Temps gris amène à la tristesse

Quitte à déprimer, autant rester à la maison...

De la pluie, de la pluie et encore de la pluie. Tu regardes par la fenêtre, te disant que non, définitivement, tu n'as pas envie de sortir de ton petit chez toi. L'appartement a beau ne pas être très confortable, et être bruyant, tu y es sans nul doute bien mieux que dehors. L'espace d'un instant, tu te prends à regretter ton séjour en France où, au moins, le temps était plus clément, et la température, aussi... Mais la pluie n'est pas la seule raison qui fait que tu n'as pas la moindre envie de sortir: Halloween arrive, et avec lui, son lot de fantômes en mal de reconnaissance. Ceux qui sortaient ce jour-là étaient clairement à la recherche de médium car ils ne pouvaient parler avec personne en dehors d'autres fantômes. Pourtant, tu ne peux pas te contenter de rester chez toi pendant plusieurs jours: ton fantôme personnel est déjà entrain de te rendre folle... "Kathou! Kathou! Viens dehors! J'ai envie de sauter dans les flaques!!" Tu le regardes, avec un air de profond ennui sur le visage, mêlé de pitié. "Tim... Tu ne sens plus l'eau depuis longtemps, tu es mort..." "Mais quelle rabat-joie tu fais, Kathie!" Cette fois, tu lèves les yeux au ciel et retourne dans ta chambre en claquant la porte. Mais c'est sans compter sur la persévérance de ton colocataire qui passe la tête à travers la porte en te faisant pousser un cri. Tu as horreur de ça, et il le sait c'est bien pour ça qu'il le fait. "Tu m'emmerdes, Tim, tu le sais, ça?" "Je sais... Et tu sais que j'adore ça... Allez Kath! Viens! On s'ennuie ici!" Tu le sais, tu n'as pas le choix, il te faut obtempérer, à ton grand regret. "Laisse-moi m'habiller, alors... Car je ne sortirai certainement pas en pyjama..." Il te sourit, satisfait d'avoir gagné. Il est pire qu'un gamin, songes-tu, dépitée. Parfois, tu te dis vraiment qu'il est pire qu'un gamin de trois ans et tu regrettes que le hasard l'ait mis sur ta route. D'autres fois, tu te demandes ce que tu ferais s'il n'était plus avec toi pour te tenir la main et te forcer à affronter ce que tu es.

Cesserai-je un jour d'avoir besoin de lui? songes-tu encore en te mettant face à la glace. Tu regardes ton "pyjama", un bas de jogging et un débardeur. Tu pourrais très bien sortir ainsi, mais vu le temps... Et puis mince! c'est la tenue dans laquelle tu dors! Tu secoues la tête alors que tu commences à les enlever avant de te tourner vers ton placard. Maintenant que tu as décidé de sortir, tu sais que Time ne reviendra pas mettre son nez dans ta chambre. Tu t'habilles pourtant rapidement d'un jean, d'un tee-shirt, d'un pull à capuche avant d'enfiler une paire de basket. Tu t'attaches rapidement les cheveux en une queue de cheval haute, presque comme si tu voulais partir faire un jogging, ce qui n'est clairement pas le cas. Après avoir enfilé une veste en jean, tu sors de ta chambre sous les hourra de ton fantôme qui traverse rapidement la porte d'entrée. Comme d'habitude, tu ne peux t'empêcher de frémir. Tu ne t'habitueras jamais à tout ça, tu en es persuadée.

