[Désolée pour le retard ><]

La journée était plutôt calme. Depuis que les élèves de Poudlard avaient quitté l’école pour rentrer chez eux le temps des vacances scolaires, plus beaucoup de clients venaient. Dean avait pris l’habitude de voir sa boutique vide mais parfois, cela lui pesait. Il remettait en question son choix et se demandait si il ne ferait pas mieux de repartir à Londres, maintenant que le contexte était plus calme. Mais il ne se décidait pas. Il était bien, ici. Sa fille avait enfin repris un rythme normal, elle était adorée par presque tous les commerçants. Ceux-ci la chouchoutaient d’ailleurs – trop, à certains moments – quand elle passait leur rendre visite. A Pré-au-Lard, elle avait de quoi occuper ses journées et elle se trouvait parfois au milieu des adolescents. Certes, ils étaient bien plus âgés qu’elle mais elle avait un contact. Et puis, il serait content de n’être qu’à quelques kilomètres de sa fille quand elle entrerait à Poudlard. Cependant, il y avait des jours, comme aujourd’hui, où, en faisant ses comptes, il réalisait que sa situation financière ne tenait qu’à un fil. Ce n’était pas pour lui plaire. Si il était venu s’installer à Pré-au-Lard quelques mois plus tôt, c’était pour fuir les évènements. Il souhaitait épargner à Erin tous les attentats et tentatives d’assassinats. A l’époque, il se doutait que conserver son commerce serait dur. Les élèves ne sortaient plus avec la même confiance ou alors ils ne pouvaient pas se promener. Il savait donc à quoi s’attendre. Mais maintenant, le souvenir de l’Organisation Secrète commençait à s’éloigner. Ce n’était pas pour autant que les clients revenaient. Peut-être qu’avec la rentrée, tout irait mieux. Arrachant son regard du nombre négatif qui trônait presque fièrement en bas de la page, il poussa un soupir. Il se laissait encore deux mois et après, il serait forcé de repartir à Londres. Cette fois, il n’aurait pas les moyens de se racheter un commerce. Il ne pourrait que se faire employer.

Au même moment, la clochette de la porte tinta, laissant passer une des nombreuses élèves de Poudlard. Elle ne lui lança aucun regard davantage intéressée par les sucreries. Un sourire en coin se dessina sur son visage. C’était l’effet que faisait Honeydukes sur tous ses visiteurs. C’était comme si ils plongeaient dans un autre monde. En respirant l’air sucré, ils se laissaient flotter entre les rayons et bavaient sur les différentes confiseries. Dean avait l’habitude. A chaque fois, il avait un certain sentiment de satisfaction. Après tout, si les clients entraient dans un nouveau monde, cela prouvait qu’il faisait bien son travail, qu’il continuait de vendre du rêve et qu'il perpétrait un monde créé des décennies plus tôt. Oui, c’était ce qu’il avait l’impression de faire : vendre du rêve et du plaisir. Le pouvoir des bonbons était insoupçonné et pourtant, il existait. La jeune fille réapparut au détour d’un rayon, le visage plongé dans des sucreries. Finalement, elle releva la tête avec l’expression de celle qui était prise en flagrant délit. Dean retint un rire. Il avait pris l’habitude qu’elle vienne chez lui. Il en avait même fait sa goûteuse. Voilà une des choses qu’il perdrait en partant. Salut Jordyn ! » « Tiens ! Voilà ce que j’ai trouvé sur la route. Je me suis empêchée de les manger parce que je voulais te les garder ! » Il leva un sourcil interrogateur. Cinq cerises furent déposées sur son comptoir. Il eut un sourire. De petites cerises dont elle s’était privée rien que pour les lui apporter. Il était certain qu’Erin serait aussi gourmande que la jeune fille et les dévorerait en deux secondes. « Je te remercie ! Elles devraient plaire à Erin. » Il commençait à connaitre Jordyn, il mesurait sa générosité. Ce n’était que cinq cerises mais de sa part, c’était bien plus que cela. Il était dommage que ses camarades ne voient en elle qu’une peste alors qu’elle était une fille adorable. Même Erin l’appréciait, si ça, ce n’était pas une preuve de la gentillesse de la Poufsouffle !

