple élève, classe 3 de surcroît... Lila changeait les choses. Elle n'était pas Gryffondor pour rien...

C l a r k e – « Si un jour tu as besoin de moi... pour quoi que ce soit. Je suis là. »

Elle n'avait plus rien à perdre, depuis hier elle était libre, libre de ne plus avoir d'attaches, de ne plus avoir à se soucier de personne... Elle ne comptait plus, pour personne... Elle ne manquerait plus à personne si elle venait à disparaître. Elle avait déjà manqué à des gens et ils avaient disparus de la circulation... Son bébé, enlevé par la Confrérie de l'Oracle, jamais retrouvé, son mari, mort, pendu.
Maintenant elle pouvait agir sans réfléchir aux conséquences. Maintenant elle pouvait arrêter de se faire soigner et aider réellement les autres. En leur donnant les meilleurs conseils possibles, les meilleurs soins possibles et en étant là pour eux.
Elle savait maintenant pourquoi elle était à Poudlard... Elle était là où elle devait être, là où elle avait toujours appartenu, là où elle s'était toujours senti chez elle. Elle ne serait peut-être plus jamais Julia, pour personne... Mais au moins, ici, elle était Clarke, infirmière... Utile.