Tu sors pourtant à la suite de Tim et tu le suis dans les escaliers, puis jusque dans la rue, où tu rabats ta capuche sur ta tête. Tu regardes, presque attendrie malgré ton agacement, le seul fantôme qui ne t'effraye jamais, sauter dans les flaques sans provoquer une seule éclaboussure. Tu as presque de la peine pour lui en voyant les gouttes d'eau le traverser. "Tu voulais sortir... Promenons-nous, au moins..." lui dis-tu, profitant que la rue soit déserte pour lui parler. Il fait partie de ces fantômes que seuls les mediums peuvent voir. Il se retourne vers toi, triomphant avant d'éclater de rire et de partir en courant, t'obligeant à faire de même pour lui suivre. Heureusement que tu as mis tes baskets... Tu le suis jusqu'au cimetière et t'arrêtes devant l'entrée. "Non... Non, c'est HORS DE QUESTION" lances-tu à ton fantôme qui ne t'écoute pas. Maudit soit-il... Tu fais demi-tour, alors qu'il te traite de froussarde. Au bout d'un moment, tu finis par craquer et tu ouvres le portail qui grince, mais Tim est à présent hors de vue et toi dans le cimetière. Et merde...

Temps gris amène à la tristesse

Quitte à déprimer, autant rester à la maison...

Et merde... C'est le cas de le dire. Tu pestes intérieurement alors que tu resserres les pans de ta veste sur toi. Il fait froid, tu es déjà trempée jusqu'aux os, et, en plus, tu es dans un cimetière, cible facile pour tous les fantômes des environs en mal de contact avec un être vivant. Maudit sois-tu, Tim, espèce de fantôme de malheur... songes-tu en évitant une large flaque d'eau. Tu relèves la tête pour essayer de l'apercevoir plus loin, mais, pour l'instant, rien. Tu n'as pas d'autre choix que d'arpenter cet endroit de malheur. Soudain, un fantôme surgit juste devant toi en sortant du sol. Tu pousses un petit cri de surprise mêlée de terreur et recule d'un pas. "Tu peux me voir, vrai, tu peux me voir? Hey les gars, elle peut nous voir!" De nouveau, tu maudits Tim alors que quatre ou cinq fantômes ne tardent pas à t'entourer. Allez Kath... Ils ne peuvent rien contre toi... Avance comme si de rien n'était. Ne fais pas attention à eux... Tu te forces à avancer, tremblant comme une feuille alors qu'ils tendent leurs mains spectrales et blafardes vers toi. Elles ont beau te traverser, être sans consistance, tu as l'impression qu'elles essayent de t'arracher les organes pour te retenir auprès d'eux. Des larmes silencieuses roulent sur tes joues. Tu as toujours eu une sainte horreur des cimetières, et ce n'est pas pour rien. Tu ne supportes pas de te faire sauter dessus comme ça ou de te faire traverser par les spectres.

Tu n'as qu'une envie, faire demi-tour, mais tu refuses de donner la victoire à Tim. C'est hors de question. D'ailleurs, en parlant de lui, une fois arrivée sur la butte, tu finis par l'apercevoir qui se rapproche de quelqu'un debout près d'une tombe. De là où tu es, tu peux déjà deviner qu'il s'agit d'un fantôme. Ne seras-tu donc jamais débarrassée de ces morts qui refusent de le rester? Visiblement pas. Tu t'approches des deux garçons et t'adresse d'abord à ton colocataire comme si l'autre n'était pas là. "Tim espèce de salopard! Si tu n'étais pas déjà mort, je te jure que je te tuerais pour ce que tu me forces à endurer!!" lâches-tu d'une voix pleine de hargne. -Salut. "Salut" réponds-tu au nouveau venu avant de reporter ton regard qui lance des éclairs sur ton fantôme de compagnie. "Ok, ok, ok... j'ai compris" répond-t-il à la manière d'un personnage d'un vieux film d'action américain. Tim se tourne ensuite vers son collègue fantôme, semblant penser qu'il vaut mieux pour lui faire profil bas te concernant pour le moment: "Et sinon, toi, tu racontes quoi?" -Ouais je suis mort, enterré dans un putain de cimetière, dans une putain de tombe. Pour un peu, tu en éclaterais de rire devant la façon dont Tim se fait renvoyer dans ses pénates par l'autre fantôme dont tu lis le nom sur la tombe. "Hey! Calmos! C'est pas si mal d'être mort! On peut aller partout! On peut même jouer au voyeur avec les gens qui nous voient pas!" "Tim! Ca suffit!" "Bon... Sauf avec elle... Elle nous voit tous..." De nouveau, tu le foudroies du regard et il tombe à la renverse, sans faire une seule éclaboussure, comme si tu l'avais tué simplement en le regardant. Si seulement ça pouvait être aussi facile de me débarrasser de lui...