« Mais je suis sûr que si tu en manges une de plus, elle ne verra pas la différence. » De toute manière, sa fille était tranquillement entrain de dormir, elle ne saurait donc rien. Comme pour inciter Jordyn à en manger, il en cueillit une sur le comptoir et la mangea. Il comprenait maintenant pourquoi elle avait dû se retenir. Le peu de jus sucré que rejetait la cerise était un délice ! Bien meilleure que celle que l’on trouvait dans le monde moldu où la pollution et les pesticides gâchaient le goût véritable des fruits. « Délicieuse ! Tiens, j’ai moi aussi quelque chose à te faire goûter… » Le goût du bonbon mêlé à celui de la cerise ne serait peut-être pas terrible mais elle était quand même là pour se régaler donc il n’allait pas se priver de lui montrer son tout nouveau produit, expédié de Russie. Il se pencha derrière le comptoir pour y dénicher un carton qu’il posa entre eux. Ils avaient tous les deux la même passion pour ces petites choses non-recommandées pour les dents mais tellement agréables pour le palais. « … Je les ai reçus ce matin. Je t’attendais pour les goûter. » A vrai dire, il en avait déjà mangé une fois, lors d’une visite de confiserie russe et il en avait gardé un souvenir très drôle. C’était le genre de bonbon qui collait et vous empêchait d’articuler une syllabe pendant une demie heure et en plus, il s’agissait de caramel. Il ouvrit le carton et laissa Jordyn découvrir l’intérieur : des centaines de caramels emballés dans un plastique transparent. « [color=darkslategray]Je te conseille de ne pas le manger en entier.[ /color] » A moins d’en avoir déjà vu et goûté, Jordyn ne savait pas dans quoi elle s’embarquait et il préférait la prévenir avant qu’elle n’ait une… drôle de surprise. Il piocha deux bonbons, en donna un à l’élève et commença à déballer le deuxième. A peine croqua-t-il dedans qu’une grimace apparut sur son visage. Impossible de retirer ses dents du caramel. Il tira doucement puis plus fortement. Il ne voulait pas s’arracher une dent mais finir sa vie avec la bouche collée ne lui plaisait pas davantage.

« ’Crois chuis collé. » Il était tout de même bien heureux que Erin n’ait pas touché à ces caramels, elle aurait eu une sacrée surprise et il s’en serait voulu. Il reposa le morceau qui lui restait et l’emballage pour se concentrer pleinement sur le caramel qu’il tentait de détacher du bout de la langue. Réalisant que Jordyn était dans la même situation, il tenta de rire mais ne produisit qu’un bruit bizarre. « ’vais perdre des dents. » Fidèles à son souvenir, ces caramels super collants n’avaient pas perdu de leur collants. Dean était même tenté de dire qu’ils étaient, au contraire, devenu bien plus collants avec les années.

Candies are in the air.

Quand Dean leva un sourcil interrogateur en voyant les cinq pauvres cerises que la jeune fille avait déposé sur son comptoir, elle se demanda s'il la prenait pour une égoïste demeurée qu'elle était probablement, vu qu'elle avait mangé le reste des cerises. Cependant, elle-même savait qu'elle en avait gardé un maximum pour Dean, et pour l'adorable Erin qu'était sa fille. Jordyn adorait cette petite, avec qui elle s'amusait beaucoup quand elle était là, à qui elle aimait donner des conseils pour le futur à cette gamine qu'elle considérait en fait, bien au fond d'elle, comme la petite soeur qu'elle avait toujours rêvé d'avoir. Où était-elle aujourd'hui, d'ailleurs? Oh il était à peu près quinze heures, d'après l'horloge suspendue au-dessus de la tête du propriétaire du magasin, et elle devait probablement faire une sieste, comme tous les enfants de son âge. Son père devait remplir son rôle fabuleusement, il semblait être un papa qui la chouchoutait. Qui ne voudrait pas chouchouter cette adorable petite fille? Franchement. « Je te remercie ! Elles devraient plaire à Erin. » Quelle joie! Il les partagerait avec elle! C'était bien l'intention de la jeune Poufsouffle lorsqu'elle les avait cueilli. Pour Dean & Erin. Rapidement, le marchand en proposa une de plus à la brunette, mais cette dernière remua la tête en signe de négation. Elle voulait bel et bien offrir ce qu'il restait de sa petite cueillette à ces deux personnes qu'elle appréciait énormément. C'était un bien maigre geste, mais comme on disait toujours, c'est l'intention qui compte. Quand le jeune père en mangea une et la qualifia de délicieuse, elle acquiesça, puisqu'elle les avait elle-même trouvé à son goût: juteuse, sucrées, fruitées. Un vrai délice qui pouvait changer la journée de quelqu'un qui appréciait ce que lui offrait la nature dans sa plus simple forme.