-Tu va bien sinon ? Tu lèves les yeux au ciel quand le fameux Diego dont du as lu le nom sur la stèle continue de s'adresser à Tim comme s'il était l'être le plus important du monde et que toi, pour le coup, tu étais invisible. Cela te fait des vacances, pour le coup, et ce n'est pas si mal d'un certain côté. "Un peu mon n'veu! T'imagine même pas comment c'est trop cool d'être mort et de pouvoir aller n'importe où! T'es mort depuis combien de temps? PAs longtemps à en juger par ta colère... Moi, ça fait 15 ans... Et franchement, c'est trop bien! En plus, comme seuls les mediums me voient, je..." "Tim, ta gueule..." le coupes-tu.

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Quitte à déprimer, autant rester à la maison...

-Moi tout le monde peut me voir. Mais je ne savais pas qu'il y avait des fantômes invisibles aux yeux des hommes tu m'apprend un truc en tout cas. "Ouah! Toutes mes condoléances, Bro'! Tu peux pas faire c'que tu veux, du coup! C'est balot!" balance Tim en tapant une claque compatissante sur l'épaule de son comparse fantôme à ton grand dam. "N'empêche, des fois, j'aimerais bien que d'autres me voient, aussi... Kathou se sentirait sans doute moins folle à lier!" Sur ces mots, ton fantôme éclate de rire en te regardant et toi, sentant bouillir le sang dans tes veines, tu lui balances un coup de poing qui lui traverse le ventre. "Par contre, le truc trop cool quand t'es mort, c'est que tu sens rien... Elle peut me frapper autant que je veux, j'ai pas mal...""Je te hais, Tim... Je ne peux peut-être pas te faire de mal physiquement, en tout cas, je sais comment blesser ton amour propre..."

Le deuxième fantôme t'apporte cependant une récréation bienvenue en s'intéressant enfin à toi. Cela détournera peut-être l'attention de Tim, non? -Moi tout le monde peut me voir. Même que je suis l'ange gardien des élèves de Poudlard et sans moi le meilleur esprit de cette école, le concierge les auraient attrapés. Je ne fais pas partit de ces esprits que seuls les médiums peuvent voir. Et je vais te dire c'est très bien comme ça. D'ailleurs je ne savais même pas que ça existait des défunts comme cela. "Le cimetière est plein d'esprits comme cela..." marmonnes-tu en guise de réponse. Comme un fait exprès, alors que le jeune fantôme de Poudlard te demande si tu vas bien, les esprits que tu as réussi à ignorer un peu plus tôt ramènent leur fraise à ta recherche. Tu as beau leur tourner le dos, tu les entends très bien et ton visage montre sans aucun doute à quel point tu n'as aucune envie de les voir... Surtout celui dont les viscères sortent... A côté, quand Nick quasi-sans-tête penche la tête sur le côté, c'est tout à fait propre... "Ca ne te ferait rien qu'on continue à papoter hors du cimetière?" demandes-tu en insistant sur la localisation. "Ceux qui se pointent, seuls les médiums - et les autres fantômes - peuvent les voir. Et j'ai pas vraiment envie de tailler une bavette avec eux..." Cette idée t'arrache un frisson et, sans même attendre la réponse de tes deux compagnons du moment, tu prends une grande inspiration pour plaquer sur ton visage un masque de neutralité, et tu te retournes pour passer à travers les quelques esprits qui viennent vers vous. Je déteste être médium, je déteste être médium, je déteste être médium...

Au moment, d'ailleurs, où tu traverses celui qui a les boyaux à l'air, tu es assaillie par une vision de sa mort. Dans le genre gore, on ne fait pas mieux. Tu retiens difficilement la nausée qui t'envahit et dois te mettre à courir pour mettre le plus de distance possible entre eux et toi. Tim et Diego te suivront-ils? Aucune idée et, pour le moment, c'est bien le cadet de tes soucis...

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Quitte à déprimer, autant rester à la maison...

-Dis tu pourrais lui causer mieux que cela à cet esprit ? Non parce que ça commence sérieusement a me gonflé là ! Franchement, un peu plus de civilité ça irait. Le fin duvet qui couvre ta nuque se hérisse à la réflexion du fantôme du cimetière, mais tu ne relèves pas, occupée que tu es à surveiller l'approche des autres. Tu veux partir de là et, après l'avoir dit rapidement, tu t'exécutes, cherchant à mettre le plus de distance possible entre toi et les morts. Tim, resté avec Diego explique: "Faut pas lui en vouloir... C'est sa façon de m'exprimer son affection... Je suis un peu son grand frère, je pense... Elle n'a pas eu une enfance facile. Quand son père, un moldu, a compris ce qu'elle était, il a eu peur et l'a fait enfermer dans un hôpital psy. Elle a été diagnostiqué schizo, alors qu'elle est juste medium..." Heureusement que tu n'as pas entendu les propos de Tim, sinon, sans nul doute aurais-tu piqué une nouvelle colère, n'en déplaise à Diego. C'est ta vie. Personne n'a a la découvrir ainsi. Mais tu ne sais rien. Tu viens de traverser le fantôme aux boyaux sortant de son ventre, et la vision de sa mort qui l'a accompagnée est tout proprement révulsante. Tu retiens péniblement le haut-le-coeur qui t'envahit, parvenant à atteindre la sortie du cimetière. Depuis le temps, tu devrais pourtant être habituée à ce genre de vision, mais non, tu ne l'es toujours pas.

-Si c'est la façon dont je suis mort que tu veux savoir, je vais te répondre derechef ma jolie de te mêler de ce qui te regarde. Je ne dirais rien et de toute manière ce n'est pas tes oignons. Voilà, j'espère que c'est bien clair parce que j'en aie marre de me répéter tout le temps, c'est agaçant.. Tu ne les as même pas entendus arriver près de toi. Et pour cause, ce sont des fantômes. En conséquence, ils lévitent. Ils ne marchent pas et ne font donc pas de bruit. Tu sursautes, comme de bien entendu. Néanmoins, le dégoût qui s'est emparé de toi en traversant l'autre fantôme te fait réagir de façon assez dure à l'encontre de Diego: "Tant mieux! Je ne veux pas le savoir, de quoi tu es mort. Si je le voulais, il me suffirait de te traverser. Car c'est ce qu'il se passe quand je traverse entièrement un fantôme. Je vois les causes de sa mort. Surtout lorsqu'elles sont violentes, comme celles du type aux boyaux à l'air, là bas... Je n'ai jamais vu la cause de la mort de Tim, et ça me va très bien comme ça. Je sais ce qu'il m'a dit, et ça me suffit. Je ne suis pas une nécrophile. Je ne suis pas passionnée par là mort, bien au contraire. Elle me révulse. Me donne envie de vomir. Mais c'est mon lot quotidien, et je dois faire avec. Alors tu trouves peut-être que je réagi fort avec Tim, mais crois-moi... Au bout de 15 ans à être la seule personne qui voit un fantôme, à vivre avec ce fantôme, tu finis par lui parler avec familiarité. Et même, parfois, à dire des trucs que tu dirais à un être vivant."

Sur ces mots, tu te tais et te forces à reprendre ton souffle pour essayer d'oublier cette horreur que tu vois dès que tu clignes des yeux. Te voilà bien partie pour faire encore beaucoup de cauchemars... -Sinon je t'ai déjà aperçu de mon vivant à Poudlard. "Ouais... Sans doute. Sans doute que moi aussi. J'en sais rien. Peut-être." maugrées-tu, incertaine d'avoir envie d'être sympathique avec lui. "Moi, je me souviens bien de toi, par contre..." rebondit Tim.