« Tiens, j’ai moi aussi quelque chose à te faire goûter… » Impatiente, ses yeux s'écarquillèrent. Elle savait ce que Dean lui réservait. Il avait probablement reçu de nouvelles friandises qu'il voulait lui faire tester et approuver, afin de les mettre dans son magasin pour pouvoir les vendre. Même si elle était très critique, la préfète était aussi une des personnes les plus gourmandes que quiconque pouvait connaître, et elle désapprouvait rarement une nouvelle sucrerie. Cliente la plus fidèle de la confiserie, elle avait aujourd'hui le privilège de tester avant qui que ce soit les nouveaux produits, ou d'approuver ou non les hésitations de son propriétaire sur le fait de mettre en vente telle ou telle nouvelle gourmandise. Elle adorait ce statut, aimait faire partie de ces décisions, même si son vote n'avait probablement pas énormément d'importance, et se demandait de plus en plus si elle ne se voyait pas, dans un avenir plus ou moins proche, tenir cette entreprise avec Dean, lui donner un coup de main, être une vendeuse à ses côtés. Elle aimait tellement l'odeur qui l'enveloppait quand elle entrait dans la petit bâtisse, et qui ne quittait ses vêtements qu'une fois lavés. Elle aimait de tout coeur la fille du propriétaire, aimait passer du temps à la coiffer, jouer avec elle, se sentir comme une gamine à nouveau. Elle appréciait énormément le jeune père aussi, avec qui elle aimait discuter et elle lui était reconnaissante de la confiance qu'il lui accordait. Bref, ici, elle était dans son univers, et n'arrêtait jamais de sourire. « … Je les ai reçus ce matin. Je t’attendais pour les goûter. » Il ouvrit un carton, et laissa les yeux de la Jordyn hypnotisée par tant de bonbons envahir cette boîte remplie de caramels gros comme les cerises qu'elle avait apporté, emballé dans de jolis papiers transparents. Semblant trop simple, elle se demanda s'ils avaient quelque chose de magique ou s'ils étaient juste d'ennuyeuses friandises dénuées de toute surprise lorsqu'on les mettait en bouche.

« Je te conseille de ne pas le manger en entier. » Les yeux plissés, le front ridés par un froncement de sourcils, la jeune élève ne comprenait pas vraiment pourquoi un si petit caramel pouvait faire autant de dégâts, mais elle suivit son conseil. Après avoir sortie la gourmandise de son enveloppe protectrice, elle croqua dans celle-ci, et commença à mâcher. Chose qui devint de plus en plus ardue au fil des milli-secondes. Ce qu'elle avait dans la bouche était, à sa plus grande satisfaction, en effet magique, et donc, pas ennuyeux du tout. Elle essaya de transmettre ses pensées au vendeur, mais il lui était même difficilement d'ouvrir la bouche pour articuler quoique ce soit. Après de gros efforts, et des moments de torture pour ses petites mâchoires, la jeune fille avait la bouche ouverte, mais Dean parlait déjà, lui aussi embourbé par la sucrerie magique: « ’Crois chuis collé. », puis, après une tentative effrayante de rire, il prononça ces quelques mots: « ’vais perdre des dents. » Amusée, Jordyn couvrit sa bouche d'une main, et tenta de ne pas reproduire le bruit bizarre que la propriétaire du magasin avait laissé sortir de sa bouche, mais elle ne faisait pas mieux. Elle rigolait la bouche fermée, ce qui montrait très bien qu'un handicap quelconque l'empêchait de rire comme elle le voulait. Amusée par ses propres difficultés, elle en rigolait d'autant plus, et eut besoin de quelques secondes pour calmer et essayer d'attraper la matière gluante qui lui empêchait d'ouvrir la bouche et d'articuler correctement quoique ce soit de compréhensible. Elle entreprit de sortir le plus gros, afin de le reposer son emballage d'origine, mais se vit bien obligée de finir ce qui restait collé à ses dents blanches, ne pouvant s'empêcher de sourire, puis d'éclater de rire à nouveau, lorsqu'elle prononça ces quelques paroles qui la firent exploser:

« Chi quelqu'un renkre 'ans le magajin, i' va nous prengre pour des gemeurés. »

En moins de deux après cette phrase, Jordyn était incapable de se calmer, trop prise par ce fou rire qu'elle n'avait visiblement plus la moindre chance d'arrêter. C'en était fini d'elle.

Fiche (c) Espe

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